Les femmes sont connues pour avoir une plus grande longévité. En effet, les Françaises vivent en moyenne jusqu’à 83 ans, quand leurs homologues masculins atteignent les 78 ans. L’espérance de vie continue de progresser dans l’Hexagone. Toutefois, certains facteurs de risques pourraient réduire l'écart entre les deux sexes. C’est ce que le professeur Alain Furber, président de la Fédération Française de Cardiologie (FFC) a expliqué à Medisite.
L’organisme féminin naturellement plus résistant
Les femmes ont un risque bien moindre de faire un AVC, ou d’être victime d’un accident cardiaque, avant d’avoir atteint l’âge de la ménopause. C'est-à-dire en moyenne 51 ans.
Cette protection s'explique par des facteurs de risques moins présents que chez l’homme. Jusqu’à présent, la gent féminine fumait peu, avait une activité physique conséquente et présentait bien moins de cas de surpoids, comparé au sexe opposé.
“Nous avons d’une part une différence liée à la protection hormonale de la femme (atténuée à la ménopause) pour une espérance de vie identique dix ans après la ménopause” explique le professeur Furber. “Sur le plan physiopathologique, lorsque l’on est victime d’un infarctus, les artères se rétrécissent. Les œstrogènes diminuent ce risque chez la femme. Globalement, passé la ménopause, les différences s’atténuent”, ajoute-t-il.
Parallèlement, les professionnels de santé constatent ces dernières années une augmentation du nombre de complications cardiovasculaires chez les femmes âgées de 45 ans à 65 ans. Il peut s’agir d’un infarctus du myocarde, d’un AVC ou de divers problèmes cardiaques.
Cette hausse semble trouver son origine dans des comportements à risques de plus en plus présent chez les femmes comme une consommation de tabac, une sédentarité ou encore une obésité plus fréquente.
Selon Alain Furber, “les hommes commencent à faire attention à leur santé. Ils se mettent au sport, sont moins gros, et font attention à leur alimentation.” Ce changement de comportement chez les deux genres a une conséquence notable : l’espérance de vie est en hausse de six mois chez l’homme, et de seulement 2 mois chez la femme.
Par ailleurs, si ces dernières ont une durée de vie plus élevée, leur espérance de vie en bonne santé diffère très peu de celle des hommes : 64 ans en moyenne pour elles, contre 63 ans pour eux.
Entre 2000 et 2016, de plus en plus de Françaises ont été touchées par des maladies cardiaques, justifiée par les différents facteurs de risques cités. Par exemple, le taux d’infarctus grimpe de 5 % par an. C’est à ce jour la première cause de mortalité chez les femmes, soit 30% des décès. Les hommes meurent majoritairement de cancers, les crises cardiaques arrivant derrière.
Crise cardiaque : les femmes rattrapent les hommes
Concernant les hospitalisations des personnes âgées de moins de 65 ans, entre 2000 et 2014, le nombre de femmes hospitalisées à la suite d’un infarctus du myocarde a évolué plus vite que chez l’homme. On constate une augmentation de l’ordre de 40% chez les Françaises, alors qu’elle n’est “que” de 19% pour les Français.
C’est à partir de 65 ans que les tendances s’inversent : le nombre de cas est en baisse de 15% chez la femme, et de 10% chez l’homme. Cela s’explique par une diminution des facteurs de risques et une prise en charge médicale régulière.
“Si nous rentrons dans le détail de cette augmentation des complications cardiovasculaires, nous constatons une hausse des facteurs de risques chez la femme qui évolue plus vite que chez l’homme, et qui sont plus délétères ” indique Alain Furber. Ainsi, une femme qui commence à fumer pourra faire une crise cardiaque 14 ans avant l’âge moyen (75 ans), contre 6 ans chez l’homme (61 ans).
Se prémunir des facteurs de risques
Si les femmes ont une durée de vie plus élevée que les hommes, en moyenne de six ans, cette tendance tend à se réduire, depuis quelque temps. La sédentarité, le tabac et l’obésité favorisent l’athérosclérose. Cette maladie touche les artères, et forme des plaques potentiellement mortelles, car elles favorisent l'apparition de caillots sanguins.
De plus, la plupart des cas d’infarctus du myocarde touchent les femmes âgées de 45 ans à 65 ans, c’est donc avant cet âge-là qu’il est nécessaire de changer ses habitudes. “Il est nécessaire de connaître les éléments d’hygiène de vie (changement du mode de vie), de suivre une alimentation équilibrée, ne pas fumer, éviter ou savoir gérer le stress, et pratiquer une activité physique régulière”souligne le professeur Furber.
Autre conseil : n'ayez pas peur de consulter un médecin. Essayez, homme comme femme, de vous vous faire suivre régulièrement afin d’identifier les facteurs de risques cardiovasculaires, aussi bien l’hypertension artérielle, le diabète ou l’augmentation du taux de cholestérol dans le sang, qui sont le plus souvent asymptomatiques à leur apparition.
Professeur Alain Furber, président de la Fédération Française de Cardiologie (FFC)
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