Mois de la vessie: quels nouveaux traitements pour le cancer ? Istock
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La France est toujours à la peine du côté de la prévention du cancer de la vessie et le nombre de nouveaux malades continue d’augmenter. “Le cancer de la vessie, c’est quand même 16 000 nouveaux patients par an, en majorité après 60 ans, et les femmes ne sont pas épargnées”, déplore le Pr Yann Neuzillet onco-urologue à l'hôpital Foch et secrétaire général de l’Association Française d’Urologie (AFU) qui regrette que les premiers signes d’un cancer de la vessie (urines dans le sang) ne mènent pas systématiquement à une consultation et que le facteur principal de risque (tabac) ne soit suffisamment connu.

Heureusement, dans le même temps, les progrès du côté des traitements ont été fulgurants ce qui explique que le pronostic de ce cancer s’est nettement amélioré ces dernières années. Les toutes nouvelles découvertes, présentées à l’occasion du dernier congrès de l’European Society for Medical Oncology (ESMO) qui s’est tenu en septembre 2023, pourraient même être accessibles dès cette année.

L’arrivée des immunothérapies : une révolution en cas de métastases

On connaît ces traitements depuis la fin des années 2010 et l’immunothérapie a décroché le Nobel en 2018, précise le Pr Yann Neuzillet. Malheureusement, en France, ces médicaments ont obtenu une Autorisation de Mise sur les Marché (ou AMM, indispensable pour la délivrance des médicaments, NDLR) tardive et on ne peut les proposer que depuis 2019. Pour autant, les résultats sont très satisfaisants, le taux de réponse des patients à ces médicaments grimpent jusqu’à 20 ou 22% pour les stades avancés.

L’immunothérapie se distingue de la chimiothérapie car elle “réveille” le système immunitaire contre le cancer. Elle est aujourd’hui proposée après les traitements par chimiothérapie et fait partie intégrante des protocoles de soins. “Avant l'arrivée de l’immunothérapie, on n’avait malheureusement peu d’espoir pour les patients présentant un cancer de la vessie à un stade avancé, explique notre urologue. Aujourd’hui l’immunothérapie couplée à la chimiothérapie est la référence en cas de métastases, avec des chances de réussite réelles.

Des protocoles modifiés pour les cancers aux stades précoces

Les immunothérapies (en particulier les inhibiteurs du checkpoint immun ciblant PD-1) ont changé le pronostic des cancers métastatiques, comme dit plus haut. Mais qu’en est-il des cancers diagnostiqués plus tôt? Jusque là, ces traitements étaient uniquement réservés aux cas les plus critiques, ce n’est plus le cas aujourd’hui. “Durant l'année écoulée, le développement de leur utilisation à des phases plus précoces de la maladie a permis d'obtenir la démonstration d'un bénéfice d'une prescription en situation adjuvante, c'est-à-dire dans les tout premiers mois après la chirurgie (cystectomie) pour traiter les cancers à haut risque de récidive”, note le Pr Neuzillet.

Une excellente nouvelle, d’autant que le taux de réponse des malades à ces nouvelles molécules est très bon: jusqu’à 40% dans les stades les plus précoces de la maladie.

Des anticorps qui ciblent les cellules cancéreuses en première ligne?

Parallèlement aux immunothérapies, une autre catégorie de médicaments présente un intérêt. Ce sont des anticorps qui ciblent spécifiquement des cellules cancéreuses (on les appelle Anticorps Drogue Conjugués ou ADC), contrairement aux chimiothérapies qui attaquent de la même façon toutes les cellules, cancéreuses et saines. “Ces médicaments étaient jusque-là proposés en troisième ligne, c'est-à-dire après toutes les autres possibilités en cas de cancer inopérable ou métastatique, constate encore le Pr Neuzillet, mais les dernières études montrent qu’en association avec l’immunothérapie, cette ADC peut réduire de moitié le risque de décès des patients nouvellement diagnostiqués à un stade localement avancé ou métastatique.”

Notre médecin espère pouvoir obtenir l’autorisation de l’Etat d’utiliser ce protocole en première intention dans les prochains mois.

Sources

Interview  Pr Yann Neuzillet onco-urologue à l'hôpital Foch et secrétaire général de l’Association Française d’Urologie (AFU).

Communiqué de presse AFU Mois de la vessie. 

ESMO 2023

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