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Le tabac, grand responsable des cancers du poumon, y compris chez la femme

Le plus grand facteur de risque du cancer du poumon, autant chez l’homme que la femme, est le tabac. Le tabagisme multiplie par 10 à 15 le risque de cancer du poumon par rapport à un non-fumeur. Il est responsable de 6 cancers sur 10 chez la femme. « On sait qu’il y a une corrélation entre la courbe des ventes de cigarettes en France et la courbe d’incidence du cancer du poumon chez la femme avec un décalage d’une vingtaine d’années » explique Dre Catherine Daniel.

Les modalités du tabagisme ont évolué. La consommation de cigarettes avec filtres a augmenté, tout comme celle des cigarettes dites légères car allégées en goudron et en nicotine. Ceci explique qu’il y a eu une modification au cours du temps du sous-type de cancer du poumon d’après la chercheuse : « La forme carcinome épidermoïde était le sous-type histologique le plus fréquent. Maintenant, c’est l’adénocarcinome. Lorsque l’on fume des cigarettes légères et/ou des cigarettes avec filtre, on inhale plus fréquemment la fumée et/ou plus profondément pour compenser la réduction de l’apport en nicotine. Lorsque la fumée va plus profondément dans le poumon, on a davantage de cancer du poumon de type adénocarcinome, un cancer se développant préférentiellement à la périphérie du poumon. »

Les femmes sont plus sensibles que les hommes aux agents cancérigènes du tabac. A tabagisme égal, les femmes ont un risque de développer un cancer du poumon trois plus important que les hommes.

D'autres facteurs de risque du cancer du poumon

Le tabagisme passif est un facteur de risque : « Une personne non-fumeuse qui est exposée à la fumée des autres a un risque augmenté de 26 % de développer un cancer du poumon. »

Fumer du cannabis est également un facteur de risque du cancer du poumon car sa fumée contient jusqu’à 4 fois plus de goudrons que celle du tabac. De plus, l’âge médian d’apparition du cancer du poumon chez les fumeurs de cannabis est d’au moins 10 ans plus jeune que les fumeurs de tabac seul.

Le radon serait le deuxième facteur de risque de cancer du poumon après le tabac. Il s’agit d’un gaz naturel, radioactif et inodore est présent partout dans les sols et plus fortement dans les sous-sols granitiques et volcaniques.

La pollution atmosphérique est également à prendre en compte parmi les facteurs de risque, notamment avec les gaz d’échappement de moteurs diesel.

Les expositions professionnelles favorisent également l’apparition du cancer du poumon chez la femme d’après la pneumologue : « On les connait moins bien chez la femme par rapport aux hommes. Des études ont néanmoins démontré qu’il y a un facteur de risque plus élevé de cancer du poumon chez les coiffeurs, travailleurs de salons de manucure, agents d’entretien, personnels travaillant en pressing et restauration. Certains de ces postes sont très occupés par les femmes. »

Une féminisation du cancer du poumon

Par ailleurs, le cancer du poumon a tendance à se féminiser comme l’explique Dre Catherine Daniel : « Une étude prospective réalisée à 3 reprises : en 2000, 2010 et 2020, dans les hôpitaux généraux de France (20 % des cancers du poumon y sont pris en charge), a permis de voir cette féminisation du cancer du poumon. La cohorte de 2020 a rassemblé 9 000 patients, on a pu noter que la proportion des femmes est en augmentation. En 2010, les femmes représentaient environ 16 % de la cohorte et en 2020 34,6 %. »

Des facteurs potentiellement propres à la femme

Le tabac représente 60 % des cancers du poumon chez la femme par rapport à 90 % chez l’homme. Bien que l’augmentation de la consommation de tabac chez les femmes soit responsable d’une nette augmentation du nombre de nouveaux cas de cancer du poumon chez les femmes, une proportion importante de non fumeuses est toujours observée chez les patientes.

« En dehors d’une exposition au tabac, il peut y avoir des altérations génétiques au niveau de l’ADN des cellules capables de transformer une cellule normale en cellule cancéreuse. Certaines de ces altérations génétiques comme les mutations EGFR et HER2 sont plus fréquentes chez les femmes et les non-fumeurs sans que l’on sache à ce jour pourquoi » explique la chercheuse.

Un cancer difficile à diagnostiquer et donc à soigner

« Dans plus de 60 % des cas, le cancer du poumon est diagnostiqué à un stade métastatique. Le poumon n’est pas innervé et par conséquent peut être le siège d’une grosse tumeur totalement silencieuse. Ce n’est que trop souvent lorsque les cellules cancéreuses se sont allées via la circulation sanguine envahir d’autres organes, responsables de métastases symptomatiques que la maladie est diagnostiquée » déclare Dre Catherine Daniel.

Le diagnostic du cancer du poumon à un stade trop souvent métastatique explique le mauvais pronostic de ce cancer. En effet le traitement du cancer du poumon métastatique est plus souvent palliatif que curatif.

La personnalisation des traitements a permis d’améliorer la survie des patient.e.s. Ceux-ci tiennent compte du sous-type histologique et du stade de la maladie.

Amélioration de la survie avec une survie meilleure chez la femme

On sait que la survie des femmes est meilleure face au cancer du poumon, quel que soit le stade, par rapport aux hommes. « Dans les études observationnelles réalisées en 2000, 2010 et 2020 dans les hôpitaux généraux en France, la médiane de survie tous sexes confondus a doublé en 20 ans : elle est passée de 8,8 mois en 2000 à 17,1 mois en 2020. Entre 2000 et 2020, le taux de survie à 2 ans a été amélioré de 23% chez l’homme et 32% chez la femme. Cette amélioration de la survie peut être expliquée par une personnalisation des traitements tenant compte du type de cancer du poumon et du stade, mais surtout par des progrès thérapeutiques avec les thérapies ciblées pour les cancers du poumon avec une altération génétique ciblable et l’immunothérapie seule ou le plus souvent associée à la chimiothérapie » détaille Dre Catherine Daniel.

En 2020, le taux de survie à 2 ans avec un cancer du poumon chez la femme est de 55,6 % contre 43,8 % chez les hommes.

La lutte contre le tabagisme et la mise en place du dépistage en France sont nécessaires

La docteure Catherine Daniel tient à adresser un message d’alerte aux femmes qui sont de plus en plus nombreuses à contracter un cancer du poumon. Elle appelle à la vigilance : « Les courbes d’incidence et de mortalité par cancer du poumon chez la femme sont en progression constante. Pour l’instant, il s’agit du deuxième cancer le plus mortel chez la femme, après le cancer du sein. Mais si nous continuons sur cette lancée, nous connaîtrons le même phénomène qu’aux Etats-Unis, le cancer du poumon sera la première cause de mortalité par cancer chez les femmes. Il est donc urgent de lutter contre le tabagisme chez les femmes avec un risque de cancer du poumon qui augmente avec la quantité de tabac consommé mais surtout avec l’ancienneté et un risque qui diminue lorsqu’on s’arrête de fumer. Il est par ailleurs urgent de mettre en place un dépistage organisé du cancer du poumon en France. En effet, plusieurs études ont démontré qu’un dépistage du cancer du poumon, avec un scanner thoracique faiblement dosé, dans une population fortement exposée au tabac était associé à une détection du cancer du poumon à un stade plus précoce et une diminution significative de la mortalité par cancer du poumon. »

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