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En France, environ 1 million de personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer. Et chaque année, 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués dans l’Hexagone, rappelle la Fondation Vaincre Alzheimer. Cette pathologie neurodégénérative constitue la première cause de démence dans le monde, connue pour être un des principaux facteurs d’invalidité et de décès, selon l’Organisation mondiale de la Santé.

L’apparition de la maladie d’Alzheimer résulte de la disparition lente et progressive des neurones. Les premières lésions neuronales surviennent dans la région du cerveau de l’hippocampe, une zone cérébrale qui intervient dans le fonctionnement de la mémoire et des apprentissages. C’est pourquoi les troubles de la mémoire, de l’orientation et de l’attention font partie des premiers symptômes à apparaître. Des signes visibles de la maladie qui mettent des années à apparaître.

Maladie d’Alzheimer : aucun traitement ne permet d’en guérir

A ce jour, il n’existe aucun traitement capable de guérir de cette maladie. Les thérapies disponibles permettent uniquement de ralentir le déclin cognitif, d’améliorer la qualité de vie, en retardant l’aggravation de l’état du patient.
La compréhension des mécanismes biologiques à l’œuvre dans la mort des neurones fait partie des terrains d’études privilégiés, afin de mieux cerner cette pathologie et d’espérer un jour la combattre.

Une avancée majeure pour mieux comprendre la maladie d’Alzheimer

Des chercheurs britanniques et belges pourraient avoir percé une des énigmes les plus complexes, en découvrant comment les cellules cérébrales meurent, en présence de la maladie d’Alzheimer.

On sait actuellement que la maladie provoque deux types de lésions neuronales, l’accumulation de protéines anormales, les protéines "Tau", et l’apparition de plaques "séniles" liées à l’agrégation d’une autre protéine, la protéine bêta amyloïde. La propagation de ces protéines nocives dans des régions du cerveau, finit par entraîner la destruction progressive des cellules nerveuses.

Un lien établi entre l’accumulation des protéines toxiques et la mort neuronale

Ce phénomène de mort neuronale est mal compris et les conjectures scientifiques font l’objet de débats enflammés depuis des décennies. "Dans la maladie d’Alzheimer, les cellules cérébrales meurent en raison de l’accumulation de protéines, mais nous ne savons pas comment", observe dans les colonnes de L’Echo de Belgique, le professeur Bart De Strooper, auteur principal de l’étude, et chercheur au laboratoire VIB-KU Leuven Center for Brain & Disease Research, à Louvain, en Belgique.

Dans son étude, le chercheur et son équipe, aidé de confrères du Dementia Research Institute de l'University College London (Royaume-Uni), pensent enfin avoir levé le mystère.

Dans la revue Science, parue le 14 septembre 2023, ils décryptent en détails leur découverte.

Le gène MEG3, coupable de la mort programmée des cellules

Quand la protéine amyloïde anormale commence à s'accumuler dans les espaces entre les neurones, cela entraîne une inflammation du cerveau.

En réaction, les neurones modifieraient leur chimie interne. "Nous avons découvert que les neurones s’autodétruisent après avoir été exposés à des plaques d’amyloïde et à des accumulations de protéines tau, sans doute sous la pression d’une inflammation dans le cerveau", décrit Bart De Strooper, cité par le média belge.

Les cellules cérébrales seraient en quelque sorte "poussées au suicide", c’est-à-dire à vouées à une mort cellulaire programmée, sous l’effet d’une molécule spécifique, le MEG3. "Nous avons constaté qu’un gène spécifique, MEG3, joue un rôle clé dans cette mort cellulaire programmée, la nécroptose dans le jargon", poursuit le chercheur.

Fait intéressant, lorsque les chercheurs ont bloqué le gène MEG3, les cellules cérébrales ont survécu. Ce qui signifie que cette mort cellulaire pourrait être évitée en réduisant la quantité de MEG3 dans le cerveau.

Alzheimer : vers la mise au point de nouveaux traitements

Ces conclusions ont été tirées en menant des expériences sur des cerveaux de souris génétiquement modifiées, dans lesquels les chercheurs avaient transplanté des neurones humains.

"Pour la première fois, nous savons comment et pourquoi les neurones meurent dans la maladie d'Alzheimer. Depuis 30 à 40 ans, les spéculations vont bon train, mais personne n'a pu mettre le doigt sur les mécanismes", se félicite Bart de Strooper, interrogé par la BBC. "C’est une preuve solide qu'il s'agit d'une voie de suicide spécifique".

Selon les scientifiques, savoir que le blocage de la molécule MEG3 peut retarder la mort des cellules cérébrales, pourrait faire avancer la recherche thérapeutique, en servant au développement de nouveaux médicaments d’ici quelques années.

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