- 1 - Grandes villes : risque accru de cancer du poumon
- 2 - Des formaldéhydes dans vos meubles ?
- 3 - Méfiez-vous des lignes à haute tension
- 4 - Les bâtiments construits avant 1997 peuvent contenir de l'amiante
- 5 - Votre téléphone portable facteur de tumeur du cerveau ?
- 6 - Alimentation : plus de cancers dans le nord de la France
- 7 - Fumeur passif ou actif : cancers du poumon et de la bouche
- 8 - Cancers de la peau : l'écran total ne suffit pas toujours
- 9 - Le bisphénol A impliqué dans le cancer du sein ?
- 10 - Pesticides : les agriculteurs premières victimes de cancers de la prostate
Grandes villes : risque accru de cancer du poumon
La pollution atmosphérique causée par les particules fines est classée comme "cancérogène probable" par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). Ces particules fines sont issues principalement des gaz d’échappement des véhicules (en particulier le diesel).
L'étude de Pope et al. (5) de 2002 montre que les niveaux d'exposition chronique aux particules fines augmentent le risque de décès par cancer de poumon de 8% au-dessus de 10 μg/m3 (limite préconisée par l’Organisation Mondiale de la Santé)
D’après le rapport "Baseline Scenarios for the Clean Air for Europe (CAFE) Programme" (6), 600 à 1100 décès par cancer du poumon (soit 6 à 11% de la mortalité par cancer du poumon) seraient attribuables aux particules fines. Elles sont aussi responsables d’asthme, de bronchites et de maladies cardiovasculaires.
Quelle population est la plus à risque ? Les habitants des grandes villes en particulier. Les enfants et les personnes âgées sont plus sensibles au risque de cancer après une exposition chronique aux particules fines. Les patients souffrant d’une maladie cardiaque ou respiratoire et les asthmatiques doivent aussi limiter leurs sorties pendant les pics de pollution.
L’avis du Pr Jean-François Morere, cancérologue : "L’exposition aux particules fines augmente le risque du cancer du poumon mais il est moindre que celui du tabagisme. Le problème est qu'il est très difficile de mesurer cette exposition car cela dépend entre autres des conditions météorologiques. Par exemple, à l’est de Paris, on a un tissu industriel plus important que dans l’ouest, mais en hiver, l’ouest a une température un peu plus élevée car les populations sont plus favorisées et chauffent plus leurs logements. Cela provoque des vents thermiques et ainsi la pollution de l’est de paris va se déplacer et retomber sur l’ouest."
(5) Lung cancer, cardiopulmonary mortality, and long-term exposure to fine particulate air pollution
(6) Baseline Scenarios for the Clean Air for Europe (CAFE) Programme
Des formaldéhydes dans vos meubles ?
Depuis 2004, les formaldéhydes sont classés comme cancérogènes avérés par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Appelé aussi formol, ce conservateur est l’un des principaux polluants de l’air intérieur. On le retrouve dans les meubles en composite, certains jouets en bois, les bougies parfumés, les nettoyants pour vitre, le vernis et la colle.
Les formaldéhydes sont à l’origine de cancers du nasopharynx par voie aérienne chez l’homme, sur la base d’études épidémiologiques en milieu professionnel (8), et soupçonné de manière générale de favoriser également le développement de leucémies. D’autres études sont en cours sur les risques relatifs à la population en général.
Quelle population est la plus à risque ? Les cas de cancers par contact chronique avec les formaldéhydes se retrouvent principalement chez les employés de l’industrie chimique et du bois. Les enfants doivent également être protégés. Pour cela, il convient de penser à régulièrement aérer les pièces.
L’avis du Pr Jean-François Morere, cancérologue : "Je ne connais pas vraiment d’études précises sur l’impact des formaldéhydes sur les cancers. Mais je pense qu’ils occasionnent surtout des maladies professionnelles. Le principe de précaution dans ce cas-là doit aussi jouer."
