- 1 - Les principes de biomécanique
- 2 - Quelles sont les conséquences au quotidien et comment prévenir les crises ?
- 3 - Comment économiser son « Capital-Disque » ?
- 4 - Maintenant que faire en cas de crise ?
- 5 - Quelles sont les complications de cette pathologie ?
- 6 - Avec quoi peut-on confondre cette pathologie ?
- 7 - Quelles sont les implications avec le monde du travail ?
Les principes de biomécanique
Les vertèbres
La partie lombaire représente le soutien mécanique de l’ensemble de la colonne vertébrale car elle est située tout en bas, et s’articule avec le bassin. Les vertèbres sont cubiques, massives, adaptées au soutien, et peu mobiles entre elles.
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Les disques vertébraux s’intercalent entre chaque vertèbre. Leur rôle est de procurer la mobilité de la colonne, peu importante au niveau lombaire, beaucoup moins, par exemple, qu’au niveau du cou. Les disques, par ailleurs ont un rôle d’amortisseur, des contraintes qui s’exercent sur les vertèbres. Il faut savoir qu’ils sont constitués d’une partie centrale sphérique exactement comme un roulement à bille et d’un anneau périphérique fibreux.
Ces tissus malheureusement s’altèrent avec l’âge, et ne se renouvellent pas, contrairement à d’autres tissus humains. Sans aller jusqu’aux incroyables facultés de renouvellement qu’ont les cheveux ou les ongles, ils n’ont même pas la propriété de cicatriser comme la peau.
Il faut donc déjà retenir que ces disques supportent la charge de la moitié supérieure du corps et n’ont pas la possibilité de se réparer en cas de lésion.
Les ligaments
Venons en maintenant aux autres structures qui unissent les vertèbres ; les ligaments intervertébraux. Ceci sont multiples. Ce sont des éléments passifs qui ne font qu’attacher deux vertèbres adjacentes comme un câble qui relierait deux pièces mécaniques. La différence réside dans le fait que ces ligaments comme les disques sont littéralement bourrés de capteurs nerveux.
Ceux-ci, lors d’un effort excessif comme un écrasement par le port d’une charge très lourde, ou d’autres situations que l’on verra plus tard, envoient alors des messages nerveux vers les épaisses couches musculaires du dos et sont alors directement responsables de la sensation de blocage douloureux. Ce phénomène correspond sur le plan physiologique une contracture musculaire : « je suis bloqué ». Cela est tout à fait équivalent à la contracture très douloureuse du ventre de la péritonite, à la différence près que celle-ci est d’origine infectieuse.
Donc pour nous résumer, les disques et ligaments sont le siège de la mobilité de la colonne lombaire, se comportent comme des amortisseurs, ne peuvent cicatriser correctement, et sont directement responsables de la sensation de blocage douloureux.
Quelles sont les conséquences au quotidien et comment prévenir les crises ?
Il faut les économiser et renforcer les structures qui peuvent les aider.
Le patient qui consulte au cabinet et se plaint de lumbago n’a « rien fait de particulier » et que « c’est arrivé tout seul docteur ». Mais bien souvent une discussion plus poussée nous apprends qu’il aidé son beau-frère à déménager ou qu’il a bêché son jardin tout le week-end !
Comment économiser son « Capital-Disque » ?
Nous allons d’abord décrire les principes puis voir les situations au quotidien qui provoquent ou entretiennent les douleurs inconsciemment.
Le principe unique est qu’il ne faut pas surcharger un amortisseur, et cela d’autant plus qu’il n’est pas neuf et qu’on ne peut ni réparer ni changer la pièce ! N’imposez pas à votre dos ce que vous ne tolérez pas pour votre chère voiture ! Porter des choses lourdes, c’est l’écraser ; le plier en avant ou en arrière, c’est le fissurer ; se tourner brusquement en arrière les pieds fixés au sol, c’est le cisailler horizontalement.
Il faut donc apprendre à verrouiller mentalement ce segment du corps sinon c’est le chirurgien qui s’en chargera avec des tiges, des plaques et des vis !
Évitez de le surcharger
Au quotidien, il faut éviter de porter inutilement des charges lourdes et au premier chef vos kilos inutiles : il faut maigrir. Lorsque l’on marche, on porte en permanence la moitié supérieure du corps située au-dessus du disque malade.
Par ailleurs un gros ventre entraîne vers l’avant son propriétaire, lui creuse les reins et entretient ainsi les douleurs.
Évitez de le plier vers l’avant ou l’arrière
Il faut toujours se plier ailleurs qu’au niveau lombaire ; par exemple, si vous ramassez un objet au sol, pliez-vous au niveau des genoux en gardant le bas du dos bien droit. La plupart des gens diront qu’ils le savent et qu’ils le font déjà, mais faites l’expérience de vos oublis en mettant un objet dans une poche avant de chemise, qui ne manquera pas de tomber à chaque fois et de vous rappeler à l’ordre.
