Un lien puissant entre l'Homme et l'animal de compagnie
La psychologue Marie-Laure Aubignat compare l'attitude du maître face à son animal de compagnie avec celui d'un éthologue, spécialiste du comportement de l'animal : « Quand on écoute un individu parler de son chat ou son chien par exemple, on constate facilement à quel point il lui procure de l’attention, avec quelle intensité il analyse son comportement, comme s'il cherchait à l'étudier dans les moindres détails afin de décoder son langage ».
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La personne perçoit souvent son compagnon comme un être humain très cher, « il est quasiment considéré comme un enfant, il est choyé et son environnement est parfaitement adapté à ses besoins », analyse la spécialiste, mettant en avant le fait que les animaux de compagnie possèdent une place de plus en plus forte dans nos sociétés. « Nous pouvons parler d’une forme d’attachement puissante. L'animal de compagnie devient un petit confident intime dans lequel l’individu peut s’identifier, se projeter, se confier, jouer, sans crainte d’être déçu ».
Le compagnon parfait à tous les âges
Si pour les enfants, l'animal est le compagnon idéal pour s'amuser et créer un monde imaginaire dans lequel le chien ou le chat occupe une place particulière, il en est de même pour l'adulte ou la personne plus âgée. « L’animal peut être vécu comme la compagnie paisible, fidèle et réconfortante, réparant et pouvant venir combler un vide existentiel ou humain ». En effet, l’environnement social n'est pas toujours suffisant pour tous et il est parfois synonyme de conflit, notamment à travers le langage qui peut devenir source de malentendu. « En ce sens, la compagnie animale peut venir réparer et combler certaines déceptions. L'attachement ressenti est réconfortant et permet de retrouver une forme de paix intérieure. L'amour donné au chien ou au chat demande de l'attention, des caresses et des soins ; des moments privilégiés pendant lesquels le maître peut facilement projeter en lui toute forme de sentiments ».
Cependant, tous ne réagissent pas de la même façon face à la perte de l'animal.
Un deuil plus ou moins difficile à supporter
« Il suffit de passer un moment chez le vétérinaire pour se rendre compte de la situation », met en avant la psychologue, « il n’est pas rare d'y voir repartir des maîtres de chien ou de chat en larmes à l’idée de perdre ou d’avoir perdu leur petit animal de compagnie ».
La perte du goût de vivre
« Dans l'écoute de nos patients venant nous consulter, nous entendons fréquemment parler de la grande souffrance ressentie lors de la perte d’un animal. Prenons le cas d'une fratrie par exemple : certains adolescents ou enfants peuvent développer une profonde dépression, des cauchemars à répétition, et même une perte du goût de vivre ou de rentrer à la maison le soir après le décès de leur animal. On peut alors parler de deuil pathologique qui nécessite du temps avant de s'effacer, alors que pour d’autres enfants de cette même fratrie, le deuil est moins douloureux et ils s’en remettent plus rapidement », analyse la spécialiste.
Des répercussions physiques possibles
« Toute forme de deuil pathologique lié à la perte d’un animal de compagnie peut se traduire par des symptômes physiques dits psychosomatiques », affirme Marie-Laure Aubignat. « Quand un animal en fin de vie peut ne plus se nourrir par exemple, il n’est pas rare de constater que l’un des membres de la famille s’identifie au symptôme de son animal en souffrance et perde aussi son appétit. C'est une forme de mimétisme pour accompagner son compagnon, car perdre un animal que l’on a chéri pendant plusieurs années, c'est un peu comme perdre une partie de soi ! ».
Comment réussir à s'en remettre ?
Privilégier l'euthanasie dans le cadre de vie habituel
La spécialiste constate que les deuils sont souvent moins douloureux et mieux acceptés quand l'animal est euthanasié directement à domicile. « L’euthanasie est une action traumatisante et souvent très pénible à penser et à décider pour le maître. Mais quand il n'y a pas d'autre choix car l’animal souffre trop, les vétérinaires peuvent organiser les derniers moments de vie dans notre propre foyer et non au cabinet ». Cela permet à l'animal de rester dans son cocon habituel, ce qui est beaucoup moins stressant pour lui. « C'est également moins traumatisant et moins culpabilisant pour la famille qui peut se réconforter en se disant qu'elle aura tout fait pour son chien ou son chat, en l'accompagnant jusqu'au bout ».
Organiser une sorte de cérémonie funéraire
« Pour réussir à moins souffrir face à la perte d’un animal de compagnie, je préconise que le rituel du deuil puisse avoir lieu quasiment de la même manière que celui que l’on organise pour le décès d’un humain », annonce la psychologue. Bougies, musiques, repas de famille... Libre à chacun d'organiser la cérémonie qu'il souhaite, en fonction de ses croyances et habitudes.
Se faire accompagner par l'entourage
La psychothérapeute préconise par ailleurs aux personnes qui viennent de subir la perte d'un compagnon, de se confier à leur entourage et de ne surtout pas garder tout pour elles. « Le dialogue avec l’extérieur reste le plus important. Partager les émotions liées à la perte de son animal, en discuter à plusieurs reprises et se sentir compris et soutenu dans l’épreuve de sa disparition sont des éléments essentiels pour réussir à s'en sortir ».
Prendre le temps de faire le deuil
Parfois, les amis ou d'autres membres de la famille conseillent, maladroitement ou non, de reprendre un autre animal pour oublier son compagnon décédé. Mais cela n'est pas la bonne solution pour la spécialiste. « Un temps de deuil est souhaitable pour le psychisme humain. Aucun autre animal ne peut remplacer celui perdu », explique-t-elle avant de concéder : « Mais si c’est la seule consolation pour les maîtres endeuillés, alors ils le peuvent ! ».
Remerciement à Marie-Laure Aubignat, psychothérapeute.
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