Contrairement à ce que vous pourriez penser, le problème de boisson n’est pas toujours flagrant. Une personne alcoolique n’a pas forcément les joues rouges, les yeux injectés de sang, ni l’incapacité de tenir des propos cohérents. Elle n’est pas toujours isolée, sans famille ni emploi. Bien au contraire, ce trouble peut survenir de façon beaucoup plus insidieuse, et même vous concerner sans que vous en ayez conscience. On parle alors d’alcoolisme fonctionnel. On vous liste les indices qui doivent vous mettre la puce à l’oreille dans ce diaporama.
Qu’est-ce qu’un alcoolique fonctionnel ?
Ce terme a été utilisé pour la première fois en 2007, dans une étude menée par le Dr Howard B. Moss et son équipe de la National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism (NIAA). Les chercheurs avaient mis en évidence quatre types de dépendance à l’alcool, dont l’alcoolisme fonctionnel. Cette catégorie concernerait près de 20 % des alcooliques, principalement des personnes d’âge moyen, qui travaillent et ont fondé une famille - également fumeurs, pour la moitié d’entre eux.
Dans une interview accordée au Sun, Martin Preston, fondateur du centre de désintoxication Delamere (Royaume-Uni) explique qu’un “alcoolique fonctionnel est une personne qui souffre d'alcoolisme, mais qui est toujours capable d'occuper un emploi, de jouer un rôle au sein d'une famille et, pour la plupart des gens, semble s'en sortir”. C’est pourquoi il n’est pas toujours facile à repérer, d’autant que les personnes concernées sont particulièrement douées pour cacher leur état.
Les personnes concernées semblent n’avoir aucun problème
Très loin du stéréotype classique de l’accro à la bouteille, “ils occupent des postes de haut niveau, à la City ou dans les médias, au sein desquels boire beaucoup est accepté, et presque attendu", détaille l’expert. Leur consommation, bien qu’excessive, ne les empêchent pas de conserver leur occupation et leur vie de famille. Ils ont aussi tendance à la minimiser, voire à la nier, malgré quelques inquiétudes exprimées par leurs proches.
"Ces personnes ont vécu ainsi pendant des années, mais tout à coup, elles éprouvent des symptômes physiques”, précise Martin Preston. “Par exemple, elles se sentent malades le matin, elles ont parfois besoin d’un verre et peut-être même que leur conjoint leur a déjà fait comprendre qu’il ou elle en avait assez, et qu’il fallait maintenant choisir entre la boisson ou lui/elle”.
Alcoolisme fonctionnel : l’importance de le repérer tôt
Tant que les conséquences négatives de sa consommation d’alcool sur sa vie quotidienne sont encore peu apparentes, il est peu probable qu’un alcoolique fonctionnel veuille y remédier. Parfois, il n’a même tout simplement pas conscience du problème. Pourtant, “plus le traitement est entrepris tôt, meilleur sera le résultat pour la personne concernée et pour ses proches”.
Pour rappel, “la consommation d’alcool a une influence sur le développement de nombreuses pathologies : cancers, maladies cardiovasculaires et digestives, maladies du système nerveux et troubles psychiques…”, peut-on lire sur le site de Santé Publique France. Sans même aller jusque-là, l’alcool peut aussi entraîner des difficultés plus banales : fatigue, hypertension, troubles du sommeil, problèmes de mémoire ou de concentration, irritabilité...
Dans son interview au Sun, Martin Preston a révélé les signes de l’alcoolisme fonctionnel. Nous vous les listons dans ce diaporama, pour vous aider à repérer si vous ou l’un de vos proches est concerné.
Vous êtes souvent ivre et vous sentez l’alcool
Parfois, vous frôlez même l’intoxication alcoolique. Celle-ci se manifeste à des degrés divers, allant des vomissements, de la confusion, des troubles de la mémoire, au black-out, voire au coma ou à la mort subite. C’est une forme d’ivresse excessive qui peut mettre la vie en danger.
Vous perdez le contrôle sur votre consommation d’alcool
Vous ne pouvez pas vous empêcher de boire et, une fois que vous avez pris un verre, tendance à enchaîner un peu trop facilement les suivants.
