Chaque femme, âgée de 18 à 37 ans, ayant eu ou non des enfants, a la possibilité de faire don de ses ovules (ou ovocytes) à des couples qui ne peuvent pas avoir d'enfant. Gratuit et anonyme, le don d’ovocytes est réalisé dans un établissement hospitalier.
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La PMA est-elle autorisée en France ?En principe, le don profite à des couples touchés par une infertilité médicale nécessitant le recours à des ovocytes d'un tiers donneur. Le don d'ovocytes peut également bénéficier à des couples sujets à des mutations génétiques risquant de transmettre une maladie grave à leur futur enfant. En outre, certaines femmes victimes de cancer ont subi des traitements qui ont détruit leurs ovocytes. C’est aussi pour elles que le don d’ovocytes existe.
Le don d’ovocytes consiste en une ponction des follicules contenues dans les ovaires de la donneuse, réalisée sous anesthésie locale. Mais avant d’en arriver là, un protocole doit être mis en place. Le même que pour une femme ayant recours à la FIV (fécondation in vitro, technique de procréation médicalement assistée). Si cette dernière part dans l’espoir d’aboutir à une grossesse, le don d’ovocytes est, au contraire, un geste purement altruiste.
"C’est un cadeau comme un don du sang ou de moelle épinière, nous explique Marion, une jeune maman de 35 ans qui a décidé de faire don de ses ovocytes. Une fois qu’il est fait, il va faire son chemin, mais il ne faut surtout pas se projeter. La donneuse ne doit pas espérer rencontrer ‘son’ enfant un jour. Le don est purement anonyme : cela signifie que l’enfant née grâce à ses ovocytes ne disposera d’aucun moyen de la retrouver".
Don d’ovocytes : "l’idée a longtemps germé dans ma tête"
"J’avais plusieurs fois entendu parler du don d’ovocytes. C’est quelque chose qui me touchait. L’idée a longtemps germé dans ma tête", témoigne Marion.
À 35 ans, cette professeure d’anglais s’est dit que "c’était le moment ou jamais". Mère de deux enfants âgés de 6 et 3 ans, Marion nous confie avoir nécessité une aide médicamenteuse pour sa première grossesse. "J’étais déjà sensibilisé au parcours PMA et au fait que certaines personnes aient besoin d’une aide médicale pour devenir parent".
C’est à la fin du premier confinement, alors qu’elle tombe par hasard sur un reportage consacré au don d’ovocytes, que Marion saute le pas. "L’émission expliquait que les délais pour les couples ayant recours au don d’ovocyte étaient encore rallongés de presque un an, dû à la Covid-19. J’y ai vu là un signe. Puis, tout s’est enchaîné".
"L’enfant qui sera issu de mes gènes ne pourra pas avoir accès à mes antécédents médicaux"
Si comme Marion, vous souhaitez donner vos ovocytes, sachez que vous devrez respecter une procédure relativement stricte avant le prélèvement. "Étant donné que ce don est anonyme, l’enfant qui sera issu de mes gènes ne pourra pas avoir accès à mes antécédents médicaux. C’est pour cette raison que nous devons dans un premier temps répondre à un questionnaire téléphonique mené par une généticienne : il consiste à s’assurer que nous ne sommes pas issues d’une famille aux antécédents médicaux récurrents", se remémore Marion.
L’étape suivante : l’échographie. "Il s’agissait de vérifier l’état de mes ovaires. Ils m’ont également fait une prise de sang pour identifier des éventuelles mutations génétiques qui pourraient mettre en danger mes descendants", poursuit Marion.
"Je ne voudrais pas qu’un jour on sonne à ma porte en me disant ‘bonjour, je suis votre fille’ "
Enfin, cette dernière a dû rencontrer une psychologue. "Elle voulait connaître mon état d’esprit par rapport à cette démarche. Cet entretien psychologique doit permettre de s’assurer que la donneuse ne vivra pas mal son don. Il ne faut pas partir du principe qu’on va peut-être rencontrer cet enfant un jour. Il ne faut surtout pas se projeter. C’est un don qui ne nous offre rien en retour".
