Le Covid-19 pourrait-il favoriser l'apparition de la maladie de Parkinson ? D'après les experts, oui. Le phénomène serait lié à la réponse immunitaire donnée par le cerveau face au coronavirus.
Covid-19 : des atteintes neurologiques sur le long terme
Si de nombreux malades se rétablissent rapidement d'une infection au Covid-19, pour d’autres, des séquelles s’installent sur le long terme. De graves atteintes neurologiques ont notamment été détectés chez certains patients.
Un problème gravissime, qu'avait relevé dès le mois de juillet l'Académie de médecine :
"L’atteinte cérébrale peut être directement liée au virus ou plus souvent la conséquence d’une anoxie prolongée chez les malades sous ventilation artificielle, d’accidents vasculaires cérébraux, ou d’un syndrome auto-immun comme l’encéphalomyélite aiguë disséminée qui, s’il s’accompagne de troubles périphériques et touche le diaphragme, peut aggraver les troubles respiratoires. On a décrit aussi des atteintes du tronc cérébral qui contribuent aux difficultés respiratoires”.
Conséquences neurologiques du virus : une "vague silencieuse"
Le 22 septembre, une équipe de scientifiques australiens a assuré que la troisième vague de Covid-19 (surnommée la "vague silencieuse") pourrait prendre la forme d’une augmentation des cas de maladie de Parkinson.
Pour justifier cette hypothèse, ils expliquent que la maladie de Parkinson pourrait se "déclencher" dans le cerveau, comme réponse immunitaire au virus.
Toutefois, les chercheurs, conscients qu'ils n'ont pas encore récolté suffisamment de preuves pour valider cette découverte, plaident en faveur d'une surveillance des premiers signes de la maladie neurodégénérative.
Ils suggèrent ainsi un dépistage neurologique à long terme des personnes ayant contracté le Covid-19.
Maladie de Parkinson et Covid-19 : les symptômes à reconnaître
Le cas d'un homme âgé de 45 ans, infecté par le Covid-19 et atteint de la maladie de Parkinson, a interpellé les chercheurs.
Son histoire, publiée sur le blog "Réalités Biomédicales", est destinée à paraître dans le numéro daté du 1ᵉʳ octobre 2020 dans la revue Lancet Neurology.
Pour cet homme, tout a commencé par des difficultés respiratoires, des douleurs au niveau des poumons, de la fatigue, mais pas de fièvre. Il est testé positif puis placé en isolement à l’hôpital dans une unité Covid.
Lors de cette période de quarantaine, l'homme voit son écriture changer. Les lettres sont plus petites et ce qu’il écrit est moins lisible. Le malade commence à avoir des difficultés à parler et à écrire sur son téléphone portable. Sa main droite tremble également.
De retour chez lui, les symptômes persistent. Le patient est alors admis dans le service de neurologie du centre médical Shaare Zedek de Jérusalem, deux mois après avoir été diagnostiqué positif au coronavirus.
Il se plaint alors de tremblements des membres inférieurs, plus importants à droite qu’à gauche, ainsi que de troubles urinaires (mictions fréquentes). Son élocution est ralentie et faible.
Les scientifiques essayent par conséquent de diagnostiquer ces symptômes. Ils étudient alors ses données cliniques et biologiques ainsi que son imagerie cérébrale. Pour eux, aucun doute : le patient est bel et bien atteint de la maladie de Parkinson.
Perte de l’odorat : un signe courant chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson
Perdre l'odorat n'est pas anodin. D'après les conclusions de l'équipe de l'Institut Florey de neurosciences et de santé mentale publiées sur le site Medical Press, ce symptôme courant doit vous alerter.
“Nous avons constaté qu'une perte d'odeur ou une diminution de l'odeur était en moyenne signalée chez trois personnes sur quatre infectées par le virus SRAS-CoV-2. Alors qu'en surface, ce symptôme peut sembler peu préoccupant, il en dit en fait beaucoup sur ce qui se passe à l'intérieur, qu'il y a une inflammation aiguë dans le système olfactif responsable de l'odorat”, explique Leah Beauchamp, chercheuse à Florey.
Elle ajoute "que la perte d'odorat représente une nouvelle voie pour détecter tôt le risque de développer la maladie de Parkinson chez une personne. Armés de la connaissance que la perte d'odorat est présente chez environ 90% des personnes aux premiers stades de la maladie de Parkinson et une décennie d'avance sur le moteur symptômes, nous sentons que nous sommes sur la bonne voie”.
Il est ainsi possible que des perturbations au niveau du bulbe olfactif soient impliquées. L'activation du système immunitaire à l'intérieur pourrait entraîner la production de formes toxiques d’une protéine (alpha-synucléine).
Mais d'autres travaux doivent voir le jour pour déterminer les causes de cette modification.
Maladie de Parkinson : comment savoir si vous en êtes atteint ?
La maladie de Parkinson est une maladie évolutive.
"Avant même que n’apparaissent les premiers symptômes, plus de la moitié des neurones dopaminergiques ont déjà disparu par un processus progressif", explique le site France Parkinson.
Des signes avant-coureurs peuvent donc exister avant même que le diagnostic ne soit posé.
Les symptômes les plus souvent constatés sont discrets ; il s’agit du fait d'être tout le temps fatigué et d'avoir des difficultés à se concentrer. Avoir du mal à réaliser ses tâches quotidiennes est aussi courant. Un signe également souvent constaté est la dépression.
Enfin, la micrographie (écriture de plus en plus petite) apparaît souvent avant les autres symptômes. Il s’agit d’un des symptômes propres à la maladie de Parkinson.
Mais les personnes concernées ou l’entourage le remarquent rarement.
Un cas probable de maladie de Parkinson après infection par le SARS-CoV-2, Le Monde, 21 septembre 2020.
Covid-19 et séquelles neurologiques : des chercheurs évoquent "une vague silencieuse", Yahoo, 23 septembre 2020.
Neurological consequences of COVID-19: The 'Silent Wave', Medical Press, september 23, 2020.
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