Vous cachez des bouteilles dans des endroits étranges
On peut trouver des bouteilles d’alcool dans votre garage, au bureau, dans votre voiture ou même dans des buissons près de chez vous.
Vous prenez un petit verre entre deux rendez-vous
Boire sur vos heures de travail ou entre deux rendez-vous ne vous pose pas de problème. Ou bien, vous buvez juste assez pour maintenir une alcoolémie stable durant la journée.
Vous êtes adepte du “binge drinking” après avoir mené à bien vos responsabilités
Lorsque vous avez eu une journée bien chargée, et que vous avez accompli toutes vos tâches avec succès, vous avez tendance à boire beaucoup d’alcool dans un laps de temps limité.
Vous buvez pour vous détendre ou vous récompenser après une dure journée
Pour vous, boire un petit verre est une façon de vous détendre après le travail ou une journée chargée avec les enfants, c’est une petite récompense que vous vous octroyez.
Vous êtes irritable ou agité si vous ne pouvez pas boire
Lorsque vous ne pouvez pas boire d’alcool, vous devenez irritable, anxieux, agité et même incapable de dormir.
Vous buvez parfois le matin ou pendant la pause déjeuner
Vous buvez régulièrement le matin avant de vaquer à vos occupations, ou à d’autres moments de la journée, comme l'heure du déjeuner, afin d'éviter les symptômes de sevrage alcoolique. Une façon de “soigner le mal par le mal”, pour éviter la fameuse gueule de bois.
Vous buvez systématiquement lors des fêtes
Vous assistez à une fête, un apéro ou un autre événement social ? Pour vous, il est presque impensable de ne pas prendre un petit verre à cette occasion. Il vous arrive même de commencer l’apéro avant de vous rendre à cet événement, pour vous mettre tout de suite dans l’ambiance.
Vous évitez les événements sans alcool
Lorsque vous êtes invité à une fête ou un événement où vous savez qu’il n’y aura pas d’alcool, vous êtes tout de suite moins tenté de vous y rendre. Vous ne voyez pas vraiment l’intérêt de faire la fête si vous ne pouvez pas trinquer…
L’alcool commence à impacter votre vie de famille
Votre dépendance à la boisson est devenue un problème à la maison, soit parce que vous buvez excessivement tout seul, soit parce que vous disparaissez dans un bar après le travail pendant des heures.
Vous êtes sur la défensive ou désinvolte lorsqu’on vous parle de votre consommation
Dès qu’une personne vous fait une remarque sur votre consommation d’alcool, vous réagissez au quart de tour ou bien vous répondez de manière désinvolte, en estimant qu’il n’y a aucun problème.
Vous niez être alcoolique, puisque vous avez un job et une vie de famille
Vous estimez que le fait d’occuper un emploi ou d’emmener vos enfants à l’heure à l’école prouvent que vous n’êtes pas alcoolique.
Vous alternez entre alcool et médicaments
Vous alternez entre la boisson et les médicaments prescrits sur ordonnance pour continuer à carburer.
Vous avez des sautes d’humeur en état d’ébriété
Votre comportement et votre humeur changent lorsque vous êtes ivres : vous pouvez vous montrer erratiques, spontanés, faire des crises de colère ou changer complètement de caractère.
Vous avez des trous de mémoire fréquents
Vous éprouvez de la difficulté à vous souvenir d’événements qui se sont déroulés lorsque vous étiez en état d’ébriété - autrement dit, vous subissez des black-out alcooliques.
Vous avez des comportements à risque
Depuis que votre consommation d’alcool a augmenté, vous avez parfois des comportements à risque, comme aller au travail ou conduire les enfants à l’école en étant toujours un peu trop alcoolisé de la veille, ou après avoir bu un petit verre le matin.
The 17 signs you’re a functioning alcoholic – and what to do if you’re worried, The Sun, 16 novembre 2021.
Alcoolisme fonctionnel : êtes-vous atteint de cette forme d'addiction à l'alcool ?, Femme Actuelle, 29 juin 2018.
Intoxication alcoolique, aide-alcool.be
Quels sont les risques de la consommation d’alcool pour la santé ?, Santé publique France, 10 juin 2019.
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