De son côté, Marion semble avoir parfaitement intégré cet aspect. "Quand j’en parlais avec des amies, je sentais une gêne et je réalisais qu’elles se disaient que ça allait être un enfant de moi, sur la terre, avec mes gènes. Or, ce n’est pas une démarche qui me donnait l’impression d’avoir un troisième enfant. À part des gènes en commun, l’enfant conçu avec mes ovocytes n’aura aucun lien avec moi. D’ailleurs, si le don n’avait pas été anonyme, je n’aurais pas été prête à le faire. Je ne voudrais pas qu’un jour on sonne à ma porte en me disant ‘bonjour, je suis votre fille’. C’est un cadeau que j’ai fait comme un don du sang. Ni plus ni moins".
"Ma seule crainte : que mes enfants tombent amoureux"
Soutenue par son mari et par sa famille, Marion admet néanmoins avoir eu une crainte : "je me suis dit que si mon don débouche sur des enfants et que mes enfants tombent amoureux de ces derniers, cela deviendrait problématique". La jeune maman a pu être rassurée. Lorsque vous faites un don d’ovocyte, vos follicules seront attribués à une seule famille.
"En fait, c’est une donneuse pour une receveuse, nous précise Marion. Nous sommes loin du donneur de sperme, comme on voit à la TV, qui se retrouve avec 500 enfants (rire). En outre, comme il y a très peu de dons, les receveuses sont des mamans qui proviennent de toute la France, donc le hasard serait vraiment incroyable pour qu’un jour mes enfants rencontrent les leurs".
"Avec une aiguille, le médecin traverse l’utérus pour aller récupérer les follicules dans les ovaires"
Le parcours est ensuite devenu plus concret. "On m’a mise sous pilule pendant 15 jours afin de mettre mes ovaires au repos. Il faut commencer la stimulation en début de cycle. Donc cette mise au repos deux semaines avant était essentielle pour que mes ovaires soient dans de bonnes dispositions. Ensuite, à partir du moment où j’ai arrêté la pilule, les vingt jours qui ont précédé la ponction étaient consacrés à la stimulation de mes ovaires pour qu’ils produisent un certain nombre de follicules. Résultat : je me suis retrouvée avec une dizaine de follicules qui permettent d’ovuler dans chaque ovaire. C’est aussi ce que font les femmes qui ont recours à la FIV".
La stimulation des ovaires passe par des piqûres dans le ventre. "On peut se faire aider par une infirmière si on le souhaite, mais pour ma part, je m’en suis sortie seule, partage Marion. La dernière semaine avant la ponction, il fallait que je me rende à l’hôpital toutes les 48 h pour une prise de sang. C’était la période la plus contraignante pour moi".
"La ponction ne dure que 20 minutes et reste indolore"
Est arrivé le jour J. "La ponction nécessite une anesthésie locale. Cette intervention ne dure que 20 minutes et reste indolore. Avec une aiguille, le médecin traverse l’utérus pour aller récupérer les follicules dans les ovaires. J’ai pu suivre l’intervention à travers un écran. C’est assez fabuleux. On voit le follicule qui est aspiré ! À l’issue de la ponction, je suis restée une petite heure en observation".
Les suites de la ponction sont peu contraignantes, selon Marion. "Le jour même, je me trouvais légèrement fatiguée. Lorsque l’anesthésie ne fait plus effet, il est recommandé de prendre du doliprane et du Spasfon. Ça me lançait un peu au niveau de mon ventre, c’était comparable à des douleurs de règles. J’ai pu reprendre mon travail dès le lendemain".
S’il y a une chose que Marion tient à préciser, c’est que le don d’ovocyte ne remet aucunement vos chances de concevoir en question. "Ce n’est pas mon projet, mais on m’a bien assuré que je n’aurai aucun mal à retomber enceinte par la suite, affirme-t-elle. En outre, mon don ne m’a pas obligée à renoncer à ma contraception. J’ai un stérilet et je n’ai pas eu besoin de le retirer".
Merci à Marion pour son témoignage
Don d'ovules (ovocytes), Service Public, 29 janvier 2020
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