Méfiez-vous des lignes à haute tension
Les champs électromagnétiques de très basse fréquence (de 0 à 300 Hz) ont été classés depuis 2002 comme possiblement cancérogènes par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). En effet, des études épidémiologiques, dont l’étude Draper (3) de 2005, ont démontré un lien entre des cas de leucémies aiguës chez des enfants et leur habitation à proximité d’une ligne à haute tension.
De manière générale, la proximité de ces lignes causerait également des troubles du sommeil, de la mémoire, de l’audition ou encore des maux de tête chez les enfants et les adultes.
Quelle population est la plus à risque ? Les enfants vivant à moins de 600 mètres des lignes à haute tension y sont plus sensibles. Les employés des industries électriques.
L’avis du Pr Jean-François Morere, cancérologue : "Même s’il n’y a pas de preuve absolue, on évite désormais de construire des crèches ou des écoles à proximité de ces lignes à haute tension. C’est un principe de précaution qui a été pris par les Autorités de santé en France. La tendance est aussi d’enterrer les lignes à haute tension situées près des zones habitées".
Les bâtiments construits avant 1997 peuvent contenir de l'amiante
85% des cancers de la plèvre (mésothéliome) sont dus à l’amiante selon l’Institut National du Cancer. Elle est aussi responsable de quelques cancers du poumon. Il s’agit en grande majorité de cancers dits professionnels.
La contamination se fait par inhalation des fibres d’amiante, des fibres minérales qui étaient utilisées pour leurs propriétés d’isolation et d’ignifugation. On les trouvait essentiellement dans la toiture des habitations, la peinture ou les vêtements de protection contre la chaleur…). Le caractère cancérogène de l'amiante est connu depuis les années 50 mais elle n’a été bannie définitivement des bâtiments qu’en 1997.
Quelle population est la plus à risque ? Les personnes les plus exposées sont les maçons, les électriciens et les plombiers qui ont travaillé de nombreuses années dans des bâtiments construits avant 1997 et donc contenant potentiellement de l’amiante
L’avis du Pr Jean-François Morere, cancérologue : "Si vous avez été exposés plusieurs années à l’amiante, ça peut mériter que vous vous fassiez suivre. S’il s’agit d’une exposition professionnelle cela vous donne droit à une prise en charge particulière, pour les autres cas il y a le FIVA, Le Fonds d'Indemnisation des Victimes de l'Amiante, qui peut être activé.
A noter qu’il faut avoir été exposé de façon assez prolongée pour développer une pathologie. Ensuite il y a une durée d’incubation : le cancer du poumon se déclenche environ 20 ans après l’exposition et celui de la plèvre 40 ans plus tard."
Votre téléphone portable facteur de tumeur du cerveau ?
Certains utilisateurs soupçonnent les téléphones mobiles d'augmenter le risque de cancer du cerveau. Pour répondre à cette crainte, plusieurs études internationales ont été menées dont "Interphone" (1), conduite dans 13 pays. Selon ses résultats parus en mai 2010, rien ne permet pour le moment de conclure à une augmentation des risques.
Mais depuis, une étude américaine (2) a prouvé que l'utilisation du téléphone portable active bien les zones du cerveau situées près de l'antenne. Pour autant, ses auteurs ne sont pas encore en mesure d'affirmer si cet effet est nocif ou non.
En attendant des résultats formels, le Ministère de la santé recommande d'éviter les conversations trop longues, l'usage du mobile dans les zones de mauvaise réception (parking, ascenseur, véhicule...) et de vous déplacer en téléphonant, la mobilité augmentant jusqu'à 1000 fois la puissance d'émission de votre téléphone.
Quelle population est la plus à risque ? Ce sont les enfants. En effet, on sait que leur boîte crânienne est plus fine et qu'ils subissent donc une exposition plus importante aux champs électromagnétiques du portable. Mais les adultes ne sont pas à l'abri.
