Qui ne s’est jamais empêché d’éternuer pour ne pas déranger ou effrayer les gens autours, surtout en cette période d’épidémie de la COVID-19 ? Il faut le reconnaitre nous sommes nombreux à l’avoir fait machinalement. Mais ce réflexe du corps humain n’est pas anodin, le retenir peut avoir des effets nocifs.
Un éternuement projette l’air à plus de 50km/h
Un éternuement est un phénomène naturel. Cette expiration d’air brutale par la bouche et le nez est provoquée par un mouvement convulsif des muscles expirateurs comme le diaphragme en raison de la présence d’un élément perturbateur ou irritant au niveau des muqueuses nasales.
Par ailleurs, l’éternuement redynamise le système de circulation du mucus dont le rôle consiste à piéger et chasser les poussières, pollens ou autres éléments étrangers présents dans le système respiratoire.
Si les éternuements sont souvent provoqués par la présence d’agents irritants dans la muqueuse nasale, d’autres causes peuvent être la source de nombreux “atchoum”. Les personnes allergiques peuvent avoir des crises s’ils se retrouvent en présence de l’allergène (poils d’animaux, pollens…). Le rhume, la rhinite, un parfum trop fort, une polypose nasale peuvent aussi les provoquer. Certains patients souffrent également d’un réflexe photo-sternutatoire. C’est-à-dire qu’ils éternuent lorsqu’ils sont exposés à une forte lumière, ou même les rayons du soleil ! Entre 18% et 35% des Français sont touchés par ce syndrome.
Une étude de l’hôpital universitaire d’Alberta au Canada, publiée en 2013, révélait que l’air projeté lors d’un éternuement pouvait être aussi rapide qu’un scooter. En effet, si la vitesse était en moyenne d'environ 4,5 m/s (soit près de 16 km/h), les projections pouvaient atteindre jusqu’à 50Km/h sous certaines circonstances.
Des micro-gouttelettes qui peuvent parcourir jusqu’à 9 mètres
Lorsque nous éternuons, nous expulsons un nuage composé d'air et de gaz où des gouttelettes de plusieurs tailles sont en suspension. Selon les travaux de chercheurs du MIT (Institut de technologie du Massachusetts, Boston), publiés en 2014 dans la revue scientifique Journal of Fluids Mechanics, il donne la possibilité à ces "micropostillons" potentiellement infectieux de rester plus longtemps dans l’air.
Ce mécanisme permet aux gouttelettes de parcourir de grandes distances. Les experts ont estimé que sans l’aide du nuage, celles qui ont une taille supérieure à 100 micromètres sont en mesure de parcourir 2 mètres et les plus petites moins d’un mètre. Avec le nuage, les gouttelettes peuvent parcourir jusqu’à 6 mètres.
Pour les scientifiques de l’hôpital universitaire d’Alberta au Canada, les éternuements auraient une portée encore plus importante. Ils estiment que les bactéries et virus présents dans les gouttelettes expulsées sont capables de parcourir jusqu’à 9 mètres de distance.
Les scientifiques sont en léger désaccord sur la longueur parcourue par le nuage. Par contre, les professionnels de la santé s’entendent sur un point : il est déconseillé de se retenir d’éternuer. En effet, si cela vous permet d’être plus discret, ce n’est pas sans conséquence sur votre corps.
Éternuement retenu : attention à la gorge et aux tympans
Réprimer un éternuement peut causer d’importants dommages sur l’organisme. Des chercheurs de l’hôpital universitaire de Leicester (Royaume-Uni) mettaient en garde la population dans un article publié le 16 janvier 2018 au sein de la revue médicale BMJ Case Reports : “bloquer un éternuement en se bouchant le nez et en fermant la bouche est un geste dangereux qui doit être évité".
Ils s’appuient sur le cas d’un homme de 34 ans hospitalis, carr il avait d'importantes douleurs et un gonflement de la gorge. "Le patient a expliqué qu'il avait ressenti une sensation de craquement dans le cou après avoir tenté de bloquer un éternuement en se pinçant le nez et en fermant la bouche", indiquent les auteurs. Le patient ressentait également des difficultés à parler et à avaler.
En l’examinant, les docteurs ont entendu des craquements et des crépitements au niveau de sa gorge et sa cage thoracique. Un scanner a révélé qu’il avait une déchirure à l’arrière de la gorge.
Les scientifiques rappellent qu’étouffer un éternuement peut faire rapidement augmenter la pression dans les poumons. D’autres travaux estiment qu’elle devient de 5 à 24 fois plus importante. Cette dernière - surtout si elle est créée en bloquant narines et bouche - endommage les tissus. Les tympans peuvent être perforés. Des problèmes pulmonaires (liés au fait que de l'air reste dans la poitrine) ou encore avec le diaphragme peuvent apparaitre.
Rupture d’anévrisme, l’autre danger
L’augmentation de la pression lorsqu’on étouffe un éternuement peut aussi causer une rupture des petits vaisseaux sanguins superficiels des yeux, de la tête et du cou. Plus inquiétant encore, les auteurs de l’article du BMJ estiment qu’elle est en mesure de provoquer la rupture d’un anévrisme non-diagnostiqué.
“Avec un anévrisme, la partie faible [d'un vaisseau sanguin dans le cerveau] pourrait se rompre à tout moment, ou ne jamais se rompre du tout, mais un changement soudain de la pression intracrânienne peut provoquer sa rupture”, explique le Dr Tylor au site Men’s Health. “Mais c’est probablement moins courant que d'être frappé par la foudre”, rassure-t-il.
En effet, la panique n'est pas de mise. Les personnes qui se blessent gravement en réprimant un éternuement ont le plus souvent des problèmes de santé qui les rendent vulnérables. On peut citer entre autres des vaisseaux sanguins anormaux ou une chirurgie récente des sinus, vasculaire ou cérébrale.
Airflow Dynamics of Human Jets: Sneezing and Breathing - Potential Sources of Infectious Aerosols, Plos One, 1er avril 2013
Can Holding In a Sneeze Kill You ?, Men's Health, 20 octobre 2017
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.
Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.