Lorsque vous êtes assis, il faut plier le corps non pas dans le bas du dos, mais au niveau des hanches, et pour cela il faut se caler bien au fond d’un siège droit. Il est souhaitable de dormir sur le dos, ou sur le côté à condition de ne pas se mettre en chien de fusil, genoux sous le menton.
La position sur le ventre est déconseillée, car cela creuse les reins et abîme les disques. C’est également pour cela que couchage doit être rigide, afin que la colonne reste bien droite. Si la possibilité d’investir dans un sommier et un matelas rigide n’est pas réalisable, il suffit d’introduire une planche en bois entre les deux. Il n’est pas cependant nécessaire de dormir par terre comme certains patients vous l’annoncent fièrement !
Pour en finir avec le problème du lit, et pour répondre à une question souvent posée, les relations sexuelles sont bien sûr autorisées. Il convient alors soit de rester sur le dos, soit en position assise le bas du dos bien droit, soit de rester couché(e) sur le coté. À vous d’adapter cela en fonction du sexe et des habitudes. Cela étant, l’abstention pendant 3 jours, le temps de la guérison est également autorisée !
Évitez de le tordre
Lorsque vous vous retournez, pensez à initier le mouvement par les pieds si vous êtes debout pour que cela soit l’ensemble du corps qui bouge et non pas le haut du corps par rapport au bas, le plan de torsion se faisant au niveau des disques lombaires.
Si vous êtes assis(e) il préférable d’avoir un siège à roulettes. Cela est le problème habituel des secrétaires qui n’en disposent pas toujours, ou qui ne l’utilisent pas sans s’en rendre compte. Il faut soit tourner en dessous du bas du dos c’est-à-dire au niveau des roulettes, et cela impose de prendre appui pieds au sol, soit au-dessus, au niveau du cou.
En aucun cas il faut amorcer le mouvement en imprimant une torsion brusque dans le bas du dos pour initier la rotation. Par ailleurs la réglage en hauteur est capital ; trop haut le siège vous forcera à vous voûter pour avoir accès à l’ordinateur. La position idéale est celle qui vous permet de travailler le bas du dos et le cou bien droits, avec la sensation que les coudes reposent sur la table sans avoir à se pencher en avant. Cela est valable également pour la conduite automobile ; le siège doit réglé à angle droit, si possible à la bonne hauteur, ainsi que le volant.
Que renforcer pour soulager cette colonne ?
On peut renforcer ce qui est le plus facilement modifiable dans le corps humain quelque soit l’âge : les muscles. Puisqu’on ne peut pas rigidifier la colonne elle-même, alors on aide la charpente centrale en renforçant les plans musculaires verticaux situés en avant (les muscles abdominaux), et en arrière les muscles du dos (les paravertébraux).
Pour ces derniers, le mieux consiste à nager sur le dos. Cette activité est en effet idéale car la position horizontale empêche le poids du corps d’écraser les disques, l’eau servant de support. La position en particulier en dos crawlé entraîne un excellent réflexe de redressement. Quant au travail des abdominaux, il est difficile à réaliser sans abîmer ses disques, pour cela ils vaut mieux se confier à un kinésithérapeute.
Au total une bonne compréhension du phénomène associée à une simple éviction des très nombreuses erreurs que nous faisons inconsciemment au quotidien permettrons de réduire significativement le nombre de crises d’une pathologie dont on ne peut par définition guérir.
Maintenant que faire en cas de crise ?
Bien entendu consulter son médecin, mais encore, quels sont les principes du traitement ?
Avant tout et surtout, il faut soulager les disques en restant allongé sur le dos ou sur le coté, le bas du dos bien droit. C’est ce qu’on peut appeler le traitement mécanique du lumbago, dans la mesure ou l’on impose même pas à son disque le poids du corps. Il est vrai que cette mesure est difficile à respecter pour des raisons professionnelles, et que, bien qu’il s’agisse de la prescription la plus logique et efficace, elle est rarement respectée.
Les médications se composent de traitements antalgiques, antiinflammatoires et de décontracturants musculaires. Ces médicaments ont tous des indications, mais surtout des contre-indications, et ne doivent en aucun cas conduire à une auto-médication. Cela est d’autant plus important à dire que le lumbago est une pathologie chronique et que le patient qui connaît les prémices de sa maladie aura tendance à vouloir se traiter tout seul.
Que faut-il penser de la ceinture de soutien lombaire ?
Celle-ci a certainement le mérite de bloquer le bas du dos, mais elle entraîne un état de dépendance et le patient ne peut plus s’en passer. Cela a pour conséquence à long terme une fonte musculaire qui aggrave le cas et qui constitue un cercle vicieux.
Le mérite principal de la ceinture est de serrer la partie basse du dos et de maintenir la vigilance de l’intéressé.
Que faut-il penser des infiltrations ?