L’avis du Pr Jean-François Morere, cancérologue : "Aujourd'hui, d'après ce que l'on sait, on ne constate pas véritablement de risques de développement de tumeur du cerveau avec les téléphones portables. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a en pas ! C'est l’avenir qui nous le dira. Par principe de précaution, il vaut mieux essayer de limiter l'usage du portable."
Alimentation : plus de cancers dans le nord de la France
Les Français courent davantage de risques de cancer au nord, d’après l'Atlas de la mortalité par cancer en France (10) publié par l’Institut national du Cancer et l'Inserm. Selon l’Institut National du Cancer : "après une première phase d’augmentation jusqu’à la fin des années 1980, le risque de décéder d’un cancer amorce globalement une décrue dès le début des années 1990, aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Mais si la plupart des cancers sont concernés par cette baisse, certains tels que les mésothéliomes, les cancers de la peau, du foie et celui du poumon pour les femmes continuent d’augmenter."
Ce sont les habitants du Centre-Ouest et du Sud-Ouest qui présentent le plus faible taux de mortalité due au cancer. "Cette structuration régionale persistante traduit l’importance des comportements régionaux passé dans les manières de boire, de manger, les rapports au corps et à la médecine", précisent les auteurs de l’Atlas.
Quelle population est la plus à risque ? Les habitants du Nord-Est et Nord-Ouest sont plus touchées, en particulier en cas de consommation d’alcool.
L’avis du Pr Jean-François Morere, cancérologue : "On meurt plus du cancer dans le nord que dans le sud. Un grand nombre de facteurs peuvent jouer mais en particulier les habitudes alimentaires. Dans le sud, on suit le régime méditerranéen avec une cuisine à l’huile d’olive alors qu’au nord, c’est plutôt à la crème ou au beurre. Les cancers de l’œsophage sont aussi plus importants en Normandie, en Bretagne et dans le nord de la France où une consommation éventuellement plus forte d’alcool peut être observée."
(10) Atlas de la mortalité par cancer en France (1970 -20074) Inca, INSERM, 28 janvier 2009
Fumeur passif ou actif : cancers du poumon et de la bouche
Selon l’INVS (Institut National de Veille Sanitaire), le nombre de décès liés au tabac en 2009 est de 37 000 par cancers. Les plus courants sont ceux du poumon mais aussi des voies aérodigestives supérieures (bouche, larynx, pharynx, œsophage), de la vessie et du pancréas. Le tabagisme est d’ailleurs le premier risque de cancer évitable en France.
A noter que depuis quelques années, l’incidence et la mortalité par cancer du poumon baissent chez les hommes mais augmentent chez les femmes qui consomment de plus en plus de tabac.
Le tabagisme passif est également responsable de cancers du poumon et des sinus, en particulier chez les jeunes, et de cancers du sein (9) chez les femmes pré-ménopausées.
Quelle population est la plus à risque ? Les fumeurs de longue durée, tout âge et sexe confondus. Les enfants et les femmes pré-ménopausées pour ce qui est du tabagisme passif.
L’avis du Pr Jean-François Morere, cancérologue : "Le tabagisme est la source essentielle de cancérisation des voies respiratoires. Ensuite cela va dépendre de votre sensibilité à certains produits de combustion du tabac. Nous avons tous en mémoire des gens qui fument énormément et qui ne sont pas du tout malades. Mais si vous avez les gènes qui vous rendent plus sensibles à ces produits, vous risquez de développer un cancer. Chez l’homme, on sait que c’est la durée d’exposition qui compte. Si vous fumez peu mais que vous fumez longtemps dans votre vie, ça augmente votre risque de cancer. Le tabac seul peut déclencher des cancers des voies aérodigestives mais le risque est accru s’il est combiné avec l’alcool."
Cancers de la peau : l'écran total ne suffit pas toujours
Près de 70% des mélanomes cutanés (cancer de la peau) seraient dus à l’exposition solaire d’après le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Les expositions brèves et intenses, celles qui occasionnent des coups de soleil, sont les plus nocives, surtout chez les plus jeunes.
