- 1 - Une diarrhée graisseuse, causée par "une maldigestion et une malabsorption des aliments"
- 2 - Un amaigrissement "souvent massif et rapide"
- 3 - Des douleurs abdominales, parfois irradiantes
- 4 - Une hyperglycémie, signe de diabète
- 5 - Une jaunisse révélant un cancer du pancréas
- 6 - Maladies pancréatiques : l’alcoolisme et le surpoids, les facteurs de risque principaux
- 7 - Maladies pancréatiques : les examens de diagnostic
Une diarrhée graisseuse, causée par "une maldigestion et une malabsorption des aliments"
Le pancréas est un organe profond qui se situe dans l’abdomen. L’une de ses fonctions principales est dite exocrine, c’est-à-dire qu’il joue un rôle dans "la digestion des aliments, par les sécrétions d’enzymes digestives variées", explique le professeur Pascal Crenn. C’est en ce sens qu’"un dysfonctionnement du pancréas peut se manifester sur la digestion" et se traduira alors notamment par une diarrhée graisseuse, à cause "d’une mal digestion et d’une malabsorption des aliments et en particulier des graisses (lipides)".
Quelle(s) pathologie(s) cela peut-il révéler ? "Une pancréatite chronique, qui est le plus souvent liée à l’excès d’alcool, ou plus rarement un cancer du pancréas."
Un amaigrissement "souvent massif et rapide"
Une insuffisance pancréatique exocrine peut également entraîner un amaigrissement, lui-même provoqué par la diarrhée. En cas d'adénocarcinome (cancer) de la tête du pancréas, la Société Nationale Française de Gastro-Entérologie (SNFGE) indique qu’un amaigrissement, "souvent massif et rapide", peut être observé dans 50 à 80% des cas (1).
Des douleurs abdominales, parfois irradiantes
La diarrhée graisseuse peut "parfois être précédée ou accompagnée de douleurs abdominales, explique le Pr Crenn. Elles peuvent signifier une atteinte pancréatique sans qu’il n’y ait encore obligatoirement un franc dysfonctionnement", c’est pourquoi elles sont à surveiller. D’autant plus lorsqu’il s’agit :
- De "douleurs abdominales [intenses] hautes irradiant dans le dos", caractéristiques de la pancréatite aiguë (2). Certains cas peuvent évoluer vers une pancréatite chronique ;
- De "douleurs chroniques ou [sub]aiguës", signes de pancréatite chronique (3) ;
- De "douleurs fortes et persistantes derrière l’estomac ou au niveau du dos qui ne sont pas calmées en position allongée", pouvant être notamment révélatrices d’une tumeur du pancréas (4).
Une hyperglycémie, signe de diabète
La deuxième grande fonction du pancréas est dite endocrine, c’est-à-dire qu’il joue un rôle dans "la régulation du taux de sucre dans le sang (la glycémie) par la sécrétion d’insuline notamment", ajoute le Pr Crenn. C’est pourquoi "une augmentation de la glycémie" peut également être un signe révélant un dysfonctionnement du pancréas. "Ce signe peut d’ailleurs lui-même être asymptomatique ou découvert sur un symptôme complètement autre que pancréatique", précise-t-il.
Quelle(s) pathologie(s) cela peut-il révéler ? "Un diabète, qui est une maladie métabolique mais dont les causes et mécanismes ne sont pas que pancréatiques : le plus souvent, les anomalies de fonctionnement du pancréas sont secondaires par épuisement des sécrétions hormonales."
Une jaunisse révélant un cancer du pancréas
La jaunisse, également appelée ictère, correspond à une coloration jaune de la peau et des muqueuses. Si elle est caractéristique des maladies du foie et des voies biliaires, elle peut également être le symptôme d’une maladie, parfois d'un cancer, du pancréas.
Comme l’explique l’Institut national du cancer (INCa), la jaunisse est le "signe que la bile fabriquée par le foie ne s’écoule plus normalement" à cause d’une obstruction entrainée par une tumeur (4).
A noter : en 2011, le nombre de nouveaux cas de cancer du pancréas dans l’Hexagone était de 9000. "C’est une maladie très grave, dont la fréquence augmente", souligne le Pr Crenn. Par ailleurs, "les cancers du pancréas sont très polymorphes : les symptômes peuvent être exactement les mêmes que les dysfonctionnements exocrines ou endocrines, ou autres encore."
Maladies pancréatiques : l’alcoolisme et le surpoids, les facteurs de risque principaux
Au final, "les dysfonctionnements du pancréas peuvent se manifester à la fois sur la fonction exocrine et la fonction endocrine, mais le plus souvent, ces dysfonctionnements sont dissociés", résume le Pr Crenn.
Toutefois, il est important de garder à l’esprit qu’ils ne sont pas si fréquents : "Le pancréas est un organe digestif assez méconnu, et finalement, les pathologies pancréatiques – en dehors du diabète qui en est une, mais pas que – sont assez peu fréquentes et globalement, peu parlantes. Pour que des symptômes cliniques se manifestent, il faut qu’il y ait déjà une atteinte pancréatique importante."
L’insuffisance pancréatique exocrine a une cause principale : "l’alcoolisme, dans environ 90% des cas", affirme le Pr Crenn. Quant à l’insuffisance pancréatique endocrine, elle se manifeste principalement chez les personnes souffrant de surcharge pondérale ou d’obésité, "souvent avec des antécédents familiaux".
Comment réduire le risque ?
- Limiter/arrêter l’alcool et/ou le tabac (ce dernier étant de plus un facteur de risque du cancer du pancréas), et prendre "un traitement par enzymes de substitution de la fonction digestive (comprimés avant chaque repas), parfois des compléments nutritionnels" dans l'insuffisance pancréatique exocrine ;
- Réduction pondérale ou prévention de la prise de poids via une alimentation adaptée et une activité physique régulière, "tout particulièrement s’il existe des antécédents familiaux de diabète", et si nécessaire la prise d’un "traitement antidiabétique par comprimés et/ou injections d’insuline" en cas d'insuffisance pancréatique endocrine.
Maladies pancréatiques : les examens de diagnostic
Là encore, les examens de diagnostic diffèrent selon que l’atteinte du pancréas est exocrine ou endocrine.
Dans le premier cas de figure, il s’agira de faire un scanner abdominal : comparé à l’échographie, celui-ci a l’avantage de "donner une vision anatomique du pancréas, un organe qui est très difficile à explorer, associé à des dosages spécifiques au niveau des selles", explique le Pr Crenn.
Dans le deuxième cas de figure, "le diagnostic est biologique, avec de plus une recherche de complications notamment au niveau des vaisseaux".
Remerciements au professeur Pascal Crenn, hépato-gastro-entérologue et médecin nutritionniste.
(1) "Cancer du pancréas". SNFGE.
(2) "Le pancréas". Service de chirurgie viscérale CHU Vaudois.
(3) "Pancréatite chronique". Service de chirurgie générale et digestive hôpitaux universitaires Est Parisien Saint Antoine.
(4) "Cancer du pancréas - symptômes". INCa.
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Vidéo : Cancer du pancréas : les signes
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