AVC : ces facteurs inattendus peuvent le déclencher Istock
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L'accident vasculaire cérébral (AVC) est un trouble vasculaire cérébral touchant les vaisseaux sanguins chargés d’amener le sang au cerveau. Il peut s’agir d’un caillot sanguin qui obstrue un vaisseau ou d’un vaisseau rompu. Le plus souvent, le flux sanguin rencontre un obstacle qui va bloquer son passage vers les différentes parties du cerveau. Ce phénomène va priver le cerveau d’oxygène, ce qui constitue une urgence vitale.

"Le cerveau est alors en grande souffrance, décrit le Pr Sonia Alamowitch, chef du service de Neurologie et d’Urgences Neurovasculaires de l’Hôpital Saint Antoine (Paris). Les effets dévastateurs d’un AVC sont souvent permanents, car les cellules cérébrales mortes ne sont pas remplacées".

La spécialiste évoque deux types d’AVC : "Les AVC ischémiques ou infarctus cérébraux représentent 80 % des AVC. Ils se manifestent lorsqu’un caillot de sang se forme et bloque la circulation sanguine dans une artère. Les AVC hémorragiques (20 % des AVC) surviennent par la rupture d’une artère, ce qui va déclencher une hémorragie cérébrale".

Les AVC, première cause de handicap chez l’adulte

Les infarctus cérébraux provoquent des dommages parfois irréversibles : lorsqu'ils sont privés d'oxygène en raison de l’obstruction vasculaire, environ 2 millions de neurones meurent chaque minute.

En fonction des zones du cerveau privées d'oxygène, les conséquences vont être plus ou moins importantes. "La zone touchée ne pourra alors plus fonctionner, ce qui pourra avoir un impact sur les facultés du patient comme sa mobilité, sa vision ou encore son langage, explique le Pr Alamowitch. Le plus fréquemment, l’AVC va affecter la mobilité du patient et le rendre paralysé. Et si l’AVC est très répandu, toutes les fonctions du patient peuvent être impactées".

En France, l’AVC touche 140 000 patients chaque année. Malheureusement, ils sont 30 000 à y succomber. "En outre, on estime qu’un patient sur deux gardera un handicap, précise le Pr Alamowitch. Les conséquences ne sont pas minimes et vont aussi avoir un impact sur le moral du patient. Il est relativement fréquent qu’un AVC génère à terme une dépression". L’AVC représente la première cause de handicap physique de l’adulte.

L’AVC peut survenir à tout âge : si l’âge moyen est de 74 ans, 25% des patients ont moins de 65 ans et 10% ont moins de 45 ans. Ces dernières années le nombre d’AVC affectant des personnes jeunes a augmenté de manière significative.

AVC : quels sont les principaux facteurs de risques ?

"Avant tout, les AVC sont principalement dûs à des facteurs de risques bien identifiés, ajoute le Pr Alamowitch. Majoritairement, il s’agit de facteurs déterminés par le mode de vie (et donc potentiellement modifiables)". Ces derniers sont associés à la survenue de 90% des AVC.

L’hypertension artérielle, un tueur silencieux

C’est l’un des plus grands facteurs déterminants dans la survenue de l’AVC. L’hypertension multiplie par neuf le risque, d’après les Hôpitaux Universitaires Paris Sud. En effet, lorsque la pression est élevée dans les vaisseaux, elle peut, soit, favoriser une hémorragie par rupture du vaisseau (AVC hémorragique ), soit, favoriser la formation de la plaque d’athérome (caillots) qui va boucher le vaisseau et provoquer un infarctus cérébral (AVC ischémique ).

Hélas, l’hypertension est une maladie fréquente, qui touche plus de 10 millions de Français. C’est un "tueur silencieux", qui, le plus souvent, ne génère aucun symptôme.

Le tabac favorise le rétrécissement des artères

Même chez les "petits fumeurs", le tabac constitue l’un des grands facteurs de risque de l’AVC. A court terme, le tabagisme favorise le rétrécissement brutal des artères et la formation de caillots. La fumée du tabac favorise notamment le spasme coronaire (angine de poitrine). "Le tabagisme entraîne aussi l'agrégation plaquettaire, l'augmentation de la viscosité du sang et le renforcement de fibrinogène, autant d’éléments concourant à la formation de caillots et de thromboses dans les artères", détaille Stop-Tabac.ch (Université de Genève).

"Les effets de l’arrêt (du tabagisme) sont immédiats et optimaux chez les jeunes de moins de 30 ans, même après un AVC : en 15 jours seulement, le risque de thrombose disparaît et ils récupèrent l’intégralité de leur capital cardiovasculaire", a rappelé la Fédération française de Cardiologie.