Celles-ci permettent de délivrer localement au niveau du disque malade des doses importantes d’anti-inflammatoires sans effets secondaires.
C’est un traitement bien entendu palliatif, dont l’effet est transitoire, s’amortit avec le temps et qui ne peut pas se répéter très souvent.
Le traitement peut-il être chirurgical ?
Non, car nous ne disposons pas de prothèse discale ayant un recul chirurgical suffisant. On ne peut donc pas changer l’amortisseur. Dans certains cas, lorsque le lumbago s’inscrit dans une maladie plus générale qui déstabilise les vertèbres, on peut les bloquer par une opération avec greffe osseuse appelée arthrodèse. Cela est réservé à des cas très particuliers qui constituent la minorité.
Donc pour nous résumer, le principe majeur consiste à économiser sa colonne. C’est la seule attitude logique à long terme. Le traitement de la crise est de rester allongé idéalement 3 jours, de prendre des médicaments antalgiques, anti-inflammatoire et décontractant musculaire.
Quelles sont les complications de cette pathologie ?
Le lumbago s’accompagne parfois de sciatique qui est une irradiation douloureuse dans le ou les membres inférieurs. En effet il faut savoir que les nerfs naissent de la moelle épinière, passent au contact des disques pour quitter la vertèbre et se diriger vers les membres inférieur. La déformation du disque malade appelée hernie discale vient comprimer une racine nerveuse, constituant du nerf sciatique.
Cela donne les douleurs dites de sciatique. Selon le niveau du disque, le nerf incriminé peut donner des douleurs sur le devant de la cuisse, sur le côté, ou derrière. Le traitement est le même que celui du lumbago. En cas d’échec, le traitement est volontiers chirurgical, consistant à retirer la hernie discale que l’on repère au mieux par un scanner. Pour cela le chirurgien ouvre un espace entre deux vertèbres, au bon endroit, récline la moelle épinière et vient alors cueillir la hernie qui comprime le nerf.
C’est une chirurgie délicate qui nécessite beaucoup d’habitude, et des radiographies de bonne qualité.
Avec quoi peut-on confondre cette pathologie ?
Le danger pour les malades consiste à confondre différentes maladies dont les symptômes sont proches, et d’être tentés de prendre le même traitement que la voisine car « j’ai le même cas ». D’autres maladies totalement différentes donnent des douleurs à peu près au même endroit ; des pathologies inflammatoires, infectieuses ou cancéreuses.
Sans rentrer dans les détails, le signe le plus inquiétant est la présence de douleurs non corrélées avec une activité mécanique, mais volontiers nocturnes, insomniantes, avec de la fièvre. Cela illustre bien les dangers de l’automédication. Les douleurs de lumbago peuvent également se confondre avec les douleurs lombaires dues aux infections urinaires. Lorsque le rein lui-même est atteint, cela donne des douleurs très vives, des brûlures urinaires et de la fièvre. Même l’appendicite, dans des formes rares et particulières peut donner des douleurs siégeant dans le bas du dos.
Donc toute prudence est de mise avant de porter un diagnostic.
Quelles sont les implications avec le monde du travail ?
Le travailleur de force est particulièrement exposé aux lumbagos. Cela pose un problème de santé publique en raison du coût lié en particulier aux journées d’arrêt de travail. Le lumbago d’effort survient après un gros effort de soulèvement. La Sécurité Sociale rechigne souvent à la prise en charge au titre des Accidents de Travail du fait du caractère subjectif des symptômes, de la fréquence des déclarations, de l’absence de témoignage précis par un tiers, et du fait que l’on estime en ce qui concerne la réparation qu’il existait un état antérieur pathologique.
En effet, elle raisonne de même que l’assurance automobile qui vous rembourse après accident à la hauteur de la vétusté estimée du véhicule par l’expert. Dès lors qu’il n’existe pas de signes radiologiques visibles, l’appréciation des séquelles est difficile. Le médecin est souvent placé dans une position délicate vis à vis de son patient ; il ne peut ignorer la souffrance invoquée qu’il ne peut quantifier puisqu’il s’agit d’un symptôme subjectif, et prolonge les arrêts de travail pour une pathologie qu’il sait chronique.
Il peut joindre le médecin du travail après accord du patient, afin que celui-ci essaye de convaincre l’employeur de modifier le poste de travail. Cela est cependant difficile en pratique, et d’ailleurs d’autant moins que l’entreprise est petite.
Cela peut alors déboucher sur une mise en inaptitude au seul poste de travail proposé. Comme le patient a parfois peu de capacités d’adaptation, et ne sait rien faire d’autre que son métier d’origine, cela peut alors déboucher sur un licenciement sans indemnités. C’est le devoir du médecin d’éclairer le malade sur cette éventualité, de l’empêcher, ou d’orienter intelligemment vers une autre voie s’il n’est pas trop tard.
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