Faire du sport peut-il vraiment aider à combattre la maladie de Parkinson ? C’est ce que semble en tout cas révéler l’étude publiée le 31 août dernier dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences (PNA). Selon les travaux des chercheurs du Johns Hopkins Medicine ainsi que du Dana Farber Cancer Institute de Boston, aux États-Unis, une hormone sécrétée dans le sang pendant un exercice de sport d'endurance ou d’aérobic réduirait les niveaux d'une protéine liée à la maladie de Parkinson et stoppait les problèmes de mouvement chez les souris.
Sachant que la maladie de Parkinson est une affection neurologique qui entraîne une perte de contrôle des muscles et des mouvements, cette découverte majeure laisse entrevoir la voie d’un possible traitement de la maladie de Parkinson basé sur cette hormone du sport appelée "irisine".
Cela confirme également l'importance de l'activité physique pour les personnes souffrant de la maladie de Parkinson pour réduire leurs symptômes et améliorer leur mobilité. "Pour 100 % des malades, c’est très important. Ça fait partie intégrante du traitement !", confiait déjà en 2020 à Medisite le Professeur Stéphane Thobois, neurologue.
Pas de déficit de mouvement grâce à la protéine irisine
Sans qu’on en connaisse véritablement les raisons, on sait depuis longtemps que les exercices d'endurance atténuent les symptômes de la maladie de Parkinson. Ted Dawson, du Johns Hopkins Medicine, et Bruce Spiegelman, du Dana Farber Cancer Institute, ont donc travaillé ensemble dans cette étude pour explorer le lien entre l'irisine, molécule du sport produite pendant l'exercice, et la maladie de Parkinson.
Pour commencer, il faut savoir que lorsque les protéines de synucléine alpha s'agglutinent, ces amas tuent les cellules cérébrales productrices de dopamine, un élément déclencheur clé de la maladie de Parkinson. Selon le professeur Ted Dawson, à l’origine de l’étude, les amas fibreux d'alpha-synucléine sont très similaires à ce que l'on trouve dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie de Parkinson.
Afin d ’étudier l’impact de l’hormone de l’exercice irisine sur la maladie de Parkinson, les chercheurs ont dans leurs essais testé les effets de l'irisine sur des souris modifiées préalablement pour présenter des symptômes similaires à ceux de la maladie de Parkinson. En pratique, comme le rapporte le site Science Daily, qui relaie l'étude, les scientifiques ont injecté de l'alpha synucléine dans une zone du cerveau de la souris, appelée striatum, où s'étendent les neurones producteurs de dopamine.
Deux semaines plus tard, les chercheurs ont injecté aux souris un vecteur viral qui a augmenté les taux sanguins d'irisine, qui peut traverser la barrière hémato-encéphalique. Résultat, six mois plus tard, les souris ayant reçu de l'irisine, l'hormone produite durant l’exercice physique, ne présentaient aucun déficit de mouvement musculaire, tandis que celles auxquelles on avait injecté un placebo présentaient des déficits au niveau de la force de préhension et de leur capacité à descendre une perche.
Parkinson : des taux d'alpha-synucléine réduits de 50 à 80%
Des études supplémentaires sur les cellules cérébrales des souris ayant reçu de l'irisine ont également démontré que l'hormone d'exercice réduisait les niveaux d'alpha-synucléine, liée à la maladie de Parkinson, de 50 à 80 %. L'équipe de recherche a démontré que l'irisine accélère également le transport et la dégradation de l'alpha synucléine via des sacs remplis de liquide appelés lysosomes dans les cellules du cerveau.
"Si l'utilité de l'irisine est avérée, nous pourrions envisager de la développer pour en faire un gène ou une protéine recombinante", a déclaré Ted Dawson, faisant référence au développement de médicaments visant à utiliser la génétique cellulaire pour traiter les maladies. Le co-auteur de l’étude est titulaire de la chaire Leonard et Madlyn Abramson sur les maladies neurodégénératives, professeur de neurologie et directeur du Johns Hopkins Institute for Cell Engineering.
Maladie de Parkinson : l'irisine, un traitement potentiel ?
"Étant donné que l'irisine est une hormone peptidique produite naturellement et qu'elle semble avoir évolué pour traverser la barrière hémato-encéphalique, nous pensons qu'il vaut la peine de continuer à évaluer l'irisine comme thérapie potentielle pour la maladie de Parkinson et d'autres formes de neurodégénérescence", a de son côté conclu le co-directeur de l’étude Bruce Spiegelman.
Au-delà des possibles traitements qui pourront être créés sur la base de cette hormone, cela conforte l’intérêt de l’exercice pour les patients atteints de la maladie de Parkinson pour la réduction de leurs symptômes et un maintien d’une meilleure capacité de mouvement.
Exercise hormone reduces protein levels linked to Parkinson's disease, news-medical.net, 12 septembre 2022.
https://www.news-medical.net/news/20220912/Exercise-hormone-reduces-protein-levels-linked-to-Parkinsons-disease.aspx
Amelioration of pathologic α-synuclein-induced Parkinson’s disease by irisin, Proceedings of the National Academy of Sciences (PNA), 31 août 2022.
https://www.pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.2204835119
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