Le microbiome intestinal inclut l’ensemble des micro-organismes qui se trouvent dans le système digestif. Ce dernier abrite un ensemble de bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes : ils constituent notre microbiome intestinal. Déjà associé à de nombreuses maladies, comme la dépression ou la sclérose en plaque, le microbiome semble aussi jouer un rôle déterminant dans la propagation du cancer du sein. Une nouvelle étude, menée sur des souris et parue récemment, démontre qu’en perturbant le microbiome intestinal, on favorise la propagation de métastases.
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Microbiote : ces bactéries qui nous protègentPour les besoins de l’étude, des antibiotiques ont été administré aux souris de manière à perturber volontairement le microbiome. L’idée était de tester la propagation des cellules cancéreuses.
Une inflammation du tissu mammaire provoquée par les antibiotiques
"Nous avons identifié la dysbiose commensale (terme désignant un déséquilibre du microbiome intestinal, ndlr) comme un facteur intrinsèque de la dissémination métastatique, partagent les scientifiques. Nous démontrons qu’une perturbation du microbiome se traduit par une augmentation des cellules tumorales circulantes et une dissémination ultérieure vers les ganglions lymphatiques et les poumons, drainant la tumeur".
Les antibiotiques ont provoqué une inflammation du tissu mammaire. Dans cet environnement enflammé, les cellules tumorales étaient beaucoup plus susceptibles de se multiplier dans le sang et dans les poumons. "Cela constitue un terrain propice à la dissémination de métastases lors d’un cancer du sein", précise Melanie Rutkowski, du Département de microbiologie, immunologie et biologie du cancer, au média Forbes.
"Cette étude identifie la dysbiose comme un régulateur préexistant de la dissémination de cellule tumorales dans le cancer du sein", concluent les chercheurs.
Une prochaine étude sur des humains
S’il s’avère qu’une perturbation du microbiome favorise réellement la propagation des cellules cancéreuses, on peut espérer qu’il sera un jour possible de l’influer pour réduire le risque de métastases. "Si ces résultats se traduisaient pour les patients humains, il faudrait alors caractériser de manière détaillée les communautés microbiennes associées à la dysbiose et passer à des études fonctionnelles afin de déterminer en quoi le microbiome peut contribuer aux métastases", estime Susan Bullman, membre du Centre de recherches sur le cancer.
En effet, si les bactéries du système digestif jouent un rôle sur la progression du cancer, elles deviennent alors des potentielles nouvelles cibles de traitements. Certains essais cliniques sont déjà en cours en Espagne. Melanie Rutkowski, de son côté, prévoit une étude humaine, afin de valider les premiers résultats des tests menés sur les souris.
Pre-existing commensal dysbiosis is a host-intrinsic regulator of tissue inflammation and tumor cell dissemination in hormone receptor-positive breast cancer, American Association for cancer research, mai 2019
Disrupted Gut Microbiome Promotes Breast Cancer Spread In Mice, Forbes, 11 juin 2019
Microbiote intestinal (flore intestinale), Inserm
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