Orgasme de la gorge : peut-on vraiment jouir de manière orale ? Adobe Stock
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Est-il réellement possible d’avoir un orgasme uniquement en stimulant sa gorge et sa bouche ? C’est en tout cas ce qu’avance certains sexologues et études. Slate a notamment interrogé récemment le docteur Amir Marashi, qui a co-fondé la marque de sextoys Ceré, qui assure que c’est possible puisque le nerf vague, qui assure la sensibilité du voile et de la base de la langue, du pharynx, du larynx et de l'épiglotte, est connecté aux parties génitales via un autre nerf, le pudendal, qui innerve le périnée.

Une étude du Dr. Herbert Arthur Otto, auteur en 1999 du livre Liberated Orgasm : The Orgasmic Revolution, avait également démontré que 20% des personnes interrogées dans son étude avaient déjà ressenti un orgasme de manière orale via la bouche et la gorge. Afin de démêler le vrai du faux sur cet orgasme méconnu, Medisite a interrogé le Dr Sébastien Garnero, sexologue. Le spécialiste assure que parler d’orgasme de la gorge "est un abus de langage". Selon lui, ce plaisir sexuel ressenti via la bouche est la gorge est simplement "une possible voie partielle d’entrée de l’excitation sexuelle".

Orgasme de gorge : un abus de langage sur une simple zone érogène ?

Le sexologue assure en effet que "du fait de sa position dans des zones érogènes secondaires (bouche, langue, gorge…), la fellation peut dans certains cas, être une zone d’entrée qui va générer une forte activation de l’excitation psychique, puis sexuelle par effet de diffusion à l’ensemble des autres zones corporelles érogènes sexuelles". Un e excitation qui peut ensuite "se propager par les voies habituelles orgasmiques communes (cerveau, réponse physiologique des muscles striés du périnée…), sensation physio-psychique de relâchement des tensions et bien-être”.

Alors existe-t-il plusieurs sortes d'orgasme ? Pour le Dr Garnero, parler d’orgasme de gorge reviendrait "dans le même sens par abus de langage" à parler "d’orgasme de seins, des pieds, du nombril qui sont également des zones de sensibilité du corps humain, et aussi des voies de départ ou d’entrée de l’excitation sexuelle mais pas la voie finale orgasmique ou le lieu où se situe l’orgasme".

Concernant le chiffre de 20% des personnes qui auraient vécu un "orgasme de gorge" évoqué par l’étude susvisée, il assure qu’on peut se poser la question du biais de recrutement.

"Qui va participer à ce type d’étude excepté des personnes très intéressées par la sexualité et éventuellement ces types de pratiques (orgasme par fellation via gorge profonde) ? Il serait intéressant de réaliser ce type d’étude dans une enquête plus globale avec de larges échantillons statistiques et représentatifs de la population sur une vaste enquête sur la sexualité et les modalités de plaisir sexuel. On aurait sûremen t des résultats beaucoup plus réalistes et probablement assez faible de personnes qui 'jouissent par la gorge ou le nombril'", rétorque le sexologue. Mais alors pourquoi certaines personnes assurent-elles avoir des orgasmes de manière orale ?

Orgasme de gorge : la stimulation du nerf vague en cause ?

Selon le spécialiste, dans l’hypothèse évoquée par plusieurs articles d’un processus d’excitation sexuelle par mode de début "par la gorge", l’orgasme qualifié de "gorge" pourrait être lié "aux zones érogènes orales (bouche, lèvres, langue, gorge, luette…), zones sensorielles riches avec de nombreuses terminaisons nerveuses", qui provoquent l’excitation sexuelle et permettent au final d'atteindre l'orgasme, mais ne sont pas en soit le lieu de l’orgasme.

Dans le même sens, ces zones peuvent provoquer du plaisir sexuel “par la sensibilité autour du nerf vague (10ème nerfs crâniens le plus long du corps humain) avec des ramifications au niveau du système parasympathique, reliées à l’arrière-gorge par la langue, qui a également des connexions au niveau des parties génitales via le nerf pudental qui innerve le périnée”.

Le Dr Garnero rappelle que dans les modalités de stimulation corporelles, l’orgasme résulte la plupart du temps de stimulations régulières sur les principales zones érogènes sexuelles. Chez l’homme, il s’agit du pénis, des testicules et de la prostate et chez les femmes du clitoris, vagin, des grandes et petites lèvres grandes et du col de l’utérus.

On peut avoir aussi atteindre l’orgasme de façon indirecte grâce à "une voie d’entrée partielle via les zones érogènes secondaires (fesses, anus, seins, nombril, aisselles…) qui se propageront par les zones sexuelles dans un second temps avec un déclenchement par les zones préfrontales du cerveau". Pour rappel, l'orgasme d’un point de vue physiologique est accompagné pour les deux sexes de contractions de la musculature striée périnée, avec un rythme d’environ 0,8 contraction par seconde. L’orgasme de gorge n’est donc pas un but et un plaisir sexuel que l’on peut provoquer automatiquement.

Orgasme de gorge : comment le provoquer ?

Le Dr Sébastien Garnero tient à rappeler que "la stimulation de la gorge n’amène en rien une réponse systématique orgasmique par la suite à terme". Même si ce plaisir a déjà été ressenti, par exemple lors d’une fellation, il ne suffit pas "de s'entraîner pour conditionner cette réponse sexuelle puisqu’on voit bien qu’il ne suffit pas de se racler la gorge quand on a une pharyngite, ou bien comme pourrait le faire des personnes qui présentent un syndrome de Gilles de la Tourette, ou de la stimuler mécaniquement pour obtenir un orgasme".

Le sexologue précise qu’il s’agit en réalité plus d'"un climat d’excitation sexuelle, qui d’ailleurs pourrait advenir par n’importe zones érogènes du corps, que d’un orgasme de la gorge qui constitue un abus de langage". Si le spécialiste insiste, c’est car il craint que certaines personnes puissent penser "ne pas être normales" si elles ne parviennent pas à atteindre l’orgasme via la bouche et la gorge en pratiquant du sexe oral.

Même si ce phénomène est évoqué dans de nombreuses revues, le Dr Garnero estime qu’il s’agit en réalité "d’un épiphénomène, d’un abus de langage". "Pour éviter, des abus de ce type de pratique (gorge profonde), qui peut être agréable et générer du plaisir mutuel dans une fellation consentie pour les deux partenaires, il ne faut pas oublier que la fellation avec gorge profonde est parfois un acte difficile et pas anodin à réaliser car peut entraîner des nausées, vomissements, et étouffements dans les pires des cas".

Outre la douleur dans la gorge, le sexologue rappelle aussi que ce type de pratique sexuelle "peut se finaliser aussi par éjaculation du sperme dans la gorge et œsophage du partenaire, et qu’elle peut augmenter significativement le risque de MST (maladies sexuellement transmissibles)". Il recommande donc dans tous les cas l’usage du préservatif.

Sources

L'orgasme de la gorge est bien plus répandu qu'on ne le croit, Slate, 12 novembre 2022.

https://www.slate.fr/story/236171/sexe-orgasme-gorge-bouche-langue-nerf-vague-point-g-luette

mots-clés : sexe, gorge
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