C’est la deuxième cause de cancer évitable en France. Et c’est aussi le nouveau combat d’Axel Kahn, généticien récemment nommé président de la Ligue contre le Cancer. L’alcool tuerait chaque année 41 000 personnes, dont 15 000 par cancer. Interviewé par Le Parisien, le médecin monte au créneau contre les bières à forte teneur en alcool, dénonçant un “piège tendu aux jeunes”.
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En moyenne, une pinte de bière contient entre 4 et 7 % d’alcool. Mais certaines marques, plus fortement alcoolisées, dépassent les 16 degrés. Pour Axel Kahn, c’est “inacceptable”. D’autant plus que ces boissons sont vendues dans des canettes de 500 ml. “Une fois ouverte, on ne peut plus les refermer, il faut les boire jusqu’à la lie”, indique le scientifique. En termes d’alcool, cela reviendrait à boire l’équivalent d’une bouteille de vin.
Le médecin dénonce “un attentat à la santé des jeunes”. Car selon lui, ce sont les premiers à pâtir des stratégies marketing offensives des producteurs d’alcool. Vendues en supermarchés à des prix très abordables, ces canettes “attirent l'œil par leur allure colorée, provocante, qui sont inspirées de l’univers de la BD, du jeu vidéo”. L’expert précise que “l’alcool est partout, il n’épargne personne, surtout pas les milieux étudiants qui en consomment à toutes les soirées. C’est totalement désespérant”.
La Ligue contre le cancer demande une réglementation plus stricte
Le président de la Ligue contre le cancer invite donc les autorités à se saisir de ce problème, et propose deux solutions. “La première, interdire la vente de bières qui n’utilisent pas les procédés traditionnels de fabrication, ou tout du moins, leur retirer l’appellation ‘bière’”. Il vise tout particulièrement les boissons additionnées de sucres et de levures “afin d’augmenter leurs effets”.
Sa deuxième suggestion consiste à “augmenter très fortement la taxe en fonction du grammage d’alcool : les plus fortes seraient vraiment plus chères”. Une façon de dissuader les acheteurs - et notamment les étudiants dont le budget est souvent limité.
Outre le risque de cancer et de décès associé à la consommation d’alcool, l’expert rappelle que ce breuvage cause d’autres problèmes : “des violences, des accidents, des viols qu’on ne comptabilise pas”. S’il dénonce la négligence des autorités depuis des années, il compte bien agir, de son côté, pour protéger la jeunesse.
Bières très alcoolisées : un marché finalement peu développé
Contactée, par Le Parisien, l’association des Brasseurs de France rappelle que les bières dépassant les 10 % d’alcool ne représentent que 0,5 % du marché français. La majorité d’entre elles n’est d’ailleurs pas fabriquée dans l’hexagone.
À l’inverse, les bières sans alcool seraient en plein essor, puisqu’elles représentent, avec les panachés, 7,5 % du marché. “Une alternative à l’alcool est en train de s’installer”, assure le délégué général de l’association. Ce qui ne résout pas pour autant le problème lié à la surconsommation d’alcool par certaines populations.
Bières très alcoolisées : «Un attentat à la santé des jeunes», dénonce Axel Kahn, Le Parisien, 29 septembre 2019.
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