“Quand on a eu un cancer, on ne revient pas comme avant, on change. On se pose aussi beaucoup de questions, par exemple : ‘est-ce que je vais être capable d’être concentrée et de faire mon travail aussi bien qu’avant ?’. En effet, les séances de chimiothérapie ont tendance à attaquer le cerveau et la concentration ! On appréhende également les questions des collègues… Après un cancer du sein, la reprise de la vie quotidienne et la reprise du travail est une sacrée étape après le cancer dont on parle peu finalement.”
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“Personnellement, étant juriste au moment où j’ai été diagnostiquée, je ne me suis pas trop posée de questions au début. Mais, après cette épreuve, je me suis rendue compte que je ne serai plus capable de bien faire mon travail aussi bien qu’avant car je traitais dès lors de problèmes que je jugeais maintenant futiles. Je me suis donc entretenue avec mon employeur et nous avons décidé de rompre mon contrat. Je conseille aux personnes qui traversent le cancer d’en “profiter” pour se poser les bonnes questions sur leur avenir professionnel et personnel. Cela peut prendre la forme d’un congé individuel de formation par exemple, d’une demande de disposition ou de se renseigner pour devenir entrepreneur.”
Reprise du travail après un cancer : la demande de RQTH
“Quand la reprise du travail se profile, il me semble essentiel de faire une demande de mi-temps thérapeutique car on souffre encore beaucoup de fatigue, même après la fin des traitements. On y a droit après une maladie longue durée. Je conseille également de se faire reconnaître travailleur adulte handicapé (dossier RQTH) car cela permet d’ouvrir des portes sur des formations et des aménagements de postes. Grâce au plan cancer, des formations ETP sont proposées dans les centres de soins pour évoquer, entre autres, les problèmes professionnels rencontrés lors de la reprise du travail. Ces ateliers permettent aussi d’aborder les droits des patients. Heureusement, de plus en plus d’entreprises prennent conscience de tout cela, notamment grâce à des associations comme Cancer@work qui sensibilisent les entreprises pour accueillir au mieux un collègue qui a été touché par la maladie.”
L’après cancer, une période de réappropriation
“L’accompagnement psychologique des patients est très important car on ressent souvent des choses de l’ordre du syndrome post-traumatique. On a tendance à penser au cancer tous les jours, du matin au soir, on a de véritables blessures, visibles et invisibles. Se réapproprier son corps est également une étape essentielle mais qui peut être longue. De mon côté, je me suis mise au yoga, j’ai repris une activité sportive, j’ai modifié mes habitudes alimentaires. Le corps doit se reconstruire pas à pas. Continuer ou commencer à prendre soin de soi devient capital. Tous les matins, mes cicatrices me rappellent que j’ai été malade, je m’en souviendrai toute ma vie mais cela ne m’a pas empêché de rebondir à mon rythme, sans oublier que chacun fait comme il peut dans son processus personnel de reconstruction !”
Julie Meunier est l'auteure du livre "À mes soeurs de combat: Comment le cancer m'a transformée" paru aux éditions Larousse
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