A savoir : les rayons ultra-violets des machines à UV artificiels altèrent également la structure de l’ADN et peuvent provoquer des cancers ! Le risque est particulièrement important si on les utilise avant 30 ans.
Quelle population est la plus à risque ? La population du sud de la France présenterait moins de cancers de la peau, car une exposition modérée prolongée (augmentation de la production de vitamine D) peut être un facteur protecteur vis-à-vis du cancer. Les enfants sont à protéger tout particulièrement car leur peau est plus fine. La vigilance doit également être accrue pour les personnes à la peau claire qui rougissent plus qu’elles ne bronzent (phototypes 1 et 2) et celles qui ont plus de 50 grains de beauté répartis sur la peau.
L’avis du Pr Jean-François Morere, cancérologue : "Plus vous êtes exposés jeune au soleil et plus vous risquez de développer un cancer cutané plus tard. L’écran total ne suffit pas à protéger, il vaut mieux recommander le port de vêtements qui stoppent le rayonnement ultra violet, en particulier chez les enfants, et éviter l’exposition solaire entre 11h et 16h."
Le bisphénol A impliqué dans le cancer du sein ?
Officiellement, le Bisphénol A n’est pas reconnu comme cancérigène - ou plus précisément, il est jugé "inclassable par manque d’études" par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Cependant, une étude (7) menée en 2008 révèle qu'une exposition in utero au BPA augmenterait le risque de développer plus tard un cancer du sein…
Le bisphénol A, reconnu comme perturbateur endocrinien, est interdit depuis le 1er mars 2011 dans les biberons par une directive européenne. Il reste cependant présent dans certains plastiques alimentaires (canettes, boîtes de conserve) mais aussi des dvd, tickets de caisse, verres de lunettes… Le bisphénol A migre dans l’alimentation quand il est chauffé, mais peut aussi avoir des incidences directement par contact dermique comme dans le cas des tickets de caisse.
Quelle population est la plus à risque ? Les femmes enceintes et les jeunes enfants doivent tout particulièrement limiter leurs contacts avec cette substance, et ce par précaution en attendant des études plus approfondies.
L’avis du Pr Jean-François Morere, cancérologue : "On sait que le bisphénol A est une substance mutagène et, par principe de précaution, il vaut mieux éviter de l’utiliser au risque de peut-être développer un cancer."
Pesticides : les agriculteurs premières victimes de cancers de la prostate
18 pesticides dont le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) sont classés comme cancérogènes possibles par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer). La population est en contact avec les résidus de pesticides via les cours d’eau, les poissons des rivières et les fruits et légumes.
Mais c’est surtout l’impact de l’exposition professionnelle sur les agriculteurs qui a été étudiée. La cohorte américaine "Agriculture Health Sudy" (4) a ainsi démontré un risque accru de cancer du sein et surtout de la prostate chez les agriculteurs. D’autres études ont soulevé l’hypothèse de liens avec le cancer du cerveau, thyroïde, ovaires, testicules mais la diversité des pesticides et des populations concernées rendent difficile la mise en place d’études exhaustives.
Quelle population est la plus à risque ? Les agriculteurs qui travaillent régulièrement avec des pesticides. Les enfants et les femmes enceintes qui sont plus sensibles aux pesticides présents dans l’alimentation et les familles de pêcheurs qui consomment du poisson de rivière.
L’avis du Pr Jean-François Morere, cancérologue : "Les pesticides doivent être consommés en grande quantité pour être cancérigènes. Ce que l’on conseille quand on mange des fruits et légumes non bio, c’est de bien les laver et les éplucher avant de les consommer."
Remerciements au professeur Jean-François Morere, cancérologue à Bobigny, auteur du "Cancer Pour les Nuls", éd. First, avril 2011
- Cancer environnement
- Institut national du cancer
- "Cancer Toutes les Réponses à vos Questions", de Philippe Jeanteur, éd. John Libbey Eurotext, 2004
- "Cancer Toutes vos Questions, Toutes les Réponses", de Marina Carrère d’Encausse et Michel Cymès, éd. Marabout, 2008
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