Comment fonctionne le plaisir féminin ?Adobe Stock
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Etape 1 : Le désir pour se motiver sexuellement

"Le désir pour la femme lui permet d'être réceptive, de se motiver en étant stimulée sexuellement, en sentant la récompense orgasmique et psychique. La satisfaction sexuelle est encouragée par cette rencontre désirante de soi avec soi et de soi avec les autres" explique la sexologue Dominique Lefèvre.

Jacqueline Breut, sexologue également, tient à rappeler les 4 aspects importants qui influencent la sexualité, qu’elle soit masculine ou féminine.

Les aspects biologiques : l’anatomie, la maturation, la reproduction, la fertilité, la contraception, les infections sexuellement transmissibles…

Les aspects sociaux : la famille, l’éducation, l’école, le groupe social, la culture, la religion, les médias, les stéréotypes…

Les aspects psychologiques : développement psychosexuel, orientation sexuelle, relations interpersonnelles et avec autrui, imaginaire, fantasmes...

Les aspects moraux et éthiques : la loi, la morale et l'éthique, les valeurs, les règles de conduite...

Les 4 phases de la réponse sexuelle selon Masters et Johnson : "Le premier organe sexuel est le cerveau. Le désir est très peu médical, il se manifeste dans la tête des partenaires" explique la sexologue. Elle précise que les sexologues William Howell Masters et Virginia Eshelman Johnson ont mis en évidence dans les années 1960 une courbe de réponse sexuelle. "Sur cette courbe, on voit la phase d’excitation qui augmente assez vite, ensuite arrive une phase de plateau qui augmente doucement, puis apparaît une envolée de la courbe pour représenter l’avant pointe orgasmique et enfin ce qu’on appelle la résolution, avec la courbe qui chute assez vite" explique la spécialiste. Chaque femme peut rencontrer des troubles à un de tous ces niveaux. Pour Dominique Lefèvre : "Le désir n’est pas une étape mais une composante qui traverse les 4 étapes de la physiologie du plaisir".

Tout commence par le désir : "Il est difficile pour un patient de distinguer désir et excitation. Si le problème se trouve dans le corps, il est question d’excitation, s’il se trouve dans la tête, il s’agit alors de désir" déclare Jacqueline Breut. La spécialiste explique que le désir des femmes est plutôt orienté vers des composantes symboliques de la sexualité. "Elles sont sensibles aux circonstances de la vie, au contexte, elles ont besoin de se sentir aimées, elles sont passionnées, ont besoin d’un climat agréable, qu’on les flatte, qu’on les caresse afin qu’elles puissent développer leur séduction" précise-t-elle.

La représentation du désir : "Il semble que la représentation du désir est sous-tendue par une notion majeure qui est la séduction. Elle cherche à se rassurer, à susciter le désir de l’autre ou des autres. L’homme, lui, est plus orienté vers la réalisation du rapport sexuel. Il est très sensible aux stimulis visuels" explique la sexologue Jacqueline Breut. La femme est moins sensible à ces stimulis parce que le fait d’être désirable augmente son désir personnel, la femme aime plaire. "J’appelle ça la désirabilité, la capacité à susciter le désir chez l’autre". Ce que l'on retrouve également dans le monde homosexuel masculin.

Se connaître pour connaître le désir : Certaines femmes se demandent comment arrive le désir et ont tendance à remettre la faute sur elle, à culpabiliser. La sexologue explique que s’il y a bien un domaine où la connaissance de soi est primordiale, c’est bien celui du désir. "Comment arrive le désir ? Parce que vous l’avez bien cherché" explique-t-elle. "Les femmes qui ont appris à découvrir leur corps ont plus facilement accès à leur désir. Il est donc important de déculpabiliser les femmes sur la masturbation. Le désir est la rencontre avec l’autre mais avant cela, c’est la rencontre avec soi".

Etape 2 : L'excitation montante lors des préliminaires

Arrivée à cette étape, Jacqueline Breut explique que le système neurovégétatif se déchaîne. Ce système réunit le sympathique et le parasympathique :

- Le sympathique provoque une mydriase (développement du noir des yeux), une augmentation de la tension artérielle, une horripilation, une contraction aréolaire qui est une rétractation de l’aréole des seins et une érection des tétons.

- Le parasympathique provoque une salivation, une rougeur cutanée, une transpiration, une vasodilatation, une lubrification vaginale, un gonflement vulvaire et une tumescence clitoridienne.

