Douleurs articulaires : les traitements vraiment efficaces
Sommaire

Le paracétamol contre les douleurs mécaniques légères

Le paracétamol est un antalgique particulièrement adapté aux douleurs articulaires légères et d’origines mécaniques de type arthrose. Bien toléré par le système digestif, il est recommandé par la Ligue Européenne contre l’Arthrose (EULAR). Son effet est rapide (au bout de 30 minutes) et il agit durant 4 heures. En revanche, il n’est pas efficace contre les douleurs d’origines inflammatoires telles que la polyarthrite rhumatoïde ou la spondylite ankylosante.

L’avis du Pr Bernard Amor, rhumatologue : "Le paracétamol c’est l’antidouleur de classe 1 que l’on prescrit à tout le monde. Il est très efficace en particulier dans le cadre de maladies dégénératives comme l’arthrose lombaire mais sur une courte durée. Il faut donc en rependre plusieurs fois par jour."

En pratique : prendre de 500mg à 1 g de paracétamol par prise, 3 fois par jour au moment des pics de douleur. Attention, si la douleur persiste plus de 5 jours, consultez votre médecin.

Précautions d’emploi : le paracétamol est contre-indiqué chez les patients atteints de maladies graves du foie. Attention à ne pas dépasser 3 g de paracétamol par jour au risque d’être intoxiqué. En cas d’apparition de nausées, diarrhées, sueurs ou perte d'appétit, il est conseillé de consulter son médecin.

Arthrite, arthrose : boue ou serviettes chaudes !

La chaleur est un allié de choix dans la lutte contre les douleurs articulaires chroniques de type arthrite ou arthrose. L’apport de chaleur favorise la circulation sanguine et permet aux muscles entourant l'articulation de se détendre ce qui soulage la douleur.

Vous pouvez au choix vous servir d’une serviette chaude et humide à appliquer directement sur l’articulation douloureuse ou prendre un bain ou une douche chaude d’une quinzaine de minutes en cas de douleur. L’effet est très rapide et sans effets secondaires. Seul hic : il ne dure pas plus d’une heure.

L’avis du Pr Bernard Amor, rhumatologue : "On peut effectivement soulager certaines douleurs articulaires par le biais de cures de boues chaudes ou des cataplasmes que le patient peut se faire lui-même. Mais l’effet est temporaire."

En pratique : appliquer une serviette chaude ou un cataplasme d'argile ou de boue pendant 20 minutes, 3 à 4 fois par jour en fonction de la douleur.

Précautions d’emploi : éviter les cataplasmes sur les peaux abimées et en cas de graves troubles circulatoires.

Infiltrations : en cas de fortes douleurs inflammatoires

Les infiltrations intra-articulaires à base de cortisone sont courantes en cas de fortes douleurs articulaires d’origine inflammatoires (spondylarthrite ankylosante, épanchement intra-articulaire, polyarthrite rhumatoïde…). L’intérêt : injecter directement dans la zone à traiter un dosage minimal d’anti-inflammatoires pour une efficacité plus grande tout en évitant les effets secondaires d’une corticothérapie classique par voie orale.

L’avis du Pr Bernard Amor, rhumatologue : "Les infiltrations intra-articulaires de corticoïdes s’utilisent souvent dans les poussées inflammatoire d'arthrose et certaines tendinites aigues. Ce traitement est vraiment efficace. Les injections sont plus difficiles à réaliser sans radio dans les hanches et les doigts mais aisées dans le genou ou à l’épaule. C’est idéal pour les situations de douleurs intenses, mais il faut limiter le nombre d’injections à 3 ou 4 par an sur une même articulation pour ne pas augmenter les effets secondaires."

En pratique : l’infiltration est pratiquée en général par un rhumatologue. L’action antidouleur n’apparaît qu’au bout de quelques jours et dure un peu plus d’une semaine.

Précautions d’emploi : totes les maladies infectieuses (grippe, fièvre…) doivent être soignées avant de procéder à une infiltration pour éviter une aggravation. Les femmes enceintes et les patients souffrant de diabète, hypertension ou traitement anticoagulant doivent prévenir leur médecin afin de bénéficier d’une surveillance accrue après l’infiltration.

Glace : après une brusque douleur articulaire

En cas de douleur articulaire récente, l’application de glace réduit la douleur. Le froid est particulièrement efficace en cas d’articulation enflée suite à une entorse du genou ou lors de phases d’inflammation aigüe d’arthrite.

L’essentiel est d’agir le plus rapidement possible. Un sac de glace pillé, des glaçons dans un gant de toilette ou même un sac de légumes congelés peut faire l’affaire. L’effet est très rapide mais ne dure pas plus d’une heure.

L’avis du Pr Bernard Amor, rhumatologue : "La glace agit bien sur les douleurs inflammatoires. Mais elle ne soulage que sur le moment. "

En pratique : poser la glace rapidement sur l’articulation douloureuse et l'appliquer une vingtaine de minutes.

Précautions d’emploi : à éviter en cas de graves troubles circulatoires et sur une articulation déjà engourdie.

