Alcoolisme : “L’alcool m’a menti, l'addiction est une solitude”

Adolescent, j’aurais aimé être sensibilisé aux dangers de l’alcool. J’avais une vision biaisée des alcooliques qui étaient pour moi des personnes qui n’avaient pas de volonté” témoigne Baptiste Mulliez. De sa première rencontre avec l’alcool à 14 ans à sa longue chute vers l’addiction, il en tiré un livre témoignage bouleversant : “D'avoir trop trinqué ma vie s'est arrêtée” co-écrit avec Judith Lossmann. Abstinent depuis 2015 il est devenu patient expert en addictologie et participe à la Semaine de la Santé Mentale organisée par la Fondation pour la Recherche Médicale du 11 au 15 octobre 2021 : “je veux aider les autres en semant des petites graines” explique le jeune homme.

Addiction : l'alcool comme échappatoire

"J'ai fini pas tout faire sous l’emprise de l’alcool"

Baptiste connaît une enfance heureuse jusqu’à ses 11 ans en Angleterre où sa scolarité à l’anglaise lui convient parfaitement. Revenu en France pour son entrée au collège, il ne se sent pas à sa place : “il faut entrer dans un moule qui ne me convenait pas” témoigne-t-il. Vers 14 ans il découvre l’alcool : “je voulais intégrer le groupe des ados qui buvaient", raconte-t-il. “J’ai tout de suite aimé les effets, l’alcool me permettait d’oublier ce qu’on attendait de moi et de raviver des souvenirs d’enfance heureux. Quand j’étais ivre, ça comblait mon manque de confiance en moi.” A 19 ans Baptiste perd son papa de manière brutale et c’est le début de la chute : “j’ai bu pour noyer ma souffrance, mon père n’était plus présent pour me donner un cadre.” Baptiste a besoin de plus en plus d’alcool : “je perdais le contrôle de ma vie, je planais hors de la réalité” raconte le jeune homme. “Je finis pas tout faire sous l’emprise de l’alcool, j’essaie de réduire mais je n’y parviens pas car toutes mes angoisses ressurgissent, je tremble, je fais des nuits blanches. La seule solution c’est de continuer de boire.”

L’amour et la bienveillance pour sortir de l’alcoolisme

“Le 31 mars 2015 je me mets une dernière cuite. Le lendemain, je suis dans un brouillard total, je vis dans le noir. Ma mère vient me voir dans ma chambre, elle se met au pied de mon lit et me demande si j’ai déjà songé aux alcooliques anonymes. Son amour et sa bienveillance à ce moment précis me permettent d’être réceptif." Coïncidence, ce même jour Baptiste reçoit une lettre de ses amis qui lui ouvrent leur cœur : ils sont inquiets et veulent l’aider. “Il fallait que je me rende à l’évidence, j’avais un problème et il fallait que je fasse taire cet orgueil qui me plongeait dans le déni.”

Les alcooliques anonymes : une identification salvatrice

“Quand j’ai participé à mes premières réunions aux alcooliques anonymes, je me suis rendu compte que je n’étais pas seul. Je me suis identifié aux autres personnes. Et surtout, j’ai compris que j’étais malade et que je n’étais pas une mauvaise personne” témoigne encore ému Baptiste. Le jeune homme de 24 ans sort peu à peu de son brouillard et se reconstruit. “Ma nouvelle vie s’est illuminée le jour où j’ai observé le ciel et que je me suis réellement rendu compte qu’il était bleu. J’avais plein de sensations, j’avais enfin accès à mes émotions.”

Devenir patient expert pour briser les tabous de la dépendance

"Je dois tout à ma sobriété, c’est une véritable libération”

“Je voulais me confronter à mes angoisses en écrivant un livre sur mon parcours. Après avoir buté pendant plusieurs mois, j’ai rencontré Judith Lossmann avec qui nous avons co-écrit le livre “D'avoir trop trinqué ma vie s'est arrêtée”. Je souhaitais aller plus loin, en devenant patient expert en addictologie j’ai enfin trouvé ma place dans ce monde que je fuyait depuis tant d’années.” A travers son expérience, il aide les patients au début de leur parcours d’abstinence : “je sais leur tendre la main et les valoriser, je vois qui j’étais avant” confie Baptiste. Le jeune homme intervient également dans les collèges, les lycées et les universités : “je veux être une voix audible pour les jeunes.”

N’oubliant pas ses années passées dans l’alcool, il nous confie que “l’addiction n’a pas détruit ma vie, elle l’a réorienté. Je dois tout à ma sobriété, c’est une véritable libération.”

Retrouvez Baptiste Mulliez vendredi 15 octobre sur Instagram pour un Live sur l’addictologie organisé par la Fondation pour la Recherche Médicale.
https://www.frm.org/semaine-sante-mentale pour voir ou revoir les Live de la Semaine de la recherche en santé mentale

mots-clés : Témoignage
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