Souvent minimisée ou réduite à un simple coup de blues ou à une baisse de moral passagère, la dépression est un trouble mental tout sauf anodin. Cette maladie psychique est souvent confondue à tort avec la déprime. Or, la perte d’entrain, et le mal-être propres à la déprime se distinguent par leur caractère conjoncturel et passager, souvent lié à un contexte et des circonstances transitoires.
A contrario, dans le cas d’une dépression, un état de tristesse intense et pathologique s’installe de façon plus pérenne. Les perturbations de l’humeur laissent sourdre une profonde douleur qui consume l’estime de soi, assombrit les pensées et affecte tous les aspects de la vie et les relations aux autres, le cercle familial, professionnel, amical. La personne aux prises avec un épisode dépressif est submergée par le pessimisme et juge que sa vie est inutile, laissant germer dans son esprit des idées de mort et des pensées suicidaires.
Le trouble dépressif peut avoir des conséquences dévastatrices sur la santé de la personne concernée (perte totale de plaisir et d’intérêt pour toute activité, troubles du sommeil, d’appétit, fatigue, troubles de l’attention, de la concentration et de la mémoire, solitude etc), exposant à un risque majeur de suicide. 5 à 20 % des patients dépressifs se suicident, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Dépression : qui est concerné ?
N’importe qui peut être en proie à cette maladie psychique au cours de sa vie : 1 personne sur 5 a souffert ou souffrira de dépression, d’après l’Inserm. Néanmoins, certaines populations s’avèrent plus vulnérables. Les femmes d’abord : la dépression touche 50 % plus les femmes que les hommes, selon l’Organisation mondiale de la Santé.
Les jeunes âgés de 18-24 ans figurent également parmi les profils à risque d’épisode dépressif, rappelle l’assurance maladie. C’est également le cas des personnes vivant seules, les familles monoparentales, les personnes en situation financière délicate, au chômage ou celles dont l’épidémie de Covid-19 a porté un sévère coup au moral.
La dépression est un fléau invisible qui gagne du terrain, avec la dégradation de la santé mentale des Français. En témoigne une récente enquête de Santé publique France, qui montre une hausse du recours aux soins d’urgence pour troubles de l’humeur, idées et gestes suicidaires depuis 2021.
Dépression : une maladie protéiforme
Alors qu’un traitement, mis en place dès le premier épisode dépressif, est important pour réduire les symptômes et éviter le risque de rechutes, la prise en charge précoce se heurte souvent à la difficulté à repérer les symptômes dépressifs.
Protéiforme, la dépression peut en effet se manifester par certains signes insoupçonnés, comme l’explique Amélia Lobbé, psychologue, dans un post publié sur son compte Instagram @amelia.psychologue.
"Une dépression ne correspond pas toujours à l’idée qu’on s’en fait et se manifeste sous des formes moins décelables". La thérapeute partage 7 formes de "dépression masquée" qui doivent alerter et inviter à consulter son médecin et un psychologue. Tour d'horizon en images.
La dépression souriante
A première vue, la personne qui souffre de cette forme de dépression semble heureuse quand on la croise et ne laisse rien deviner du mal-être profond qui la ronge. Au contraire, celle-ci lutte pour ne pas afficher sa détresse et ne pas s’effondrer. "Elle va au travail et apparaît assez heureuse, en forme, énergique, bien dans sa peau et confiante en elle-même et en la vie, décrit Amélia Lobbé sur Instagram. Mais cette suradaptation est coûteuse et accentue le sentiment d’être seul" et sa détresse morale.
Des douleurs physiques et somatiques
Souffrir de troubles musculo-squelettiques, de désordres digestifs, d’infections à répétition en raison d’un système immunitaire affaibli, constitue autant d’expressions physiques possibles de la dépression à ne pas négliger.
L’excès d’alcool et la prise de substances
Une consommation excessive d’alcool, la prise de cannabis et autres drogues peut masquer une dépression. Ces substances sont considérées comme des exutoires d’un mal être, des "anxiolytiques". Mais, au lieu de panser la détresse, ces dérivatifs ne font qu’aggraver la détresse psychologique.
Une prise de poids ou un amaigrissement rapide
Les variations de poids accélérées doivent alerter. Grossir rapidement, par exemple prendre 10 kilos en deux mois ou à l’inverse, maigrir de manière fulgurante, peuvent être un symptôme de dépression.
Des comportements agressifs et colériques
Une agressivité ou une irritabilité soudaine, des attitudes violentes, des comportements auto-destructeurs peuvent aussi être le reflet d’un trouble dépressif. "Si votre partenaire a changé de comportement et semble irrité, sarcastique et sur le point d’exploser, peut-être cache-t-il un profond mal-être", prévient Amélia Lobbé.
Une anxiété prononcée
Un sentiment d’anxiété prononcé peut aussi être un marqueur de dépression, quand il s’accompagne de certains symptômes comme d’une forte tristesse ou d’une indifférence à ce qu’il se passe autour de soi.
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.
Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.