L'eau, mauvaise pour notre cœur ? Selon les résultats d'une étude menée aux Etats-Unis et publiée le 1er mai 2019 dans la revue Circulation: Cardiovascular Imaging, l'arsenic, un métal lourd naturellement présent dans les eaux souterraines et contenu dans l'eau de boisson, exposerait à des modifications de la structure du cœur, augmentant ainsi les risques de maladies cardiovasculaires.

Arsenic : des risques cardiaques élevés, notamment chez les hypertendus

Pour parvenir à ce constat, les chercheurs ont suivi pendant près de six ans 1337 jeunes adultes amérindiens (âgés de 30 ans en moyenne) de l'Oklahoma, de l'Arizona et du Dakota, des populations particulièrement exposées à l'arsenic du fait de la plus grande contamination des eaux souterraines dans les coins reculés où elles vivent. Des échantillons d'urine ont été collectés afin de mesurer précisément leur exposition à l'arsenic. Au début de l'étude puis tout au long du suivi, la taille, la forme et le fonctionnement du cœur de chaque participant ont également été analysés grâce à une échocardiographie. Aucun d'entre eux ne souffrait de maladie cardiovasculaire ou de diabète.

Au final, il a pu être observé que ces personnes, qui avaient un taux particulièrement élevé d'arsenic dans leurs urines par rapport à la population des Etats-Unis en général, avaient également 47% de risques en plus d'épaississement de la chambre de pompage principale du cœur (ventricule gauche). Ces risques étaient d'autant plus élevés (58%) chez les participants souffrant d'hypertension.

Les risques liés à l'arsenic particulièrement préoccupants dans les zones rurales


Selon les chercheurs, bien que cette étude porte sur des populations tribales, les résultats peuvent s'appliquer aux millions d'autres personnes vivant dans des zones rurales. En effet, si la concentration d'arsenic dans l'eau de boisson, aux Etats-Unis comme en France, est contrôlée (sa concentration maximale est fixée à 10 µg/L), Santé publique France explique que dans l'Hexagone notamment, "il existe des zones géologiques riches en arsenic, qui sont situées pour la plupart dans des départements bordant les zones de socle : Allier, Puy de Dôme, Bas-Rhin et Haut-Rhin, Vosges, Moselle, Hautes-Pyrénées". Or, l'exposition prolongée à l'arsenic, même à de faibles doses, est connue pour augmenter les risques de cancer de la peau, des voies urinaires, des reins, du foie et du poumon.

Arsenic dans l'eau : une meilleure réglementation pour prévenir les risques

Ainsi, les chercheurs ajoutent que "les personnes qui boivent de l'eau provenant de puits privés, qui ne sont pas réglementés [aux Etats-Unis], doivent être conscientes du fait que l'arsenic peut augmenter les risques de maladies cardiovasculaires", d'autant plus celles ayant une tension artérielle élevée. "Contrôler ces puits est un premier pas primordial pour prendre des mesures de prévention d'exposition à l'arsenic."

Reste à savoir si ces changements de la structure du cœur entraînés par l'exposition à l'arsenic sont réversibles si celle-ci est réduite. Mais selon les auteurs de l'étude, "les études observationnelles comme celle-ci sont essentielles, puisque les maladies cardiovasculaires restent la première cause de décès prématuré chez l'adulte dans le monde et que des millions d'individus sont particulièrement exposés à l'arsenic et à d'autres métaux lourds".

Malgré le caractère alarmant des résultats de cette étude, l'eau reste vitale ; il n'est donc pas question de s'en priver !

Sources

"Association of Arsenic Exposure With Cardiac Geometry and Left Ventricular Function in Young Adults". Circulation: Cardiovascular Imaging. 1er mai 2019.

"Arsenic in drinking water may lead to thickening of the heart's main pumping chamber". News Medical. 8 mai 2019.

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