"Alors que le couple est au bord du précipice, ou proche de sa fin, avec de fréquentes disputes, une incompatibilité de point de vue ou de style de vie, ou un désintérêt, une indifférence mutuelle, on essaye souvent de se convaincre qu’il faudrait continuer cette relation amoureuse qui ne semble plus avoir de sens", partage à Medisite Sébastien Garnero, docteur en psychologie, psychologue et sexologue clinicien chargé d’enseignement universitaire à Paris.
C’est un fait, de nombreuses personnes restent en couple pour les mauvaises raisons. Ne vous méprenez pas : il ne s’agit pas de faire l’apologie du célibat et d’inciter les couples à renoncer dès la moindre embûche. Sébastien Garnero nous donne les clés pour pouvoir identifier une relation qui n’en est plus une et qui est devenue toxique.
C’est le cas si vous restez en couple par peur de la solitude, pour "préserver" vos enfants ou parce que vous redoutez les réactions de votre famille.
Couple : la peur de se retrouver seul est souvent évoquée
"Certaines raisons qui poussent à vouloir rester en couple, sont mauvaises. C’est le cas s’il ne s’agit plus de rester avec quelqu’un par amour, mais par peur de se retrouver dans son individualité, préférant la dépendance affective toxique, à la liberté d’être soi-même", met en garde Sébastien Garnero.
La peur de se retrouver seul est souvent évoquée. "Elle va souvent d’ailleurs avec la peur de ne pas pouvoir retrouver un nouveau partenaire ou pire, de finir seul toute sa vie durant. Cette angoisse est la plupart du temps une conséquence d’un couple toxique qui a largement entamé l’estime de soi", ajoute le psychologue. Si vous êtes concerné, l’enjeu va être d’apprendre à vous apprécier à nouveau pour ce que vous êtes et de vous redécouvrir.
Parfois, c’est tout simplement l’annonce de la rupture qui semble insurmontable. "Pour certains, c’est difficile à assumer : on a peur de décevoir la famille, les amis… dépasser cette pression et sortir de certaines normes sociales est une phase importante pour se libérer intérieurement", poursuit Sébastien Garnero.
"Le deuil d’une relation sentimentale est bien souvent une douleur nécessaire pour accéder à un état de mieux être, ouvrant à nouveau des horizons vers la quête de soi, puis après une phase de reconstruction, un espace du possible vers potentielle relation amoureuse réellement épanouissante", conclu le spécialiste.
Sébastien Garnero nous liste en image les 13 mauvaises raisons de rester avec votre moitié.
La peur de la solitude
"Pour beaucoup de personnes, vivre en couple amène à être peu seul(e), dans un nous ou parfois, on peut se perdre, et être en couple uniquement dans un pôle de réassurance mutuelle, ou chacun est la béquille de l’autre. Ou pire, l’un s’oublie ou est au service de l’autre. Ainsi, certaines personnes restent en couple par peur d’être seule face à eux-mêmes, redoutant ce moment comme une épreuve indépassable, et préfèrent être malheureux que seul(es)", commente Sébastien Garnero.
La peur de ne jamais retrouver quelqu’un ou de mieux
"La peur d’être seul va souvent d’ailleurs avec la peur de ne pas pouvoir retrouver un nouveau partenaire ou pire souvent de finir seul toute sa vie durant. Cette angoisse est la plupart du temps une conséquence d’un couple toxique qui a largement entamé l’estime de soi".
La peur de perdre des avantages financiers, un certain confort, et statut social
"Elle est souvent en lien avec une forme d’insécurité personnelle qui se trompe d’objet en associant sécurité financière et sécurité affective amoureuse. Elle peut également s’inscrire dans un projet de couple qui était basé sur un désir de valorisation sociale au travers de la réussite financière, et donc une rupture du couple amènerait des conséquences financières négatives. Or, continuer un couple nocif pour ce seul motif de statut social ou de confort maternel ne permet pas, en soi, de pouvoir de s’épanouir amoureusement".
La crainte des réactions familiales et amicales
"Les craintes et les réactions de l’entourage familial et amical peuvent rendre la décision de rompre difficile. En effet, l’annonce d’une rupture est parfois difficile à assumer pour certaines personnes qui ont peur de décevoir leur famille, leurs amis, d’être en décalage par rapport aux conventions de leurs propres familles (“pas de divorce ou rupture chez nous”). Dépasser cette pression, et sortir de certaines normes sociales est souvent une phase importante pour se libérer intérieurement".
