La ferritine est indispensable au bon fonctionnement de l'organisme, mais de quoi s'agit-il exactement ?
Qu’est-ce que la ferritine ?
La ferritine est une protéine de stockage du fer. Elle ressemble à une coquille d'œuf et s’avère capable de stocker du fer en son sein (jusqu’à 4 500 atomes de fer par molécule de ferritine), ce qui en fait la protéine de stockage du fer par excellence, en particulier au niveau des hépatocytes et du système macrophagique (hépatosplénique). Une augmentation de sa concentration plasmatique signe des réserves de fer accrues.
La ferritine est aussi une protéine de la réaction inflammatoire, sa production augmentant en situation d’activation macrophagique. Le syndrome d'activation macrophagique est une pathologie rare caractérisée par une activation et une prolifération excessive des macrophages et des lymphocytes T. Il peut survenir dans le contexte de maladies ou encore infections.
On la retrouve en grande quantité au niveau intracellulaire (dans le foie et les cellules appartenant aux globules blancs). Elle régule l’absorption intestinale du fer.
Pourquoi prescrire un dosage de la ferritine ?
Le dosage de la ferritine mesure la quantité de fer présent dans le sang.
Cet examen peut être prescrit pour trouver une cause d’anémie, ou bien détecter la présence d’une inflammation ou une hémocromatose (excès de fer dans l’organisme). Mesurer la ferritine permet aussi de vérifier l’efficacité d’un traitement visant à augmenter ou diminuer le taux de fer dans le sang.
Comment cet examen est réalisé ?
"Doser la ferritine est le premier examen que l’on fait pour rechercher une carence en fer", explique le Dr Ballongue. Concrètement, cet examen s’effectue par le biais d’une simple analyse sanguine.
"Le bilan s'effectue généralement le matin et il n'est pas nécessaire d'être à jeun pour le réaliser", ajoute le spécialiste.
Quel le taux de ferritine suivant l'âge ?
"La concentration de ferritine normale varie en fonction de l’âge et du sexe", affirme le docteur. Elle est élevée à la naissance, augmente pendant les deux premiers mois de vie, puis chute au cours de la première enfance. À l’âge d’un an environ, elle recommence à augmenter et cette augmentation se poursuit jusqu’à l’âge adulte.
Au début de l’adolescence, elle est néanmoins plus forte chez les garçons que chez les filles, tendance qui persiste jusqu’à un âge avancé. Chez l’homme, elle atteint un pic entre 30 et 39 ans et tend à rester constante jusqu’à 70 ans environ.
Chez la femme, elle reste relativement faible jusqu’à la ménopause, puis augmente de nouveau. Ce taux reste faible en raison des menstruations, des grossesses, de l’allaitement, etc.
En moyenne, pour une personne en bonne santé, les taux de ferritine sont les suivants :
- Femmes : 20-200 µg/l
- Hommes : 30-300 µg/
- Nouveau-nés : 50-400 µg
Taux élevé : attention à l'hyperferritinémie
Si le fer est indispensable à l'organisme, un excès de fer peut être néfaste. On estime que les taux de ferritine sont élevés au-delà des taux indiqués ci-dessus (notamment, à partir de 400 µg/L ou 500 µg/L).
Une hyperferritinémie peut être associée à une surcharge en fer, comme lors d’hémochromatose ou de transfusions sanguines itératives, mais le plus souvent, on observe une hyperferritinémie en l’absence de surcharge en fer.
Un taux élevé de ferritine peut être le signe :
- une hémochromatose ;
- une tumeur (on observe une élévation de la ferritine dans certains cancers et dans les hémopathies) ;
- un syndrome infectieux ;
- une cytolyse (destruction des cellules) ;
- un syndrome inflammatoire ;
- une consommation excessive d’alcool ;
- une lyse cellulaire (hépatique ou musculaire) ;
- un syndrome métabolique ;
- des thalassémies.
L’hyperferritinémie dysmétabolique (HD) associée au syndrome métabolique, est actuellement la cause la plus fréquente d’élévation de ferritine dans la population générale.
