Un médecin alerte: “Nous ne consommons pas assez d’iode!”Istock
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Beaucoup d’idées fausses circulent sur l’iode. “On a longtemps cru que l’iode n’était utile que pour notre thyroïde, constate le Dr Vincent Reliquet, médecin généraliste et auteur de “Les pouvoirs de l’iode”, paru aux éditions Guy Trédaniel. En réalité, une grande majorité de nos organes sont iododépendants, y compris le cerveau (l’iode est impliqué dans le sommeil, la santé mentale, la mémoire…), et l’on sait aussi que l’iode est prioritairement capté par les organes génitaux.” Qu’est-ce que cela change? Pour notre médecin, tout ou presque, car l’iode devient ainsi un minéral essentiel, bien plus que ce que l’on croit et nos besoins sont donc largement supérieurs à nos apports actuels.

Les carences en iode, probablement généralisées d’après notre spécialiste, pourraient ainsi avoir un lien avec la recrudescence des cancers du sein. “Nous avons aujourd’hui des éléments en faveur d’une relation très étroite entre carence en iode et cancer du sein, note le Dr Reliquat. Il nous manque encore des données cliniques, mais les hypothèses sont corrélées par certains constats : l’absence de cancer du sein chez les Japonaises qui ont une alimentation traditionnelle (riche en iode) alors que les expatriées affichent des taux de cancer du sein aussi élevés que les Européennes.”

Des besoins sous-estimés?

“Les recommandations de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) sont bien en dessous de nos besoins réels, car elles préconisent des apports journaliers en microgrammes quand nous aurions en réalité besoin de plusieurs dizaines de milligrammes au quotidien! se lamente notre expert. De plus les recommandations sont les mêmes pour les hommes et pour les femmes, alors que l’iode étant largement captée par le tissu mammaire, les femmes ont des besoins accrus. Tout juste aujourd’hui suggère-t-on aux femmes enceintes des apports supplémentaires et rien n'est fait pour qu'elles en consomment plus.

Comment expliquer ce décalage? “Nous nous sommes fait intoxiquer par une théorie américaine des années 50 à la validité douteuse, jamais remise en cause à ce jour et nous apprenons encore en Faculté de médecine que l’iode peut être toxique! regrette le Dr Reliquat. Il ne faut pas confondre l’iode utilisée en imagerie (dans les produits de contraste lors d’une IRM, NDLR) ou en cardiologie, effectivement toxique et l’iode que l’on trouve dans les aliments ou les compléments alimentaires. De plus, si nos reins fonctionnent normalement, les excès en iode sont naturellement éliminés par les urines.”

Favoriser des aliments riches en iode

L’iode est concentré dans l’eau de mer. Donc en théorie, on en trouve dans tous les produits qui viennent de la mer ou ceux qui sont cultivés près des côtes (grâce aux pluies chargées en minéraux marins).

Pourtant dans les faits, manger du poisson ne suffit pas pour couvrir nos besoins d'après notre expert et le sel iodé, mis en place il y a une centaine d’année pour lutter contre les carences en iode responsables de crétinisme ou de goître, ne permet pas à lui seul de combler les manques.

L’iode est un composé qui passe de solide à gazeux à température ambiante, prévient encore notre médecin, ce qui veut dire que l’on perd le minéral dans la salière, et plus encore s’il est mélangé à certaines épices (ail, poivre, piment, curry...). Mieux vaut donc miser sur les algues, excellentes sources d’iode, que l’on peut consommer en petite quantité - 30 g suffisent- à chaque repas, plutôt fraîches ou séchées naturellement (pas chauffées).

La parade aux perturbateurs endocriniens?

Si l’iode n’est pas suffisamment présente dans nos cellules, elle laisse de fait la place à d’autres molécules, en particulier les perturbateurs endocriniens comme le brome, le fluor, les perchlorates prévient encore le Dr Reliquet. Quand on sait les méfaits que peuvent produire ces perturbateurs endocriniens, on comprend que l’on a vraiment intérêt à lutter contre les carences.”

Le problème? Alors qu’il suffirait de procéder à un dosage urinaire sur 24H (iodurie) pour déceler les carences, cet examen n’est “même pas remboursé par la Sécurité sociale, déplore encore notre médecin, et peu connu des professionnels.”

Pire “face à des symptômes pouvant faire penser à une carence (manque d’entrain au réveil par exemple), on a tendance à rechercher une hypothyroïdie et à la traiter avec des hormones, plutôt qu’à ajuster les apports en iode”, conclut le Dr Reliquet.

Sources

Interview du Dr Vincent Reliquet.

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