"C’est généralement à ce moment qu’interviennent les préliminaires, la femme a besoin de contact" explique la sexologue Jacqueline Breut.

Pas toujours besoin de désir pour être excité : Dominique Lefèvre précise : "Il arrive souvent que les femmes se trouvent en phase d’excitation sans que leur désirait été mis à l’oeuvre au préalable. Celles-ci vont calquer leur désir sur celui de leur partenaire et atteindre un niveau d’excitation suffisant". Elle poursuit : "L’excitation est physique et physiologique. La congestion de toute la sphère génitale et des seins est liée à des phénomènes vasculaires".

Le clin d’oeil humoristique de Dominique Lefèvre : "Lorsque la femme se réveille dans la nuit ou se sent excitée au petit matin, elle pense que cela provient d'un rêve érotique mais cela peut être aussi une érection interne. Les corps caverneux et les bulbes spongieux féminins internes du clitoris au repos se gonflent de sang comme les bulbes caverneux de la verge de l’homme provoquant ainsi 'la trique du matin'" explique-t-elle.

Etape 3 : La lubrification pour faciliter la pénétration

"La lubrification est l’apparition d’une transsudation sur la paroi du vagin, un liquide clair qui permet de faciliter le glissement du pénis" explique Jacqueline Breut. Elle ajoute : "La vasodilatation et la lubrification peuvent apparaître très vite pendant la période d’excitation". Dominique Lefèvre rappelle que cette lubrification est sécrétée par les glandes de Skène et de Bartholin.

Le fonctionnement de la lubrification : "Les glandes de Bartholin, situées au niveau de la vulve, produisent un fluide au moment du rapport sexuel. Elles peuvent lubrifier le vestibule, espace situé entre les deux petites lèvres, mais non l'intérieur du vagin. Les glandes de Skène ou glandes péri-urétrale situées à l'entrée de l'urètre sont impliquées dans l'éjaculation féminine, liquide expulsé au moment de l'orgasme par le même orifice que l'urine" expliquait la sexologue Catherine Solano sur le site E-sante.

Etape 4 : Le plateau pré-orgasmique

On appelle cette étape "le plateau pré-orgasmique" ou " le plaisir en plateau" pour désigner le maintien de l’excitation à un haut niveau selon une ligne plateau.

Maintien de l’excitation : "Au fur et à mesure des caresses, l’excitation va s’amplifier. Elle va demeurer de façon plus continue, plus longue et plus douce. Elle va se maintenir en augmentant de façon progressive. La tumescence clitoridienne sera de plus en plus importante, les organes sexuels vont complètement se gonfler, ce phénomène est comparable à une érection chez l’homme" explique Jacqueline Breut.

Dominique Lefèvre précise : "Le volume des seins augmente et les petites lèvres sont rouges annonçant l’imminence de l’orgasme. Cette phase est importante car des variations peuvent avoir lieu soit en exacerbation, par une montée en vague ou bien dans une retombée avec stagnation des émotions ou avec une perte totale de l’excitation. Si cela devient régulier, il est alors nécessaire de consulter un.e sexologue thérapeute. La femme ne doit rien lâcher sur son excitation" explique-t-elle.

Etape 5 : La pointe orgasmique

Un plaisir intense : Pour Dominique Lefèvre : "L’orgasme est un bouillonnement d’ardeur. Ses sources sont importantes : que ce soit plus physique et animal, plus cérébral et fantasmatique, ou plus émotionnel et sentimental". La spécialiste poursuit : "Les sensations physiques sont augmentées soit dans le bas du corps fortement génitalisé soit dans le haut du corps et la combinaison des deux provoque une expérience maximale de complétude et de bien-être sexuel".

Un plaisir ressenti dans la tête et dans le corps : Juste avant l’orgasme, le rythme respiratoire se suspend, on appelle cela une apnée annonciatrice. "Au moment de l’orgasme, la femme se crispe, l’ensemble de son corps se raidit, c’est comparable à une crise de tétanie" explique Jacqueline Breut. Elle ajoute que l’orgasme entraîne : "Une contraction des muscles, une contraction au niveau du visage, une occlusion des paupières, des soupirs ou des cris de bien-être intense et des spasmes vaginaux. L'utérus se met à monter et à descendre et se contracte comme pendant un accouchement. Le micro-muscle du mamelon se contracte en faisant pointer le téton" précise-t-elle.

