Sommaire
- La misophonie est-elle un trouble auditif ?
- La misophonie en chiffres
- Quels sont les symptômes de la misophonie ?
- Misophonie : quelles sont les causes ?
- Misophonie : les facteurs de risques
- Misophonie : quelles sont les personnes à risque ?
- Durée, contagiosité, traitement
- Examens et analyses à effectuer en cas de symptômes
- Quels sont les traitements de la misophonie ?
- Prévention
- Sites d’informations et associations
La misophonie est un syndrome psychique chronique caractérisé par une aversion à certains sons répétitifs, produits par d’autres personnes que soi. La misophonie n’est pas classée dans les troubles psychiatriques.
Les sons en lien avec des mâchements de bouche sont les plus fréquemment mis en cause. Au début de la maladie, seuls certains sons sont déclencheurs, puis d’autres bruits viennent s’ajouter à la liste des sons insupportables pour la personne concernée.
Ces sons peuvent rendre le quotidien de la personne très difficile. La gêne peut parfois commencer dès l’enfance.
La misophonie est-elle un trouble auditif ?
La misophonie n'est pas un trouble auditif en tant que tel. Elle n'implique pas nécessairement une altération de l'audition elle-même. Il s'agit plutôt d'un trouble lié à la perception auditive, où certaines personnes réagissent de manière extrêmement négative et émotionnelle à des sons spécifiques. Ces sons déclencheurs peuvent provoquer des sentiments d'irritation, de colère, voire de dégoût chez les personnes atteintes de misophonie.
La misophonie est souvent considérée comme un trouble de la régulation émotionnelle lié à la perception auditive. Des recherches sur la misophonie sont en cours, et bien que la compréhension de ce trouble ait progressé au fil du temps, il n'est pas encore complètement compris.
Ainsi, bien que la misophonie ne soit pas un trouble auditif au sens classique, elle a un lien avec la perception auditive et peut affecter profondément la qualité de vie des personnes qui en souffrent. Les approches de traitement visent souvent à aider les individus à mieux gérer leurs réactions émotionnelles aux sons déclencheurs plutôt qu'à corriger une altération auditive proprement dite.
La misophonie en chiffres
La prévalence exacte de la misophonie n’est pas connue, mais de nombreuses études internationales ont rapporté une prévalence allant de 10 à 60 % de patients misophones, parmi les patients atteints d’acouphènes. Ceux-ci se traduisent par une sensation auditive anormale (bourdonnement, tintement) qui n'est pas provoquée par un son extérieur.
Une étude néerlandaise a montré que sur un échantillon de 42 patients atteints de misophonie, une névrose obsessionnelle était rencontrée dans plus de 50 % des cas.
Quels sont les symptômes de la misophonie ?
Les symptômes provoqués par la misophonie, lorsque la personne est exposée à des bruits insupportables, sont :
- une réaction aversive immédiate ;
- de l ’anxiété ;
- du dégoût ;
- de la colère face à certains sons, des pleurs, des cris, voire même, des vomissements ;
- un sentiment de perte de contrôle ;
- un comportement agressif, verbal ou physique (très rare) ;
- une envie de faire cesser ces bruits pour soulager les symptômes ;
- un épuisement, dans les formes sévères ;
- un sentiment d’incompréhension de la part de l’entourage du patient.
Face à ces troubles, la personne misophone met en place des stratégies de survie : la fuite, vivre en permanence avec des bouchons d’oreille ou des écouteurs à portée de main, un isolement... Ces stratégies d’évitement permettent au sujet atteint d’utiliser des moyens pour se protéger des sons à l’origine des aversions, mais elles limitent l’adaptation, et donc ralentissent la thérapie.
Misophonie : quelles sont les causes ?
La misophonie serait associée à des anomalies cérébrales. Une hyperactivation du cortex insulaire inférieur, région cérébrale qui permet d’orienter l’attention vers ce qui survient dans l’environnement, a été constatée sur l’imagerie, lors d’une étude récente.
