Insuffisance rénale chronique : les inhibiteurs de la pompe à proton augmentent les risques de 20%Istock

Les risques accrus d’insuffisances rénales seraient liés à la prise de médicaments prescrits pour traiter les brûlures d’estomac, le reflux acide et les ulcères. Selon les résultats d’une étude menée par des chercheurs de l’Université de Buffalo (NY, États-Unis), les IPP ou inhibiteurs de la pompe à protons, seraient alors responsables de l’augmentation de 20% des risques d'insuffisance rénale chronique, avec des risques plus élevés chez les personnes de plus de 65 ans.

"Compte tenu de l'utilisation croissante des IPP à l'échelle mondiale, la relation entre les IPP et les maladies rénales pourrait constituer une maladie et un fardeau financier considérables pour le système de santé et la santé publique", explique le professeur David Jacobs, principal investigateur des recherches.

Des abus dévastateurs

L’étude a examiné les données et antécédents médicaux de 190 000 patients entre 1993 et 2008. Durant les 15 années, aucun participant ne présentait de maladie rénale. Le but des recherches était d’observer les effets de IPP sur la fonction rénale à long terme entre les patients ayant reçu un traitement par IPP et ceux qui n'étaient pas exposés. "Cette étude s'ajoute à la liste croissante d'effets secondaires et d'effets indésirables associés aux IPP", a ajouté le professeur David Jacobs.

Les IPP examinés comprenaient l'ésoméprazole, le lansoprazole, l'oméprazole, le pantoprazole et le rabéprazole (connus respectivement sous les noms de marque Vimovo, Prevacid, Prilosec, Protonix et Aciphex). Ce sont des IPP puissants qui empêchent l'estomac de fabriquer trop d'acide. Des études ont démontré leur utilisation à long terme, serait même associée à un risque accru de cancer gastrique.

"La prévalence de l'utilisation des IPP aux États-Unis pourrait avoir un effet dévastateur sur la santé publique. Comme ces médicaments sont toujours considérés comme sûrs, des initiatives d'éducation et de déprescription sont nécessaires pour sensibiliser les prestataires de soins de santé", conclut le professeur Jacobs.

Une utilisation injustifiée

Un quart de la population française, soit près de 16 millions de personnes, ont bénéficié d’au moins un remboursement par l’Assurance Maladie pour une délivrance d’IPP sur prescription médicale en France en 2015. Pour 8 millions d’entre elles, il s’agissait d’une initiation de traitement. Parmi eux, le traitement par IPP étaient associés à un traitement par anti-inflammatoires non-stéoridiens (AINS) dans plus de la moitié des cas.

Les IPP et les AINS étaient presque toujours prescrits ensemble, suggérant alors une protection gastrique à visée préventive. Cependant, dans 80% des cas, aucun facteur de risque justifiant l’utilisation systématique d’un IPP en association avec un AINS n’était identifiée.

L’ANSM rappelle qu’il est important de ne pas banaliser l’utilisation des IPP. En effet, bien que les IPP soient généralement bien tolérés à court terme, leur utilisation au long cours n’est pas sans risque.

Sources

La recherche lie les médicaments courants contre les brûlures d'estomac aux maladies et à l'insuffisance rénales, Université de Buffalo

Près de 16 millions de personnes ont eu une prescription d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) en 2015 en France - Point d'Information, ANSM

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