Depuis peu, tout le monde connaît l’existence des PFAS, des pesticides dont une interdiction immédiate a été demandée par les ONG européennes. Dans l’eau, le TFA (acide trifluoroacétique) serait le PFAS dominant. Le TFA pénètre principalement dans l’eau en tant que produit de dégradation des pesticides PFAS et des gaz F (des gaz fluorés largement utilisés à diverses fins industrielles).
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Deux études récentes sur la toxicité chronique et la toxicité pour la reproduction du TFA montrent des effets similaires à ceux des PFAS, qui sont plus connus : une toxicité hépatique et des malformations congénitales.
55 échantillons d’eau potable (eau du robinet et eau minérale) provenant de 11 pays de l’Union européenne (UE) ont été analysés par diverses instances. Parmi elles, Génération Futures, une association française ayant pour but de soutenir une agriculture durable (en opposition à l’agriculture intensive utilisant des pesticides et des engrais de synthèse).
"L'eau potable de Paris et d'autres villes européennes est contaminée par un "produit chimique éternel" non contrôlé", rapporte sur X PAN Europe, un réseau d'organisations non-gouvernementales européennes.
Onze membres de PAN de onze pays de l'UE ont participé à la demande d’analyse : Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Croatie, Espagne, France, Hongrie, Luxembourg, Pays-Bas et Suède.
Tests sur l’eau du robinet
Le TFA a été détecté dans 34 des 36 échantillons d’eau du robinet européens des pays analysés. Seuls 6 % des échantillons d’eau du robinet étaient sans TFA.
Les valeurs trouvées allaient de "en dessous de la limite de détection" (< 20 ng/L) à 4 100 ng/L. Les valeurs maximales sont comparables à celles trouvées dans les rivières et les lacs européens.
Tests sur les eaux minérales
"Pour examiner si le TFA pénètre également dans les nappes d’eau d’où proviennent les eaux minérales, 17 échantillons d’eau minérale et 2 échantillons d’eau de source ont été inclus dans le programme d’étude : 12 des 19 échantillons étaient contaminés par le TFA, à des concentrations comprises entre "en dessous de la limite de détection" et 3 200 ng/L", rapporte un communiqué de Génération Futures.
Analyse des eaux potables de 4 villes françaises
En France, quatre villes ont passé les tests : Paris (2 100 ng/L), Metz (500 ng/L), Clairoix (200 ng/L) et Gilsy (84 ng/L). Paris est la deuxième ville avec le plus fort taux de contamination derrière une ville autrichienne.
Salomé Roynel, de PAN Europe, commente les résultats : "Nos études montrent que la contamination par les TFA a atteint notre eau potable. Les pesticides PFAS devraient être interdits aujourd’hui pour garantir que nous puissions continuer à boire notre eau en toute sécurité dans un avenir proche !"
Bien que la contamination par le TFA soit répandue, il n’existe actuellement aucune limite légale dans l’UE pour les TFA dans les eaux de surface, les eaux souterraines ou l’eau potable.
L’Agence allemande des produits chimiques a récemment proposé de classer le TFA comme toxique pour la reproduction.
"Nous sommes déjà indûment exposés à d’autres PFAS"
"La bonne nouvelle est que, dans presque tous les échantillons, les niveaux de TFA que nous avons trouvés semblent toujours être dans ce qui est considéré comme des limites sûres selon les connaissances actuelles. Mais les apports de TFA augmentent quotidiennement et le tampon de sécurité est déjà très réduit. De plus, nous sommes déjà indûment exposés à d’autres PFAS. Des mesures visant à prévenir une nouvelle contamination par le TFA doivent donc être prises immédiatement", a déclaré Helmut Burtscher-Schaden (Autriche).
Ce n’est qu’en 2026 qu’une valeur limite standard pour les "PFAS totaux" de 500 ng/L dans l’eau potable devrait entrer en vigueur, donc bien au-deçà des valeurs trouvées à Paris.
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