13 idées reçues sur le cancer du côlon
Sommaire

Le cancer du côlon n'est pas héréditaire

Faux.

"Dans le cas du cancer du côlon, il y a environ 15 à 20% d’hérédité. Si dans votre famille quelqu’un a déjà eu un cancer du côlon, il va falloir exercer une surveillance accrue tous les 5 ans chez ses enfants et le reste de la famille.

S’il y a des antécédents de maladies à prédisposition génétique comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique, il y a aussi plus de risques de développer par la suite un cancer du côlon. En effet, ces maladies favorisent le développement de petits polypes qui peuvent évoluer vers des cancers", rappelle le Dr Jacques Etienne, gastroentérologue.

En cas de symptômes, c'est trop tard

Vrai.

"Par exemple, si vous avez une sub-occlusion, vous avez tout à coup des vomissements, des nausées, des douleurs et des difficultés à évacuer les gaz... Cela peut traduire une lésion qui obstrue une partie du côlon. C’est en général... un stade peu curable.

En clair : on arrive 5 ans trop tard. S’il y a des métastases au niveau du foie par exemple, on peut retarder l’avancée de la maladie avec une chimiothérapie mais pas espérer une guérison totale", regrette le Dr Jacques Etienne, gastroentérologue.

La coloscopie, ça fait mal

Faux.

"Autrefois et dans d’autres pays, on réalisait la coloscopie sans anesthésie. Mais aujourd’hui en France, toutes les coloscopies se font sous anesthésie générale.

Cela permet de raccourcir la durée de l’examen, car l’intestin est détendu et l'opération ne provoque aucune douleur.

A noter que l’anesthésie est dite générale mais reste légère, car il s’agit d’un diagnostic via la coloscopie et non d’une intervention chirurgicale : on n’utilise pas le même type de produits anesthésiants. On peut aussi utiliser la nouvelle technique d’exploration de l’intestin sans anesthésie générale avec une capsule à avaler", détaille le Dr Jacques Etienne, gastroentérologue.

Si j'ai un cancer du côlon, je vais forcément mourir

Faux.

"Si le cancer du côlon est traité tôt (au stade I), que l’on vous enlève un polype à un stade peu avancé, vous avez de 90 % à 100 % de chances de guérison....

Toutefois, si vous avez un polype qui a franchi la paroi de l’intestin sur laquelle il s’est développé et qu’il y a métastases (c'est-à-dire que les cellules cancéreuses se répandent dans l'organisme), les chances ne sont plus que de 5 % de survie à 5 ans. Pour donner un ordre de grandeur, cela correspond au stade IV. Il faut alors coupler chirurgie et chimiothérapie.

L’idéal reste donc de faire un maximum de prévention pour traiter les cancers du côlon le plus tôt possible. Les chiffres sont encore trop élevés : le cancer du côlon est la 2e cause de décès par cancer en France avec 46 morts par jour. Rapporté à l'année, ce sont 17 000 décès, un chiffre bien plus important que les accidents de la route. De plus, il y a près de 50 000 nouveaux cas par an ! ", explique le Dr Jacques Etienne, gastroentérologue.

Dépistage = coloscopie

Vrai et faux.

"Plutôt que la coloscopie, les campagnes de dépistage du cancer du côlon actuelles se focalisent sur l’hémocult. Mais il faut savoir que ce test, qui consiste à envoyer des échantillons de selles à par courrier à un laboratoire pour détecter des traces de sang, n’est fiable qu’à 50 % ! Si vous avez un saignement sur une lésion qui est déjà évoluée, elle sera détectée par hémocult. Cela dit, si elle est encore "jeune" ou ne saigne pas, vous ne la détecterez pas : toutes les lésions ne saignent pas!

Le véritable dépistage passe alors par la coloscopie car lorsqu’elle est faite complètement (sur tout le côlon), vous arrivez à des taux de dépistage de plus de 90 %. Il faudrait donc faire davantage de coloscopie à partir de 50 ans. On peut aussi tester une nouvelle technique d'exploration en utilisant une capsule à avaler", explique le Dr Jacques Etienne, gastroentérologue.

Si j'ai un polype, c'est que j'ai un cancer du côlon

Faux.

"Si vous avez un polype, au départ ce peut être bénin et sans symptôme. Mais au cours des 5 années qui suivent, il peut évoluer en cancer.

Concrètement, au début vous avez une petite lésion plate qui peut se transformer en verrue. Et avec les irritations de passage, elle se modifie et peut se changer en cancer. Mais pas dans tous les cas !

Si le polype est petit (moins de 5 mm) le danger est moindre, mais dès qu’il atteint un volume d’1 cm il y a plus de risques de voir apparaître un cancer. Il y a aussi a contrario des polypes qui ne se voient pas sur des radios mais qui peuvent être de vrais cancers. Pour être sûr, le bon examen de dépistage reste la coloscopie ou la capsule d'exploration", explique le Dr Jacques Etienne, gastroentérologue.

En l'absence de symptôme, je ne risque rien !

Faux.

"On a l’habitude de réagir aux symptômes. Malheureusement le cancer du colon est une maladie sournoise qui ne se manifeste souvent par aucun signe, car elle évolue progressivement sur plusieurs années.