Illustration : le cortex insulaire inférieur est souvent associé à la misophonie
Parmi les sons les plus désagréables pour la personne misophone, on retrouve :
- les bruits de bouche : liés à la succion, au léchage, à la mastication, à la déglutition ;
- les bruits de personnes qui croquent une pomme, mangent des chips, une banane…
- l’aspiration d’un liquide à la paille ;
- les raclements de gorge ;
- les reniflements ;
- la respiration bruyante ou sifflante ;
- les bruits des glaçons dans un verre ;
- les cliquetis de la souris d’ordinateur ;
- les tapotements sur le clavier ;
- le bruit de certains appareils : machine à laver, perceuse…
- les aiguilles de l’horloge ;
- le crissement de la craie ;
- les bruits de pas ;
- le craquement des articulations ;
- le claquement des dents…
Misophonie : les facteurs de risques
Certains facteurs sont souvent associés à la misophonie. Il s’agit :
- d’un antécédent familial de misophonie ;
- d’un syndrome de Tourette ;
- de troubles obsessionnels compulsifs ;
- de troubles anxieux ou dépressifs ;
- de troubles du comportement alimentaire ;
- le stress post traumatique peut être lié à la gravité de la misophonie.
Misophonie : quelles sont les personnes à risque ?
La misophonie peut atteindre toute sorte de personne, les adultes comme les enfants. Les sujets présentant des acouphènes chroniques sont plus à risque de développer une misophonie.
Durée, contagiosité, traitement
La misophonie est une pathologie chronique qui dure tant qu’une prise en charge efficace n’a pas eu lieu. La misophonie n’est pas une maladie contagieuse. Les spécialistes à consulter en cas de misophonie sont les psychiatres ou les psychologues cliniciens. Ils seront à même de faire le diagnostic et de proposer une prise en charge adaptée.
Examens et analyses à effectuer en cas de symptômes
Le diagnostic de misophonie est réalisé cliniquement par un psychiatre ou un psychologue clinicien. Plus le diagnostic est précoce, plus la prise ne charge sera rapide et efficace.
Il existe une échelle d’évaluation spécifique à la misophonie, utilisée par les psychiatres, nommée Amsterdam Misophonia Scale, qui est une version adaptée du Y-BOCS (Yale-Brown Obsessive-Compulsive Scale, échelle utilisée pour mesurer la sévérité des TOC).
Quels sont les traitements de la misophonie ?
La prise en charge de la misophonie est iniquement psychothérapeutique. On recommande habituellement les thérapies cognitivo-comportementales, comme pour le traitement des phobies. Une thérapie d’habituation des acouphènes peut être nécessaire conjointement.
Les médicaments de type antidépresseurs et anxiolytiques peuvent être utilisés, mais en complément seulement. Leur efficacité sur ce type de trouble n’est pas prouvée.
L’hypnose, la sophrologie, la méditation de pleine conscience ou les thérapies comportementales sont des pistes de traitement souvent proposées. Malheureusement, dans un nombre non négligeable de cas, aucune prise en charge n’est efficace.
Certains spécialistes utilisent un panel de techniques associées : EMDR, méthode Tipi, cohérence cardiaque, hypnose, Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC) analyse transactionnelle…
L’efficacité du traitement dépend en grande partie de l’adhésion du sujet à son traitement. Des exercices personnels, réalisés au domicile doivent être faits par le patient. Le nombre de séances de psychothérapie nécessaire est variable d’un patient à l’autre. Comme bon nombre de troubles psychiques, la misophonie peut demander un traitement de longue durée.
Des associations de patients organisent des événements afin de favoriser les rencontres et sortir de l’isolement.
Maria Vinals-Garcia, docteur en psychologie précise : « La misophonie est une pathologie répondant bien à l’hypnose, comme de nombreuses phobies. L’objectif est de sécuriser le sujet, de l’encourager dans le dépassement de ses limites, pour qu’il reprenne confiance en lui et qu’il retrouve l’estime de lui-même. Les médicaments ne sont pas efficaces sur cette pathologie ».
La prise en charge de la misophonie est-elle longue ?
Mon conseil de médecin généraliste :
"L'objectif de la prise en charge est de s'habituer aux sons déclencheurs et d'arriver progressivement à les identifier comme des sons normaux. La rupture avec un sentiment négatif face à ce son peut prendre du temps. Il s’agit d’une réelle déprogrammation-reprogrammation, qui peut fonctionner en écoutant un bruit agréable en association avec le bruit ressenti comme désagréable."
Prévention
Il n’existe pas de moyen préventif contre la misophonie. Une bonne gestion du stress et de l’anxiété peuvent soulager les troubles phobiques. Un diagnostic et une prise en charge précoces sont les meilleurs moyens d’éviter l’aggravation du de ce syndrome.
Sites d’informations et associations
Des sites sur la misophonie sont consultables sur internet. Il s’agit :
http://www.chu-rouen.fr/page/doc/DOC_305809
Bruno Salomone auteur du livre Les Misophones (Edition Cherche Midi)