Une étude de cohorte (IRIS) a ainsi conclu que le fait d’arrêter de fumer après un AVC ischémique était associé à des bénéfiques significatifs sur la santé pendant 4,8 ans. Parmi les personnes ayant arrêté de fumer, le risque d’AVC (ainsi que d’infarctus du myocarde et de décès) était de 15,7% comparativement à 22,6% chez les personnes ayant continué à fumer.

Près de trois quarts des AVC pourraient être évités dans le monde

L’obésité et la sédentarité jouent aussi un rôle dans l’AVC. Les consommations de boissons sucrées ont notamment augmenté de 84 %, aboutissant à une augmentation de 63 % du risque lié à l’accident vasculaire cérébral. En agissant directement sur notre mode de vie, nous pourrions éviter près des trois quarts des AVC dans le monde estimait le Pr Valery Feigin (l'Université de technologie d'Auckland) dans son étude sur les AVC. Ce dernier suggère d’ailleurs la taxation sur le tabac, l’alcool, les boissons sucrées ou les graisses saturées et tout ce qui fait partie des facteurs de risques modifiables.

AVC : la pollution peut aussi le provoquer

De nouveaux facteurs de risque de maladies cardiovasculaires émergent de plus en plus au niveau mondial. Plusieurs études ont révélé que la pollution atmosphérique constituait aussi un risque majeur dans la survenue des accidents vasculaires cérébraux. C’est le cas de cette enquête parue en 2016, menée par le Pr Valery L. Feigin, de l'Université de technologie d'Auckland (Australie). S’il avait déjà été démontré que la pollution augmentait les risques de cancers et de maladies respiratoires, il s’avère que les AVC ne sont pas en reste.

Les particules fines entravent les vaisseaux et favorisent les caillots sanguins

En épaississant le sang, les particules fines (20 fois plus petites qu’un cheveu humain) provoquent la formation de caillots qui, à leur tour, favorisent la survenue d’AVC. On retrouve ces particules en extérieur, mais aussi dans les maisons, les bureaux ou encore les métros.

"Si elles ne forment pas de caillots, ces dernières vont détériorer vos vaisseaux, une fois inhalées, confirme le Pr Alamowitch. Et si les vaisseaux souffrent, le risque d’AVC augmente. Vivre dans une grande ville polluée vous rend donc plus à risque. En effet, en cas de pic de pollution, nous observons aussi une augmentation du nombre d’AVC. C’est donc clairement devenu un facteur de risque".

En revanche, contrairement aux idées reçues, les villes ne sont pas les seules à être touchées par la pollution de l’air. Les zones rurales le sont également. En France par exemple, la Vallée de l’Arve, dans les Alpes, avait attaqué l’État en justice pour cette raison. En effet, au pied du Mont Blanc, chauffage au bois, usines et trafic routier menacent constamment la santé des habitants.

La pollution, responsable de près d’un tiers des AVC

Les chercheurs ont découvert qu'en l'espace d'une vingtaine d'années, le rôle de la pollution dans la survenue d’AVC avait augmenté. Selon les chercheurs, un accident vasculaire cérébral sur trois est causé par la pollution atmosphérique. En effet, leurs résultats révèlent que à l'échelle mondiale, 29,2% des AVC ont été attribués à la pollution atmosphérique.

Selon les chiffres communiqués par l’OMS, la pollution de l’air tue chaque année 7 millions de personnes dans le monde. Une trop grande exposition entraîne ainsi des accidents vasculaires cérébraux, des maladies cardiaques, des maladies respiratoires comme les pneumopathies, et des cancers du poumon.

60 % des victimes d’AVC font de l'apnée du sommeil

L’apnée du sommeil se caractérise par une suspension momentanée de la respiration durant la nuit. "En France, le syndrome touche 4 % de la population", prévient l’Assurance Maladie. L’apnée du sommeil peut aussi jouer son rôle dans la survenue d’un AVC, selon la spécialiste.

L’apnée du sommeil, à l’origine de l’hypertension

"Les perturbations qu’elle implique peuvent générer des poussées hypertensives pendant la nuit, met en garde le Pr Alamowitch. Alors qu’ils dorment, les patients ne peuvent pas mesurer leur tension et risquent de passer à côté de cet épisode d’hypertension. Ce facteur de risque va donc pouvoir intervenir de façon chronique". Au moins 60 % des personnes victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC) ont souffert d’apnée du sommeil.

Une étude menée en 2016 par des chercheurs allemands de l’université d’Essen soulignait déjà l’impact de l’apnée du sommeil sur le risque de développer un accident vasculaire cérébral.

