La dopamine et ses effets sur notre vie au quotidienImage d'illustrationIstock
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Elle est à l’origine de notre désir. Elle régit notre comportement. À l’origine, cette molécule était simplement perçue comme un moyen pour le cerveau de transmettre des informations : ce qu’on appelle un neurotransmetteur. Seulement, des chercheurs ont essayé de comprendre plus en profondeur son effet sur l’organisme. Ce qu’ils découvrent les met en joie : lorsqu’elle est activée, le plaisir ressenti est difficile à réfréner. D’où son appellation : l’hormone du plaisir et le circuit de la récompense.

Au fil du temps, d'autres scientifiques ont cherché à en percer les secrets. Dans une étude sur des souris, ils ont injecté un mélange de cocaïne et de glucose radioactif pour comprendre quelles parties du cerveau brûlaient le plus de calories. Les résultats ont montré que plus l’activité cérébrale est importante dans le circuit de la récompense de la dopamine, plus l’euphorie est grande. À contrario, quand le corps éliminait la cocaïne, l’euphorie disparaissait.

Hormone du plaisir

Ce système fondamental à notre survie nous motive en réalité à réaliser des actions et à adopter des comportements nécessaires à notre survie et à celle de notre espèce : se nourrir et s’hydrater, se reproduire ou encore s’occuper de son enfant provoque en effet une libération de dopamine qui va activer ce circuit cérébral. Il en résulte une satisfaction, un plaisir qui constitue une récompense et nous conduit à renouveler ce comportement.

Les nombreuses études ont permis aux chercheurs de comprendre que la dopamine déclenche bien plus qu’une sensation de plaisir. L’activité dopaminergique est en réalité une réaction à l'inattendu. "Chez les êtres humains, la hausse de la dopamine est engendrée par la surprise, comme la réception d’un message de votre amoureux", expliquent le Dr Daniel Lieberman, professeur américain de psychiatrie et de sciences du comportement, et Michael Long, rédacteur, scénariste et dramaturge, dans leur livre Dopamine, comment une molécule contrôle notre désir, paru aux éditions First. Mais lorsque ces messages deviennent des événements ordinaires, la nouveauté s’estompe, et la dopamine aussi.

Pourquoi passons-nous de la passion amoureuse à l'indifférence ?

Cette conclusion ne serait-elle pas la réponse à la question que tout le monde se pose : pourquoi l’amour s’estompe-t-il ? Les scientifiques ont donné un nom à ce phénomène : l’erreur de la prédiction de la récompense. "Nous faisons constamment des prédictions. Quand ce qui se produit est mieux que ce à quoi on s’attendait, cette erreur déclenche la sécrétion de dopamine", précise le scientifique dans son livre.

Les clés d’un amour qui dure

Pour le scientifique américain, la dopamine est l’un des moteurs de l’amour. Mais pour que ce sentiment perdure, la nature de la relation amoureuse doit prendre un autre chemin. Rassurez-vous, c’est possible avec l’aide d’autres neurotransmetteurs : la sérotonine, l’ocytocine, les endorphines et les endocannabinoïdes. "Contrairement au plaisir de l’anticipation causé par la dopamine, ces substances nous procurent du plaisir par le biais des sensations et des émotions", précise le Dr Daniel Lieberman dans son livre.

La dopamine, qui régit le début d’une relation, laisse rapidement place à ces nouveaux neurotransmetteurs pour le plus grand plaisir d’un amour qui dure. Dans le langage scientifique, cela s’appelle l’amour de compagnonnage. "Quand cette deuxième étape se met en place, la dopamine est supprimée pour éviter à l’esprit de se projeter dans un avenir radieux, ce qui nous inciterait à déployer les efforts nécessaires pour en faire une réalité", explique le professeur de psychiatrie et de sciences du comportement.

Le côté obscur de la dopamine

Cette hormone présente malheureusement un aspect plus sombre : la dépendance. Tabac, alcool, jeux d’argent, drogue… Elle est le moteur de cette descente aux enfers. "Au départ, ces produits procurent effectivement du plaisir. C’est ce qui peut les rendre attractifs. Mais le piège vient du fait que leur action ne s’arrête pas là : s’ils conduisent à la libération de dopamine et à l’activation du circuit de la récompense, ils altèrent en parallèle d’autres systèmes cérébraux, notamment parmi ceux qui sont impliqués dans la régulation de nos émotions et de notre bien-être. Ainsi, les consommations et les pratiques addictives finissent par ne plus être réalisées par plaisir, mais pour sortir d’un état émotionnel négatif", explique l'Inserm dans un communiqué. La dopamine n’a qu’un mot à la bouche : toujours plus.