La crainte de ne plus pouvoir vivre une sexualité après
"Parfois, c’est un domaine qui a été investie depuis de nombreuses années avec une intimité partagée qui a créé une forme d’attachement sexuel dont il est parfois difficile de se défaire par la suite, décrit le psychologue. En réalité, la plupart des personnes retrouvent une sexualité tout à fait satisfaisante quelques mois après une rupture sentimentale".
La peur ou la crainte d’une mauvaise réaction de son ou sa partenaire
"Souvent, celui qui prend la décision de la rupture éprouve un sentiment de culpabilité, notamment face à une potentielle mauvaise réaction de son partenaire de couple. Or, cela fait malheureusement partie des épreuves de la vie auxquelles chacun doit un jour ou l’autre faire face. Dans d’autres cas de figures, c’est la réaction violente, les menaces ou le chantage affectif de son partenaire qui peut faire pression".
La peur de perturber ses enfants
"Quand le couple a des enfants, cette question de la culpabilité vis-à-vis d’eux est très fréquente, avec en toile de fond la crainte de perturber leur développement et leur équilibre, décrit le spécialiste. Or, le plus important pour les enfants est que leurs parents puissent continuer à jouer leurs fonctions parentales et les aimer même s’ils devaient se séparer. Et les enfants souhaitent plus que tout que leurs parents ne soient pas malheureux dans leurs relations. Ainsi, si le couple continue à être malheureux avec un retentissement majeur sur l’ambiance familiale, et ce, malgré des efforts importants, mais infructueux pour y remédier, parfois se séparer sera la seule solution. Et rester uniquement pour les enfants serait leur faire porter à terme la responsabilité de cet échec et de ce malheur. Ils ne doivent pas être l’enjeu d’une séparation".
La difficulté à percevoir la fin d’un couple
"Dans de nombreux processus de dégradation de la relation de couple, les crises sont cycliques et s’accélèrent au fil du temps. Bien souvent, certains s’habituent au fil du temps, en se disant que les choses vont finir par changer. Or, si ce processus continue malgré des phases d’accalmies, voire de réajustements, il faut parfois se résoudre qu’il ne s'agit pas d’une crise passagère, mais d’un processus qui ne risque pas de s’arranger avec le temps. Donc inutile d'avoir de faux espoirs".
Rester par nostalgie
"Ne vouloir s’accrocher qu'à de bons souvenirs, et idéaliser l’image d’un couple fusionnel du début de la relation entretient le déni. Ce mécanisme de défense ne permet pas de prendre conscience de la réalité des problèmes et crises qui perdurent et d’être objectif dans l’évaluation de votre vécu actuel".
L'angoisse de la séparation
"Bien souvent, le couple est un lieu où les premiers liens d’attachement et certaines blessures de son enfance vont refaire surface, notamment au travers des angoisses de séparation. Cela peut être nocif et destructeur".
La crainte de vivre la séparation comme échec personnel
"En fonction de son histoire amoureuse, de son éducation, la potentialité d’une rupture sentimentale peut être vécue comme un échec personnel. Or parfois, prendre des décisions pour sortir d’une impasse relationnelle est en réalité une réussite par rapport à soi".
La crainte du changement et peur de perdre ses habitudes de vie
"Parfois, certains couples - après de nombreuses années de vie commune - restent ensemble par peur du changement, par habitude, dans une forme d’inertie. Ainsi, par habitude, tel couple a toujours été ensemble et ne se voit pas autrement, même s’ils ne semblent plus éprouver de sentiment amoureux".
Rester en couple pour des mauvaises raisons par dépendance affective
"Certaines personnes présentent une forme de personnalité dépendante affective en lien avec des problématiques antérieures d’attachement insécures, de carences, de maltraitances, de failles narcissiques. Elles sont sujettes à de fortes angoisses de séparation et d’abandon qui peuvent les conduire à accepter l’inacceptable (menaces, maltraitance conjugale, violences, harcèlement…) sans pouvoir envisager la rupture".
Merci à Sébastien Garnero, docteur en psychologie, psychologue et sexologue clinicien chargé d’enseignement universitaire à Paris
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