Plus de séquelles pour les patients apnéiques après un AVC

Un autre aspect alarmant a été suggéré par les chercheurs allemands : les patients victimes d’apnée du sommeil auront plus de mal à récupérer leurs facultés s’ils subissent un AVC. Un élément pour le moins préoccupant. On rappelle que 40 % des patients victimes d’accidents vasculaires cérébraux gardent des séquelles importantes, remettant en cause leur autonomie dans la vie quotidienne.

En effet, selon le Pr Alamowith, l’apnée du sommeil est aussi propice aux perturbations neurologiques. "Cela peut entraver la capacité de concentration des patients allant jusqu’à générer des troubles de la mémoire et de l’humeur", détaille-t-elle.

Hélas, malgré les risques de plus en plus démontrés de l’apnée du sommeil, les patients concernés sont encore très nombreux à ne pas prendre ce risque au sérieux. Selon un sondage OpinionWay réalisé pour la société Oniris, 60 % des personnes apnéiques ne se soignent pas et ne suivent aucun traitement.

Les températures extrêmes favorisent les accidents cardiovasculaires

Soyez prudents en cas d’hiver rude. Une chute brutale des températures pourrait aussi augmenter le nombre d'attaques cérébrales, semble-t-il. "En effet, plusieurs études ont déjà démontré que plus il fait froid, plus le risque d’AVC augmente, commente le Pr Alamowitch. Mais le lien de cause à effet reste encore difficile à déterminer. Néanmoins, il est vrai que le froid peut fragiliser la paroi de l’artère".

Le froid augmente jusqu’à 30 % le risque d’AVC

Une étude allemande parue en 2016, incriminait les températures extérieures dans la survenue d’AVC. Selon les chercheurs de l’université Jena University Hospital Thuringia (Allemagne), le froid augmenterait jusqu’à 30 % le risque d’accident cérébral. Leurs chiffres mettaient en lumière le nombre d’admission dans les hôpitaux pour des pathologiques cardiovasculaires en cas de baisse des températures.

Pour comprendre l’incidence du froid sur la santé des patients, les scientifiques avaient examiné près de 1700 Allemands admis à l’hôpital pour un AVC ou problème cardiovasculaire. Ils ont ensuite comparé les bulletins météorologiques trois jours avant l’arrivée des malades à la clinique. Ils sont ainsi arrivés à la conclusion que le froid favorise la survenue d’AVC (sur un terrain à risque).

Concrètement, à partir d’une baisse des températures de 2,9°C, le risque augmente de 11 % dans les deux jours suivant cette baisse. En outre, chez les personnes à risque (fumeurs, hypertendues ou souffrant de mauvais cholestérol), les dangers peuvent augmenter de 30 % !.

Le froid perturbe la circulation sanguine

Pour les chercheurs allemands, l’explication est simple : le froid aurait tendance à compliquer, voire obstruer la circulation sanguine et donc à favoriser l’apparition de caillots. Ces derniers peuvent donc boucher les vaisseaux irriguant le cerveau des patients.

En outre, le froid aurait tendance à rétrécir les vaisseaux sanguins et augmenter la pression artérielle. Deux facteurs réellement dangereux et déterminants dans la survenue d’AVC.

Les fortes chaleurs favorisent aussi les caillots sanguins

Pour le Pr Alamowitch, les épisodes de fortes chaleurs sont plus propices aux AVC que le froid. "Lorsque les températures atteignent leur apogée, en période estivale notamment, les individus vont rapidement se trouvés déshydratés, explique-t-elle. La déshydratation va épaissir et concentrer le sang dans les vaisseaux ce qui va favoriser la formation de caillots sanguins".

Plus votre sang devient épais et concentré, plus il sera difficile pour votre système cardiovasculaire de compenser en augmentant la fréquence cardiaque afin de maintenir la pression artérielle.

En clair, il semblerait que ce soient les températures extrêmes (chaud ou froid) qui augmentent les risques d’AVC. C’est d’ailleurs aussi la théorie des chercheurs de l’Helmholtz Zentrum de Münich : la canicule de 2003 a provoqué au moins 22 000 décès en Europe occidentale, et en 2012 la vague de froid en Italie a causé 1578 décès supplémentaires parmi les personnes âgées, ont-ils souligné. Les causes ? AVC ou maladie cardiovasculaires, des pathologies causées par l’obstruction d’une artère.

L’orgasme, facteur de risque d’AVC ?