Si on ne recherche pas précisément les stades préliminaires avec une hémoculture ou une coloscopie, on ne peut pas deviner les petites tumeurs. Il faut agir avant que le cancer ne soit trop évolué, c’est pourquoi la prévention est si importante", explique le Dr Jacques Etienne, gastroentérologue.

Alimentation, cancer du côlon... aucun rapport !

Faux.

"Il existe une étude qui a été réalisée dans le midi sur des pensionnaires de maisons de retraite. Dans la première, on leur a donné pendant 10 ans une alimentation crétoise et dans la seconde une alimentation continentale, la nôtre.

On a ainsi noté 30% de cancers du côlon en moins chez ceux qui avaient une alimentation crétoise (fruits et légumes, poisson…). Autre point, si vous mangez de la charcuterie tous les jours vous avez 30 % de risque en plus de développer un cancer du côlon. L’alimentation joue donc bien un rôle", explique le Dr Jacques Etienne, gastroentérologue.

La coloscopie, c'est hyper compliqué

Faux.

"Aujourd’hui, c’est devenu beaucoup plus simple. On pratique d'abord une sorte de nettoyage de l’intestin. L’objectif est d’enlever les résidus qui sont dans l’intestin afin d’avoir une bonne image pendant la coloscopie.

En effet, on cherche souvent des petites lésions, c’est-à-dire une petite modification de la muqueuse de l’intestin qui ne peut mesurer que 5 mm. Cette préparation est donc essentielle. Dans le temps, nos grands-mères nous faisaient régulièrement des purges. Là finalement c’est un peu la même chose mais avec des méthodes plus modernes et plus douces.

La veille, vous prenez une petite préparation colique dans un verre d’eau puis vous buvez un demi-litre d’eau toutes les heures (afin d'évacuer au fur et à mesure) pendant 6 heures. Cette méthode n’est finalement pas très contraignant, mais on peut aussi étaler le processus sur une durée plus longue avec un résultat identique", rassure le Dr Jacques Etienne, gastroentérologue

La coloscopie n'est qu'une technique de dépistage

Faux.

"La coloscopie est un acte à la fois diagnostic et curatif. En même temps qu’une exploration, la coloscopie permet d’enlever très facilement les polypes qui se présentent sous la forme de petites verrues. On les enlève préventivement car certains peuvent évoluer en cancer.

L'appareil utilisé lors de la coloscopie présente un canal dans lequel le praticien peut introduire des instruments (pince ou bistouri électrique) pour couper et récupérer le polype avant de l’envoyer au laboratoire pour analyse.

Il n’y a que cet examen qui permette à la fois de repérer les lésions et de les traiter. En effet, avec la capsule ou l’hémocult, vous n’avez qu’une détection. Ce qui conduit forcément, s’il y a découverte d’un polype, à une coloscopie", explique le Dr Jacques Etienne, gastroentérologue.

Après l'opération du cancer colorectal, on ne va plus à la selle

Faux dans la majorité des cas.

"C’est clairement une idée fausse. Quand on est opéré du cancer du colon, il suffit d’un mois pour retrouver toutes ses fonctions. Quand seul un segment du côlon est concerné, on l’enlève et on fait une anastomose (connexion entre les deux parties) pour rétablir la continuité. Le patient ne souffre d’aucune gène.

Les fonctions naturelles d'élimination fécale sont atteintes quand le rectum est abîmé, dans le cadre d'un cancer très avancé. On doit alors créer un rectum artificiel. Mais en l'absence de métastases, tout se passe bien", rassure le Dr Jacques Etienne, gastroentérologue.

Le cancer du côlon est un cancer réservé aux seniors

Faux et vrai.

"Le cancer colorectal touche majoritairement les personnes âgées, c'est-à-dire pour le commun des mortels, les plus de 50 ans. Plus vous avancez en âge, plus le risque augmente. Dès 30 ans, le risque de cancer de colon double tous les 10 ans.

Mais avant 50 ans, vous avez quand même 15 à 20% des cancers du côlon qui ne sont pas dépistés. J’ai connu des cas de malades du cancer du colon qui avaient 27 ans et 30 ans," précise le Dr Jacques Etienne, gastroentérologue.

La coloscopie et l'hémocult sont les seuls dépistages

Faux.

"Pour ceux qui ne veulent pas faire d’anesthésie et qui ont besoin d’une coloscopie, une nouvelle méthode existe : la coloscopie virtuelle. Le patient avale une capsule contenant une mini-caméra qui enregistre des photos de votre intestin et côlon au rythme de 4 images/seconde. Le patient porte une ceinture avec des capteurs qui transmettent par infrarouge les images à un enregistreur.

Pendant l’exploration, le patient peut vaquer à ses occupations : rentrer chez lui ou faire des courses. La capsule s’élimine naturellement au bout de 24 h en général. Le médecin analyse ensuite les images et s’il remarque quelque chose, comme un polype, il peut ensuite procéder à une coloscopie pour l’enlever.

Cette capsule est un moyen de dépistage complémentaire intéressant. Elle est utilisée depuis 2001 pour l’intestin grêle et depuis deux ou trois ans pour le côlon", précise le Dr Jacques Etienne, gastroentérologue.

Sources

Remerciements au Dr Jacques Etienne, gastroentérologue auteur de "SOS côlon - Comment éviter le cancer de votre intestin", éd. Du Signe, 2011

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