Expulsion de liquide : Jacqueline Breut précise que certaines femmes peuvent avoir des petites expulsions de liquide orgasmique. "On parle d'inondation orgasmique concernant les femmes fontaines avec une présence de liquide assez abondante" explique-t-elle.

A savoir : "La stimulation clitoridienne entraîne l’orgasme le plus intense. De plus, on l’obtient plus facilement que l’orgasme vaginal" déclare Jacqueline Breut. Dominique Lefèvre ajoute que : "L’orgasme féminin est facilité par la sécurité relationnelle, la bonne connaissance de son corps, de sa respiration et du plaisir masturbatoire, de la richesse érotique imaginative avec les mots qui permettent le maintien du niveau d’excitation". Elle précise également que 10% de femmes n’ont jamais éprouvé d’orgasme, masturbation comprise.

Une perception différente de l’orgasme entre les deux sexes : "Les partenaires ont une perception subjective de l’orgasme nommée jouissance. Dominique Lefèvre l'évoque comme un éclatement, un jaillissement, une propulsion, une extase ou encore une éternité, nullement comparable à quoi que ce soit. "Les femmes ont des réactions moins stéréotypées avec une plus large paletteque les hommes. Les différences résident premièrement dans les réactions physiologiques : les femmes ont des contractions pelviennes et les hommes éjaculent. Les différences sont également anatomiques avec des points d’ancrage corporels dans la perception et l’intégration des réactions" précise la sexologue.

Développement des sentiments grâce à l'hormone de l'amour : La sexologue Jacqueline Breut explique : "Aussi bien chez les hommes que chez les femmes, l’orgasme provoque un espèce de feu d’artifice endocrinien avec entre autres la présence des endorphines et de l’ocytocine. Les endorphines sont libérées par le cerveau et procurent un état de bien-être ultime, au delà du plaisir intense. L’ocytocine est l’hormone de l’attachement. Une femme qui obtient un orgasme va considérer que l’homme qui l’a fait jouir est 'le prince charmant'." C’est grâce à cette hormone que l’on tombe amoureux.

Avoir des orgasmes successifs est possible : Les deux sexologues s'accordent à dire que les femmes disposent d’une capacité multi-orgasmique qui leur permet de multiplier les orgasmes, contrairement aux hommes qui ont besoin d’un certain temps de résolution avant d’avoir une nouvelle érection.

Etape 6 : La phase de résolution

Une phase vécue différemment selon le sexe : "La phase résolution ou 'période réfractaire' est le moment qui suit l’orgasme. Les zones érogènes n’acceptent plus de stimulation sexuelle. Les petites lèvres et le clitoris entrent en détumescence ainsi que les bulbes vestibulaires et les grandes lèvres de manière plus progressive. La lubrification disparaît également progressivement. Le thélotisme (l’augmentation du volume du mamelon) régresse, la vasoconstriction commence et le volume des seins se réduit. Les rythmes cardiaques et respiratoires se normalisent" explique la sexologue Dominique Lefèvre.

La période réfractaire pour les hommes : Comme cela a été dit précédemment, une femme peut rencontrer plusieurs fois l’orgasme avant la phase de résolution, c’est la grande différence avec les hommes qui eux, ont besoin d’une certaine période pour reprendre l’excitation, reprendre une nouvelle courbe. "Cette période pour les hommes s’appelle la période réfractaire. Les hommes et les femmes peuvent rencontrer des troubles à chaque étape de cette courbe" explique Jacqueline Breut.

La femme doit donner les codes à son partenaire : Pour la sexologue Jacqueline Breut : "Un désir satisfaisant est le résultat de la connaissance de soi et d’une bonne communication érotique et respectueuse. Chacun se réfère à ses propres émotions, c’est-à-dire que l’on fait à l’autre ce que l’on aimerait que l’autre nous fasse. Or, les femmes devraient communiquer, exprimer ce qu’elles aiment à leur conjoint. Pour cela, la connaissance qu'elles ont de leur corps, de leurs sensations et de leurs émotions priment". Pour la sexologue Dominique Lefèvre : "La connaissance de soi et le fait d’avoir connu le plaisir sexuel augmentent les chances d'accès au partage des plaisirs sexuels et devient un moteur pour développer des comportements hédonistes".

A savoir : "Il n’est évidemment pas obligatoire d’avoir un orgasme pendant un rapport sexuel. Beaucoup de femmes prennent du plaisir sans obtenir d’orgasme" précise la sexologue Jacqueline Breut.

Vidéo : Mode d'emploi : augmenter la durée de l’orgasme féminin

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