Chaque année dans le monde, 9,9 millions de personnes sont nouvellement diagnostiquées de la maladie d’Alzheimer selon la Fondation Médéric-Alzheimer. Publiée dans Neurology, la revue médicale de l’Americaan Academy of Neurology, une nouvelle étude nous apprends que certaines personnes présentant des facteurs de risques génétiques liés à la maladie d’Alzheimer, seraient considérablement sensibles aux troubles dû aux anticholinergiques. Les chercheurs de cette étude tirent la sonnette d’alarme face à cette classe de médicaments largement utilisée.
Médicaments anticholinergiques : ils augmentent les risques de déficience cognitive de 47 %
L'étude a été menée sur 688 personnes âgées de 74 ans en moyenne. Aucune d'entre elles ne présentaient de problèmes de réflexion ni de mémoire. Seulement un tiers des participants prenaient déjà des médicaments anticholinergiques. Le métoprolol, l'aténolol, la loratadine et le bupropion étaient les plus couramment utilisés. Sachez que chaque médicament est différent et dispose de niveaux d’activité anticholinergiques distincts.
Parmi les 230 personnes qui prenaient des médicaments anticholinergiques, 51% ont développé une déficience cognitive légère.
Les personnes exposées aux médicaments présentaient un risque accru. Après un ajustement de plusieurs caractéristiques de l’étude, les chercheurs ont fait une découverte alarmante : les personnes prenant au moins un médicament anticholinergique avaient un risque de développer une déficience cognitive de 47% plus élevé !
"Nos résultats suggèrent de réduire l’utilisation de médicaments anticholinergiques"
"Nos résultats suggèrent de réduire l'utilisation de médicaments anticholinergiques avant que les gens ne développent des problèmes cognitifs et afin de prévenir les conséquences négatives de ces médicaments sur les capacités de réflexion, en particulier pour les personnes qui présentent un risque élevé de développer la maladie d'Alzheimer", a déclaré l’auteur de l’étude, Lisa Delano-Wood, Ph.D., de l'Université de Californie à San Diego.
Des études complémentaires sont maintenant nécessaires pour savoir s’il faut arrêter ou non l’utilisation de ces médicaments. En cas d'exposition élevée à des anticholinergiques, les risques de déficience cognitive augmentent et ce n’est pas à prendre à la légère. Une posologie adaptée est conseillé.
Selon Lisa Delano-Wood, la majorité des patients prennent des doses beaucoup trop élevées : 18% des patients ont déclaré prendre quatre fois la dose minimale recommandée ! Selon elle, il faudrait faire des recherches pour savoir s’il est possible de stopper l’utilisation de ce médicament. Avec les problèmes liés à ce médicament, les chercheurs déclarent qu’il serait préférable pour les patients qu’ils consultent leur médecin ou pharmacien pour évaluer la pertinence d'un tel traitement.
Médicaments anticholinergiques : Des effets cachés encore plus dangereux
Selon d’autres recherches publiées dans le Journal of the American Geriatrics Society, ces anticholinergiques sont plus dangereux que l’on pensait… Deux chercheurs, Chris Fox de l’université d’East Anglia et Carol Brayne, de l’université de Cambridge, ont mené leurs travaux avec l’aide de 13 000 personnes de plus de 65 ans, pendant deux ans. La moitié de ses participants prenaient les médicaments. Durant l’étude, 20% d'entre eux sont décédés.
Les chercheurs demandent ainsi aux médecins de réévaluer régulièrement les médicaments qui possèdent une action anticholinergique, sous ordonnances, des patients âgés, qui peuvent leur être fatal ou devenir néfaste à long terme.
Quelques symptômes à connaître
Une personne (surtout chez les sujets âgés) qui présente un des effets anticholinergiques tels que des hallucinations, peut notamment présenter des étourdissements, une difficulté à uriner, une mydriase ou encore la bouche sèche.
La liste des médicaments avec des effets plus ou moins sévères
Pour pouvoir évaluer la sévérité de leurs conséquences, un classement a été créé : l’Échelle du risque cognitif lié aux anticholinergiques. La sévérité des effets s’écrit en "score" sur une échelle allant de 1 à 3. Plus le score est élevé, plus le déclin cognitif est important. Le score 3 étant celui avec l’effet anticholinergique le plus sévère et le score 1 le plus faible. D'après l'étude de Chris Fox et Carol Brayne, certains patients avaient atteint un score de 4 voir plus !
Les types de médicaments anticholinergiques jugés comme les plus nocifs
Voici la liste de ces quelques médicaments notés avec un score de 3, identifiés par leurs noms génériques et leurs noms commerciaux américains :
- Amitriptyline (Elavil) ;
- Atropine (Sal-Tropine) ;
- Benztropine (Cogentin) ;
- Chlorpromazine (Thorazine) ;
- Clemastine (Travist) ;
- Clozapine (Clozaril) ;
- Darifenacin (Enablex) ;
- Desipramine (Norpramin) ;
- Dicyclomine (Bentyl) ;
- Dimenhydrinate (Dramamine);
- Diphenhydramine (Benadryl);
- Flavoxate (Urispas) ;
- Hydroxyzine (Atarax, Vistaril) ;
- Imipramine (Tofranil) ;
- Methocarbamol (Robaxin) ;
- Nortriptyline (Pamelor) ;
- Olanzapine (Zyprexa) ;
- Orphenadrine (Norflex) ;
- Oxybutynin (Ditropan) ;
- Paroxetine (Paxil) ;
- Perphenazine (Trilafon) ;
- Promethazine (Phenergan) ;
- Propantheline (Pro-Banthine) ;
- Quetiapine (Seroquel) ;
- Scopolamine (Transderm Scop) ;
- Trimipramine (Surmontil) ;
- Trospium (Sanctura).
Nearly 100 common drugs linked to increased risk of thinking and memory problems - Study Finds - 4 septembre 2020
Association of anticholinergic medication and AD biomarkers with incidence of MCI among cognitively normal older adults - Neurology - 2 septembre 2020
COMMON DRUGS TIED TO INCREASED RISK OF COGNITIVE DECLINE (press realease) - American Academy of Neurology 2 septembre 2020
Les chiffres clés - Fondation Médéric Alzheimer
Liste de 99 médicaments anticholinergiques potentiellement risqués pour les aînés - Psychomédia - 9 juillet 2011
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