En 2018, une Anglaise de 44 ans avait été transportée à l'hôpital à la suite d'un accident vasculaire cérébral survenu alors qu'elle était au bord de l'extase pendant un rapport sexuel. Pour certains médecins, ce n’était pas un hasard. En effet, plusieurs études suggèrent que le sexe et les orgasmes seraient une cause d'attaque cérébrale.

Un AVC lors d’un cunnilingus

L'accident en question avait eu lieu en octobre 2018. Comme l'expliquent les médecins qui ont dévoilé l'affaire, la quarantenaire avait perdu connaissance alors qu'elle recevait un cunnilingus. A ce moment-là, son partenaire avait remarqué que son corps s'était crispé. Après trois minutes d'inconscience, l’Anglaise avait retrouvé ses esprits mais s'était plaint de maux de tête. Elle avait ensuite été transportée à l'hôpital, où elle a subi un scanner.

Le verdict était finalement tombé : la victime ne souffrait pas de convulsions comme l'ont d'abord pensé les médecins, mais bien d'un AVC. Il s'agissait plus précisément d'une hémorragie sous-arachnoïdienne. "Aussi appelée hémorragie méningée, elle correspond à un type rare de saignement au niveau du cerveau lorsqu’une artère s’est rompue, décrit le Pr Alamowitch. Elle représente 5 % des cas d’AVC".

Des pics de tension pendant l’orgasme

Et si les médecins ne précisent pas clairement la cause de l'accident, ils expliquent que l'activité sexuelle est un élément déclencheur d'AVC "clairement documenté" dans la littérature scientifique : "De précédentes études qui se sont penchées sur l'activité des artères ont démontré que durant l'activité sexuelle, la tension artérielle et la fréquence cardiaque sont susceptibles de se modifier, avec des pics particuliers au moment de l’orgasme", ce qui pourrait contribuer à la rupture d'un vaisseau sanguin déjà légèrement endommagé.

L’orgasme n’est pas considéré comme un réel facteur de risque

Toutefois, il est important de mentionner que la victime avait sans doute un terrain pathologique sous-jacent, puisque les médecins notent qu'elle fumait régulièrement, buvait occasionnellement, était asthmatique et avait souffert du paludisme.

En effet, le rapport sexuel n’est pas reconnu comme un facteur de risque de l’AVC à proprement parler. Le cas de l’Anglaise est relativement rare et le lien de cause à effet ne peut être clairement établi à ce jour.

Le bruit ambiant augmenterait le risque d'AVC ischémiques

Selon une étude publiée dans la revue Noise & Health, chaque augmentation de 10 décibels (dBA) du bruit extérieur augmente le risque d'AVC de 6 % pour les personnes âgées de 45 ans et plus. C'est le constat qui a été fait par les chercheurs qui ont mené leurs recherches sur une cohorte de 1,1 million de personnes vivant sur l'île de Montréal pour les années 2000 à 2014. Durant la période analysée, plus de 25 000 personnes ont été admisent à l'hôpital pour un AVC. Les accidents vasculaires cérébraux ischémiques étaient plus fréquents, environ 21 000. Les chercheurs se montrent toutefois prudents face à leurs résultats : "Gardez à l'esprit que nous parlons d'une association entre le bruit et le risque d' AVC ischémique , et non d'une relation de cause à effet. Nos analyses statistiques sont imparfaites et nous ne pouvons pas conclure qu'un accident vasculaire cérébral est spécifiquement dû au bruit ambiant " a ainsi souligné l'auteur principal de l'étude Larisa Inès Yankoty.

Rappelons que de nombreuses études ont d'ores et déjà révélé que le bruit avait des effets néfastes sur la santé, notamment au niveau cadiovasculaire et dans la survenue d'infarctus du myocarde.

Sources

Merci au Pr Sonia Alamowitch, neurologue et chef de service Neurologie de l’Hôpital Saint Antoine (Paris).

Accident vasculaire cérébral (AVC), Inserm

Role of sleep-disordered breathing and sleep-wake disturbances for stroke and stroke recovery, Neurology, 3 août 2016

Subarachnoid haemorrhage: a sinister cause of transient loss of consciousness during oral sex, The BMJ, 2018

La prévention des AVC, Ministère de la Santé, 30 novembre 2017

Hypertention artérielle et AVC, Hôpitaux Universitaire Paris Sud

Short-term effects of air temperature on cause-specific cardiovascular mortality in Bavaria, Germany, NCBI, Août 2014

Global burden of stroke and risk factors in 188 countries, during 1990–2013, The Lancet, Juin 2016

Neuf personnes sur 10 respirent un air pollué dans le monde, OMS, 2 mai 2018

https://medicalxpress.com/news/2022-10-ambient-noise.html

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