Post-partum : quand peut-on reprendre une vie sexuelle après l’accouchement ? Adobe Stock
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Après l’accouchement, la plupart des médecins gynécologues conseillent d’attendre cinq à six semaines avant d’avoir des rapports sexuels avec pénétration. C’est le temps nécessaire pour que le col de l’utérus se referme et que les éventuelles sutures des plaies (qu’elles soient liées à une déchirure, une épisiotomie ou une césarienne) cicatrisent. Bien sûr, la réalité est un peu plus complexe que cela. Chaque femme se remet à son rythme, tant sur le plan physique que psychologique.

Vie sexuelle post-partum : se sentir prêt(e) psychologiquement et s’écouter

“Inutile de rappeler qu’en matière de libido, l’état psychologique et de sécurité affective joue pour beaucoup”, rappelle le Dr Sébastien Garnero, docteur en psychologie et sexologue clinicien. Tandis que certaines femmes, trop chamboulées et fatiguées par l’arrivée du bébé, n’auront aucune libido, d’autres auront envie de reprendre une vie sexuelle rapidement. L’accouchement constitue une épreuve sur ces deux aspects, et la priorité sera bien évidemment le rétablissement de la femme, les soins apportés au bébé ainsi que l’installation du lien mère-enfant.

Être mère et femme est donc un équilibre parfois difficile à trouver. Pour autant, ce dernier est très important. L’un ne va pas sans l’autre, tant pour l’équilibre personnel, que familial et pour celui du couple” précise le spécialiste. Il explique que les premiers jours qui suivent l’accouchement, la jeune maman est complètement absorbée par son bébé. “On va souvent voir un surinvestissement de son nouveau rôle de mère, ce qui est relativement normal dans la première année de l’enfant”. Cela correspond à ce que l’on appelle la préoccupation maternelle primaire (PMP) : l’attention et l’énergie de la mère sont centrées autour des besoins du bébé, pour sa survie et son bien-être.

“Cette position est nécessaire dans un premier temps, puis devra se réguler pour l’individuation progressive de l’enfant, et également pour permettre à la mère de continuer à vivre en tant que femme au sein de son couple et dans ses autres investissements de la vie sociale personnelle et professionnelle”, détaille Sébastien Garnero.

Baisse de désir : écouter l’autre et communiquer

En outre, l’accouchement soulève de nombreux questionnements. Se rassurer dans sa capacité à être une “bonne mère” est essentiel à cette période, de même que la mise en place des premiers processus de parentalité, pour le jeune papa comme pour la jeune maman. Le docteur en psychologie insiste donc sur l’importance de prendre son temps, de s’écouter… mais aussi d’écouter l’autre, au sein du couple.

Le conjoint doit pouvoir comprendre que la libido de la jeune maman n’est pas forcément au rendez-vous, et reviendra sûrement plus tard - dans quelques semaines ou quelques mois. L’inverse est d’ailleurs aussi possible. L’arrivée d’un enfant dans le foyer peut entraîner des remaniements psychiques chez le père (par exemple, la couvade), et influer sur sur sa libido. La communication est donc indispensable pour faciliter la compréhension mutuelle dans le couple (notez que nous évoquons surtout ici le cas du couple hétérosexuel, mais des schémas similaires sont à l’oeuvre dans le couple homosexuel).

Dans le couple, le Dr Garnero préconise de se situer sur les deux registres : parental et amoureux ; de ne pas surinvestir l’un au détriment de l’autre. “C’est une règle importante de l’équilibre et de l’harmonie en tant que femme et homme, mais également pour le tout petit, quant à sa juste place dans la famille”.

Être physiquement prête à reprendre une vie intime

Outre l’aspect psychique, il faut aussi prendre en considération l’aspect physique. L’accouchement étant un traumatisme pour le corps de la femme. “La sexualité pénétrante pourra reprendre de façon active en fonction de chacun, de son vécu et de son rapport à son propre corps. Une période d’environ 4 à 5 semaines est souvent recommandée, le temps de la cicatrisation pour certaines, le temps de retrouver une muqueuse suffisamment tonique ; mais cela n’empêche pas les rapprochements et une sexualité non-pénétrante dans un premier temps”, précise Sébastien Garnero. “Un temps de rééducation périnéale sera également un plus, pour faciliter la reprise de l’activité sexuelle”.

