D'après une nouvelle étude, Jeanne Calment serait bien morte à 122 ans

Certes, la probabilité qu’une personne vive jusqu’à 122 ans est faible, mais bien réelle.

C’est ce qu’affirme une équipe de scientifiques emmenée par le démographe Jean-Marie Robine, chercheur à l’Inserm et à l’École pratique des hautes études et François Herrmann, professeur à la Faculté de médecine de l’UNIGE (université de Genève), gériatre et spécialiste de l’épidémiologie des personnes âgées. Les travaux ont été publiés dans le Journal of gerontology.

Selon des chercheurs russes, la fille de Jeanne Calment aurait usurpé son identité

À la fin de l’année 2018, le Russe Yuri Deigin, PDG d’une start-up qui traite l’usure de l’organisme et qui s’affirme spécialiste du vieillissement, lance un "J’accuse" dans son blog.

Selon ses propos, Jeanne Calmentn'est pas morte à l'âge de 122 ans en 1997, mais à 59 ans en 1934.

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Crédit : GEORGES GOBET / AFP FILES / AFP

Sa fille, Yvonne, dont le décès a été déclaré en 1934 alors qu'elle avait 36 ans, aurait usurpé l'identité de sa mère. Elle aurait pris sa place pour éviter à la famille le paiement des droits de succession, qui s'élevaient à l'époque à 38% de l'héritage.

Yuri Deigin affirme donc que c'est Yvonne qui aurait reçu le record mais seulement à l'âge de 99 ans.

Pour confirmer cette thèse, Yuri Deigin décide de reprendre des recherches menées par deux hommes : un gérontologue, Valery Novoselov et un jeune mathématicien, Nikolay Zak. Ce duo s’appuie sur les traits du visage d es deux femmes pour étayer leurs conclusions.

Nicolay Zak avance également que le fait d’atteindre 122 ans pour un être humain est tout simplement “impossible statistiquement”.

Si la thèse s’avère exacte et que le record de Jeanne Calment se voit annuler, c'est l'Américaine Sarah Knauss, décédée à 119 ans en 1999, qui détiendra le nouveau record mondial de longévité.

Mais selon une nouvelle étude, la doyenne de l’humanité avait bien 122 ans et 165 jours

Pour l’équipe de scientifiques franco-suisse cette conclusion serait tout bonnement faussée.

"Nous avons appliqué des chiffres de probabilité de survie sur une population virtuelle de 100.000 centenaires, afin de déterminer l’âge maximal d’extinction de la cohorte. Nous arrivons à un âge compris entre 119 et 123 ans. Ainsi, tous les 10 millions de centenaires, une personne peut atteindre 123 ans."

Une probabilité mince, mais qui est loin de faire de Mme Calment une "impossibilité statistique", selon le Pr François Hermann. “Depuis la mort de Jeanne Calment, une personne a atteint 119 ans, et cinq autres 117 ans. L’écart se restreint ! Mme Calment a simplement été un peu en avance sur son temps”, ajoute-t-il. Avec son équipe, le professeur espère bien invalider les soupçons avancés par l’équipe russe.

En attendant, d’autres personnes réclament des tests génétiques pour connaître la vérité et distinguer les deux femmes l’une de l’autre.

Pour cela, il faudra procéder à l’exhumation de la sépulture de la fille de Jeanne Calment, afin d’étudier son âge lors de son décès : "Il faudra travailler sur l’ADN nucléaire dont chacun de nous hérite pour moitié de son père et pour moitié de sa mère. Ce qui signifie, en pratique, qu’exhumer Jeanne Calment pour extraire de l’ADN ne suffira pas, mais il pourrait être envisageable d’exhumer la sépulture de la fille de Jeanne Calment, qui devait avoir 36 ans à sa mort, pour étudier son âge au décès… Autrement dit, vérifier qui est vraiment dans ce cercueil...", a déclaré le docteur Philippe Charlier, médecin légiste, anthropologue et paléopathologiste, dans une interview au Figaro datant de janvier dernier.