Troubles du sommeil : comment sortir de la dépendance aux somnifères ?Istock

Les Français sont de gros consommateurs de somnifères. Chez les plus de 65 ans en particulier, les changements physiologiques et l’évolution de la qualité du sommeil liés au vieillissement s’accompagnent de plaintes plus fréquentes : réveils nocturnes, insomnies, sommeil moins profond, nuits hachées… Ces sensations de mal dormir poussent de nombreux seniors à recourir aux somnifères.

Problème, la prise de ces hypnotiques, loin d’être la panacée pour bien dormir, se mue souvent en habitude inextricable et nuisible pour la santé : elle expose à un risque d’accoutumance, de chutes, de troubles de la mémoire, de la vigilance, de troubles du comportement, de démence ou encore à une perte d’autonomie.

Malgré ces effets indésirables, en France, "près d’un tiers des personnes de plus de 65 ans consomme des somnifères de manière chronique", selon la Haute Autorité de Santé. Et dans plus d’un cas sur deux, ces hypnotiques ne seraient pas indiqués car motivés par une sensation de "mal dormir" et non pas par une réelle insomnie.

"La grande majorité des personnes qui se disent insomniaques ont en réalité un problème de perception du sommeil : ils pensent qu’ils ne dorment pas alors qu’ils dorment", explique à Medisite le Professeur Pierre Philip, chef du Service Universitaire de Médecine du Sommeil au CHU de Bordeaux et auteur de Réapprenez à dormir pour être en bonne santé (éditions Albin Michel). Ce problème de perception de sommeil est "en partie liée à un sommeil dont l’architecture peut être plus légère que d’autres dormeurs", précise encore l’expert.

Autrement dit, pour ces "faux" insomniaques, le recours à un hypnotique qui augmente la durée du sommeil ne se justifie pas et ne saurait être le traitement plus adapté pour résoudre ces mauvaises perceptions de sommeil.

Les thérapies cognitivo-comportementales, l’alternative aux somnifères

Pour remédier aux insomnies et aux plaintes chroniques de sommeil, la Haute Autorité de Santé déconseille d’ailleurs aux médecins, aux pharmaciens et aux patients la prescription systématique de somnifères. Tout comme les antibiotiques, "les somnifères ne sont plus du tout recommandés en première intention, souligne le Pr Pierre Philip. En cas d’insomnie, la Haute Autorité de Santé recommande en premier lieu "les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et une bonne hygiène de sommeil".

Si les somnifères sont prescrits, ils doivent être pris sur une durée courte, "de quelques jours à 4 semaines maximum", préconise la HAS.

Somnifères : pourquoi rendent-ils accro ?

Car une fois consommés, les somnifères exposent à un risque de dépendance bien réel. Comment l’expliquer ? Le Pr Philip, qui sensibilise aux problématiques et aux bonnes habitudes de sommeil sur son compte Instagram, décrypte le mécanisme à l’œuvre dans un post. "Il y a deux raisons principales qui rendent les somnifères indispensables. La première, c’est une dépendance pharmacologique", c’est-à-dire que le corps est imprégné d’une substance qu’il réclame en cas d’arrêt, "ce qui augmente le niveau d’anxiété" et génère une dépendance. "La deuxième raison plus pernicieuse est la dépendance psychologique : les somnifères agissent comme des béquilles chimiques et la simple crainte de perdre cette béquille peut aggraver les troubles du sommeil".

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Pour sortir de cette spirale infernale, une stratégie d’arrêt progressive et encadrée des somnifères peut être proposée par le médecin, en concertation avec le patient, précise la HAS. Là aussi , revoir son hygiène de sommeil (en conservant une régularité des horaires de lever, en s’exposant à la lumière en journée, en conservant un mode de vie sain avec une alimentation équilibrée et une activité physique régulière) et se tourner vers les TCC ou des techniques de relaxation offrent quelques options bénéfiques pour se sevrer des somnifères.

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