- 1 - Des prothèses importées en toute discrétion
- 2 - 15 à 30 % de prothèses importées
- 3 - Prix de la prothèse : un secret bien gardé
- 4 - Des prothèses à risque ?
- 5 - Mauvaise prothèse, danger pour la santé
- 6 - Des problèmes d’ajustement ?
- 7 - Des contrôles difficiles à effectuer
- 8 - La surveillance s’organise
- 9 - Hongrie, destination controversée
Des prothèses importées en toute discrétion
se façonner de manière industrielle, aux quatre coins du globe. Le patient, lui, l’ignore parfois. "Le chirurgien-dentiste n’a pas l’obligation de préciser l’origine d’une prothèse", explique le Dr Jean-Claude Michel, ancien président de la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD). "Mais tout praticien sérieux et honnête ne voit pas d’inconvénient à le faire." Encore faut-il qu’il le sache lui même. Certains laboratoires français confient tout ou partie de leur production à des entreprises étrangères, sans prévenir obligatoirement le dentiste.
Sans le savoir, vous avez peut-être en bouche une prothèse dentaire fabriquée à l’autre bout du monde. Fini le temps où les couronnes et autres bridges se fabriquaient au cabinet du dentiste ou en laboratoire artisanal. Ils peuvent maintenantA lire aussi :
3 solutions contre la mauvaise haleine15 à 30 % de prothèses importées
CNSD. Difficile de chiffrer l’importance exacte de l’importation dans l’Hexagone. Sur ce point, les avis divergent. Les plus réservés avancent 15 % du volume total. "C’est en tout cas ce qui ressort de notre sondage effectué auprès des cabinets médicaux", assure le Dr Patrick Hescot, ancien secrétaire général de l’Association dentaire française (ADF). Mais "la réalité approche davantage des 30 %", avance de son côté Maurice Dauvois, ancien président de l’Union nationale patronale des prothésistes dentaires (Unppd).
Chine, Madagascar, Maroc, Thaïlande : les prothèses dentaires "low cost" viennent de partout. "Légalement, nous ne pouvons nous opposer à l’import, ni discriminer les dispositifs selon leur origine", explique le Dr Jean-Claude Michel, ancien président de laPrix de la prothèse : un secret bien gardé
Unppd. Or, la différence ne se répercuterait pas forcément sur la facture finale du patient, selon lui : "Les dentistes ne veulent pas préciser le prix de la prothèse sur les devis. Les importations leur permettent de gagner plus." Un argument rejeté en bloc par le Dr Patrick Hescot : "Si un chirurgien pose un dispositif importé, le patient paie un peu moins cher normalement." Le hic : les dentistes s’opposent bien à la mention du prix des prothèses sur les devis. "Dans ce cas, il faudrait mettre tout le détail : le salaire de l’assistante, le prix du matériel, les charges", s’insurge le Dr Patrick Hescot.
"Les artisans français ne peuvent pas fabriquer de prothèses à moins de 120 €. Mais les prix des dispositifs importés commencent à 39 €", affirme Maurice Dauvois, ancien président de l’Des prothèses à risque ?
ANSM). L’Hexagone ne connaît pas les soucis rencontrés aux Etats-Unis en 2008. Des prothèses d’origine chinoise y ont révélé des teneurs en plomb inquiétantes. "Il n’y a pas de problème de qualité avec les dispositifs importés chez nous", soutient le Dr Jean-Claude Michel (CNSD). "Les fiches de traçabilité du fabricant précisent la composition des prothèses. Elles sont aussi bien faites que les françaises, voire meilleures parfois." Un avis loin d’être partagé par le prothésiste Maurice Dauvois (Unnpd) : "Les importations ne sont pas forcément de mauvaise qualité mais elles arrivent souvent sans contrôle. Rien n’oblige alors les fabricants à respecter les normes européennes."
"A ce jour, aucun incident grave n’a été rapporté", selon l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (Mauvaise prothèse, danger pour la santé
Les risques sont multiples. Une mauvaise adaptation ou une mauvaise cicatrisation entraîne des inflammations comme la gingivite, des infections, des décrochages, voire des lombalgies et des soucis d’articulation. Des points de contact mal ajustés entre le dispositif et les autres dents entraînent des tassements alimentaires. "Les matériaux de mauvaise qualité peuvent libérer des ions métalliques et provoquer des allergies", prévient le prothésiste Maurice Dauvois. En cas de problèmes d’adaptation de la prothèse, de grincements, de mauvaise haleine ou au moindre doute, il ne faut pas hésiter à consulter son dentiste.
Les problèmes de prothèse dentaire peuvent s’avérer très graves.Des problèmes d’ajustement ?
Unnpd) : les laboratoires étrangers sous-dimensionneraient légèrement leurs prothèses "low cost". "Ils veulent être surs qu’elles rentrent pour éviter les allers-retours interminables entre le dentiste et le lieu de fabrication." De son côté, le Dr Jean-Claude Michel rétorque qu’"il n’y a aucun souci de dimensions". "C’est le b.a.-ba du métier de prothésiste : respecter les instructions du dentiste." Selon lui, au moindre problème de taille, le praticien renvoie immédiatement la prothèse. Qu’elle vienne d’en bas de la rue ou de laboratoires en Chine. "Nous n’allons pas mettre en danger la santé d’un patient pour des économies de bouts de chandelle", se défend le Dr Jean-Claude Michel.
Autre problème soulevé par le prothésiste Maurice Dauvois (Des contrôles difficiles à effectuer
Au cœur du débat sur les prothèses importées : la question de la traçabilité et des contrôles, seuls moyens de savoir d’où vient le dispositif et quels éléments le composent. Chaque prothèse possède en principe sa propre fiche de traçabilité. Remplie par le fabricant, elle doit préciser l’origine des dents et les numéros de lot des matériaux, par exemple. "Mais pour près d’une prothèse sur trois, nous ne recevons aucune feuille", confie le Dr Patrick Hescot. Et "il est impossible de savoir si les importateurs disent vrai", estime le prothésiste Maurice Dauvois. Les contrôles restent difficiles à effectuer : "Il s’agit de dispositifs sur mesure, tous différents les uns des autres. En piochant une prothèse au hasard, les autorités ne peuvent pas forcément tirer des conclusions."
La surveillance s’organise
ANSM), la chaîne d’approvisionnement souffre d’un "manque de visibilité". Une situation qui "pourrait permettre la circulation de produits hors normes". Mais l’ANSES a engagé un renforcement des contrôles afin de s'assurer de la qualité et de la conformité des dispositifs.
De l’aveu même de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (Hongrie, destination controversée
Des prothèses à l’origine incertaine et un coût d’acte global toujours élevé pourraient pousser des patients à chercher une alternative. "De nombreuses personnes renoncent aux dispositifs pour raison financière", explique le prothésiste Maurice Dauvois. La Hongrie attire déjà des milliers d’Européens pour ses soins dentaires à bas prix. Avec des arguments de poids : séjour tout compris, prise en charge rapide, personnel francophone. Mais dentistes comme prothésistes français estiment la solution risquée. "La qualité des dents et du travail ne suit pas", affirme le prothésiste Maurice Dauvois. Une inquiétude partagée par le Dr Jean-Claude Michel : "En cas de problème, je peux donner des antibiotiques à un patient. Mais déontologiquement, je ne peux intervenir. Je dois le renvoyer vers mon confrère hongrois."
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