Pollution et cancer du sein sont-ils vraiment liés ? Une nouvelle étude française vient de souligner l’impact de la pollution de l’air sur la survenue des cancers du sein. En effet, on apprend que l’exposition à cinq polluants de l’air semble bel et bien associée à un risque accru de cancers du sein. Il s’agit de la première étude de grande envergure réalisée sur 22 ans qui analyse dans le détail l’effet respectif de 8 polluants sur le risque de cancer du sein.
Elle révèle par exemple que jusqu’à 9 % des cancers du sein pourraient être évités en France, si les femmes étaient exposées à des taux de dioxyde d’azote inférieurs au seuil actuel recommandé par l’OMS. Les résultats de l’étude Xenair, conduite par le Centre Léon-Bérard (CLB) et le Centre de lutte contre le cancer de Lyon et Rhône-Alpes, avec le financement de la Fondation ARC, a été révélé à la presse le 3 octobre, après avoir été présentées en août 2021 au congrès de l’International Society for Environmental Epidemiology (ISEE), à New York.
Cancer du sein : ces 5 polluants atmosphériques sont un danger
En pratique, les chercheurs ont constitué une étude cas-témoins nichée composée de 5222 cas de cancer du sein (diagnostiqués entre 1990 et 2011) et 5222 témoins appariés (indemnes de cancers du sein au diagnostic du cas). Ainsi pour chaque polluant, des expositions moyennes et cumulées ont été estimées pour chaque femme, à l’aide de modèles spécifiques pour chaque polluant, de son inclusion à la date de diagnostic de son cancer en fonction de ses lieux d’habitations.
Après avoir analysé les niveaux de pollution de l’air dans l’Hexagone, les chercheurs ont découvert que 5 polluants atmosphériques étaient associés à une augmentation du cancer du sein. Les scientifiques ont en effet démontré un lien entre "l’exposition chronique à faible dose" à ces polluants et le risque de développer un cancer du sein. Il s’agit notamment du dioxyde d’azote, émis principalement par les gaz d’échappement des véhicules, des particules PM10 produites par le chauffage ou le transport routier et du Benzo[a]pyrène que l’on retrouve dans l'environnement des raffineries de pétrole, la fumée de cigarette ou lors de la combustion de tous les combustibles fossiles.
Retrouvez dans le détail les pourcentages de risques en fonction de ces 5 polluants :
- Dioxyde d’azote (NO2) : une augmentation de 17,8 µg/m3 d’exposition est associée à une augmentation statistiquement significative d’environ 9 % du risque de cancer du sein
- Particule (PM10) : une augmentation de 10 µg/m3 d’exposition est associée à une augmentation à la limite de la significativité statistique d’environ 8 %
- Particule (PM2.5) : une augmentation de 10 µg/m3 d’exposition est associée à augmentation à la limite de la significativité statistique d’environ 13 %
- Benzo[a]pyrène (BaP) : une augmentation de 1,42 ng/m3 d’exposition est associée à une augmentation statistiquement significative d’environ 15 % du risque de cancer du sein
- Polychlorobiphényles (PCB153) : une augmentation de 55 pg/m3 d’exposition est associée à une augmentation statistiquement significative d’environ 19 % du risque de cancer du sein
Cancer du sein : 9% auraient pu être évités en réduisant le dioxyde d'azote
En conclusion, les résultats de l’étude Xenair indiquent qu’une amélioration de la qualité de l’air serait un levier pour contribuer à la prévention du cancer du sein. Ainsi, en prenant comme référence les seuils de référence de l’Europe pour le dioxyde d'azote NO2 (de 40 µg/m3), 1 % des cancers du sein de la population Xenair auraient pu être évités. En revanche, avec des niveaux d’exposition conformes aux recommandations de l’OMS de 2021, de 10 µg/m3 pour les NO2, près de 9 % des cancers du sein de la population respectivement auraient été évités.
Cancer du sein : améliorer la qualité de l’air participerait à la prévention
Comme le rappelle le communiqué du centre de lutte contre le cancer Léon-Bérard, ces conclusions suggèrent que "la réduction des concentrations des polluants de l’air en France a le potentiel de contribuer à la prévention du cancer du sein". Cet investissement est essentiel pour prévenir la maladie et pourrait être compensé par les économies en matière de traitement, de prise en charge, et de coût pour la société par les cancers évités, mais aussi les autres maladies telles que les crises cardiaques. Un précédente étude de l'Inserm de mars 2022 avait déjà démontré l'impact de la pollution de l'air sur les performances cognitives.
Pour rappel, l’Agence européenne pour l’environnement a publié des données inédites en juin dernier et révélé que la pollution, sous toutes ses formes, est aujourd'hui responsable de 10% des cancers en Europe. "L’exposition à la pollution de l’ai r, au tabagisme passif, aux rayons ultraviolets, à l’amiante, à certains produits chimiques et à d’autres polluants sont à l’origine de plus de 10% des cas de cancer en Europe", alerte l’Agence européenne pour l’environnement (AEE). Elle précise que "la bonne nouvelle est que ces risques peuvent être évités". "Chaque année en Europe, on estime que plus de 250 000 décès sont liés à un cancer d’origine environnementale", dénonce Stella Kyriakides, commissaire européenne à la santé et à la sécurité alimentaire. Selon elle, "il vaut toujours mieux prévenir que guérir et, dans le cadre du plan européen pour vaincre le cancer", elle assure que la Commission européenne s'est "fermement engagée à réduire les contaminants dans les eaux, le sol et l’air". Le plan proposé est de réduire les pesticides de 50 % d’ici à 2030 en Europe.
Xenair : des liens mis en évidence entre cancer du sein et exposition à des polluants atmosphériques, communiqué de presse du centre de lutte contre la prévention contre le cancer Léon-Bérard.
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