En parallèle, la pratique d’une activité physique douce, comme le yoga ou le Pilates, peut aider à retrouver une certaine souplesse articulaire et de la tonicité musculaire. Mais aussi à éliminer les kilos de grossesse, ce qui peut aider certaines femmes à se sentir mieux dans leur corps. “On pourra y associer une diététique équilibrée, dans ce même contexte de réinvestissement de son propre corps”, suggère le psychologue.

Sexe après l'accouchement : que faire en cas de blocage ?

Un certain nombre de blocages (physiques et psychologiques) peuvent freiner la reprise de l’activité sexuelle après l’accouchement. La baisse de libido, par exemple, qui peut être liée à la fatigue ou à certains phénomènes hormonaux, comme la sécrétion de prolactine liée à l’allaitement. Ou encore le fait de ne plus reconnaître son propre corps, transformé par la grossesse.

“Quand il existe de légers blocages, la reprise de la sexualité peut se faire en douceur, en commençant par partager des moments de tendresse, d’affection, de rapprochements corporels (câlins, baisers, caresses…). Puis, dans un deuxième temps, au travers d’une pratique sexo-corporelle, sensuelle et affective”, indique le Dr Garnero. Une redécouverte du corps de la femme, seule et à deux, est aussi importante à cette période. Cette dernière a besoin de se réapproprier son corps intime et son image corporelle qui ont été mis à rude épreuve, de réinvestir sa féminité et son pouvoir de séduction. Le spécialiste propose un certain nombre de pistes à explorer à deux, pour retrouver le plaisir et l’envie de partager des moments d’intimité :

  • Pratiquer des massages sensuels de l’ensemble du corps, sur les zones érogènes, et des massages sexuels à deux avec toutes les variantes possibles qui stimulent votre imagination et votre sensualité.
  • S’ouvrir à l’imaginaire érotique et à certains fantasmes partageables avec son partenaire pour raviver le désir sexuel et sortir des pratiques habituelles. “Cela favorise la reprise progressive d’une sexualité plus active et épanouie”.
  • Développer des pratiques de masturbation mutuelle. “Profitez-en pour explorer d’autres formes de sexualité, comme le sexe oral et l’utilisation ponctuelle de sextoys, en partageant cette expérience à deux”, conseille le sexologue.
  • Lors des rapports sexuels, adopter des positions confortables, pratiques et adaptées à sa morphologie. Et, surtout, non-contraignantes au niveau du ventre pour la femme. Par exemple : le missionnaire surélevé, la cuillère, la levrette, l’andromaque, l’union du lotus, la balançoire…
  • Dans les moments de pause, continuer à développer le contact peau à peau, les câlins, la tendresse, l’affection.
  • Continuer à échanger, communiquer, développer la complicité au travers de cette belle étape initiatique dans la vie d’une femme et d’un homme.

En cas de blocage important, parlez-en à un professionnel

Parfois, les blocages sont plus importants, et ces astuces ne suffisent pas à retrouver une sexualité épanouie. Notamment en cas de problématique psychologique personnelle ou de couple, en lien avec la grossesse, ou de remaniement psychique inhérent au fait de devenir parent. “Dans ce cas, il est important de pouvoir demander une aide extérieure à un professionnel de santé, comme un sexologue, un gynécologue, une sage-femme, un psychologue clinicien, un psychothérapeute, un psychiatre, un hypnothérapeute ou encore un pédiatre”, estime Sébastien Garnero.

Dans cette phase de la vie si importante, cette aide est précieuse pour passer un cap, surmonter une difficulté, des symptômes ou des préoccupations personnelles, sexuelles, de couple... “En l’espace de quelques séances pour certains, ou dans le cadre d’une thérapie plus conséquente pour d’autres, les blocages finiront par disparaître”.

Sources

Merci à Sébastien Garnero, DR Psychologie, Sexologue clinicien, Psychothérapeute, Enseignant à l’université de Paris. 

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