Un taux de ferritine élevé seul (bilan sanguin isolé), ne permet pas de mettre en évidence une pathologie sous-jacente. Un examen médical, associé à des examens complémentaires, est nécessaire.
L'hémochromatose : une hyperabsorption du fer
"Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’hyperferritinémie débouche rarement sur le diagnostic d’hémochromatose", reconnaît l'expert. En effet, elle reste finalement rare, alors que l’hyperferritinémie est un signe biologique fréquent.
"Cette maladie est caractérisée par une hyperabsorption intestinale de fer, l'hémochromatose, qui entraîne des dépôts de fer dans l’organisme qui détruisent peu à peu les organes", met en garde le généraliste.
Selon l’Inserm, une personne sur 300 en moyenne est porteuse de la principale anomalie génétique prédisposant à l'apparition de cette pathologie, les hommes étant trois fois plus touchés que les femmes. Environ 200 000 personne s seraient également porteuses de cette prédisposition génétique en France, 2 200 000 en Europe et 2 millions aux États-Unis.
Concrètement, chez le malade, le fer s'accumule progressivement et silencieusement dans l'organisme... Jusqu'à constituer une véritable surcharge. Généralement, entre 20 et 40 ans, la situation est susceptible de se compliquer si la pathologie n'a pas encore été traitée. Les patients peuvent alors souffrir de fatigue chronique et de douleurs articulaires dans les hanches, mais aussi dans les doigts et les poignets. D'autres signes sont visibles à l'œil nu : la peau s'assombrit, les cheveux se raréfient…
Si rien n'est fait, des complications, bien plus invalidantes, peuvent survenir chez certains patients. Les atteintes causées au foie par exemple peuvent évoluer vers une cirrhose. Cette pathologie endommage irréversiblement le foie. La cirrhose est aussi connue pour augmenter le risque de cancer, que ce soit le cancer du foie, mais aussi celui du pancréas.
Au niveau cœur, il y a un risque d'insuffisance cardiaque. Les bouleversements peuvent aussi être hormonaux, par exemple, lorsque le pancréas ne parvient plus à produire de l'insuline, conduisant au diabète. L'atteinte des testicules peut engendrer une impuissance, celle des ovaires une ménopause précoce, etc.
Taux de ferritine bas : gare à l’hypoferritinémie !
Un taux bas de ferritine peut être le signe :
- d’une carence en fer si l’anémie s’installe, la ferritine est au plus bas) ;
- d’un régime végétarien ;
- d’une hémolyse du paludisme ;
- d’hémorragies gynécologiques (fibrome, stérilet) ;
- d’un don de sang ;
- d’une grossesse ;
- d’un exercice intensif et régulier.
"Dans beaucoup de cas, la carence en fer est facile à repérer par divers signes cliniques et une prise de sang", assure le médecin généraliste.
Les symptômes à repérer sont les suivants : fatigue, pâleur, céphalées, irritabilité, crampes, douleurs musculaires, pieds et mains froids, troubles du sommeil...
Si l'anémie est plus avancée, on peut observer une augmentation du pouls, une vulnérabilité aux maladies infectieuses ou allergiques, une peau sèche, des commissures des lèvres fendillées, une chute des cheveux, des ongles striés et cassants, etc..
Dans d'autres, elle est cachée par des maladies inflammatoires et est difficile à détecter, même avec une prise de sang complète.
Le dosage sanguin du taux de ferritine permet de connaître les réserves en fer d'une personne, et de dépister de manière précoce une carence ou une surcharge en fer : un taux de ferritine bas (entre 0 et 30 µg/L) indique alors une carence en fer.
Toutefois, un taux de ferritine élevé n'indique pas forcément un taux de réserve élevé. La ferritine est un marqueur inflammatoire qui monte même en cas de carence de fer. Dans ces cas-là des analyses complémentaires sont alors indispensables.
Concentrations sériques de ferritine, OMS.
Hémochromatose génétique, Inserm, 1 janvier 2016.
Que faire devant une hyperferritinémie ?, Association Française de Formation Médicale Continue en Hépato-Gastro-Entérologie.
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