Morphine : contre les douleurs mécaniques aiguës

La morphine peut être utilisée en cure courte pour traiter les douleurs articulaires aiguës et insensibles aux antalgiques classiques. Ce type de cure permettrait d’éviter une évolution vers une douleur chronique. La morphine est plus efficace sur les douleurs articulaires d’origine mécanique (arthrose) qu’inflammatoires (polyarthrite rhumatoïde, spondylite ankylosante...). La morphine agit en quelques minutes par voie intraveineuse et l’effet se prolonge pendant 12 à 24 h.

L’avis du Pr Bernard Amor, rhumatologue : "La morphine est très utile dans les cas de névralgie cervico-brachiale ou de sciatiques, surtout quand les patients n’arrivent pas à dormir à cause de la douleur. Cela permet aux malades de supporter les phases les plus douloureuses. L’avantage est que la morphine est le traitement qui donne le moins d’effets secondaires."

En pratique : en général la cure de morphine dure entre 7 jours et 3 semaines sur prescription médicale.

Précautions d’emploi : la morphine est contre-indiquée en cas d’hypersensibilité au produit, d’insuffisance respiratoire décompensée et d’insuffisance hépatocellulaire sévère.

Massages : pour l'arthrose du genoux, dorso-lombaire et de la hanche

Si le problème provient des tissus mous qui encadrent l’articulation (bursite, tendinite), les massages peuvent aider à lutter contre la douleur. Le massage suédois par exemple est très efficace en particulier sur l’arthrose du genou selon une étude américaine (1). Mais il peut aussi être pratiqué pour l’arthrose dorso-lombaire ou de la hanche.

L’avis du Pr Bernard Amor, rhumatologue : "Les massages effectués en stations thermales ou chez un kinésithérapeute sont particulièrement efficaces contre les douleurs de la colonne vertébrale. "

En pratique : "Le nombre de séances de massage dépend de la sévérité de la douleur. De tous les jours pour récupérer une articulation qui risque de se bloquer, à une fois par semaine ou tous les quinze jours pour un problème moins sévère", explique le Pr Bernard Amor.

Précautions d’emploi : en cas de troubles circulatoires, diabétiques, ou cardiaques, consultez votre médecin avant de pratiquer un massage suédois.

(1) Perlman A et al. Massage therapy for osteoarthritis of the knee: a randomized controlled trial. Arch Intern Med 2006 Dec 11;166(22):2533-8.

Les anti-TNF, une nouvelle thérapie antidouleur quasi miraculeuse

Les anti-TNF alfa peuvent supprimer certaines douleurs articulaires en bloquant l’action des protéines TNF alfa (facteur de nécrose tumorale) issues du système immunitaire. En effet, dans le cas de la polyarthrite rhumatoïde, on constate un dérèglement immunitaire qui incite ces protéines à provoquer l'inflammation et la destruction des articulations. Le traitement anti-TNF alfa peut aussi être utilisé en cas de spondylarthrite.

L’avis du Pr Bernard Amor, rhumatologue : "Pour les douleurs d’origine inflammatoire comme la polyarthrite, on donne de la cortisone mais surtout des anti-TNF, c’est-à-dire de la biothérapie. Le souci est que ce traitement est très coûteux mais dans certains cas cela donne de véritables miracles !"

En pratique : le traitement anti-TNF alfa se fait par voie intraveineuse à renouveler toutes les 6 à 8 semaines. Au vu de son coût élevé, seuls les patients qui n’ont pas été soulagé par les autres traitements de fond peuvent en bénéficier.

A noter que seuls un peu moins d’un tiers d’entre eux ne répondent pas à ce traitement. Mais pour les autres, la douleur articulaire et les symptômes de la polyarthrite rhumatoïde ou de la spondylarthrite peuvent disparaître totalement en 48 heures.

Précautions d’emploi : ce produit est contre-indiqué chez les patients atteint d’une tuberculose active ou d'autres infections (septicémie, abcès…) ainsi que chez ceux ayant une insuffisance cardiaque modérée à sévère.

Anti-inflammatoires: inutiles contre l'arthrose


Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont efficaces contre les douleurs articulaires d’origine inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde ou la spondylite ankylosante.

Fréquemment prescrits, leur action est rapide et triple : analgésique, antipyrétique et anti-inflammatoire. Les plus connus sont l’aspirine et l’ibuprofène. L’aspirine agit en 30 à 60 minutes et l’effet anti-douleur dure plusieurs heures.

L’avis du Pr Bernard Amor, rhumatologue : "Ils sont préconisés dans les maladies inflammatoires et en particulier pour la spondylarthrite ankylosante. Les malades peuvent prendre ces anti-inflammatoires pendant 15 ans tous les jours, sans accoutumance, et ça transforme littéralement leur vie. Je ne les conseille pas en revanche dans les lésions mécaniques de type arthrose car ils sont peu efficaces dans ce cadre."

En pratique : "On peut prendre des anti-inflammatoires non stéroïdiens jusqu’à 10 jours en période de crise aiguës. Ils agissent vite. Mais si le patient ne constate pas d’effets rapides il est inutile de continuer à en prendre. Cela signifie alors qu’ils ne sont pas efficaces sur cette pathologie."

Précautions d’emploi : les AINS sont contre-indiqués chez la femme enceinte et en cas d’ulcère, maladies graves du foie, des intestins et des reins, ou en cas d'insuffisance cardiaque. Ils doivent être pris en cours de repas, et si le traitement se prolonge, il doit être supervisé par un contrôle médical.

Chirurgie : la solution dans les cas graves d’arthrose

En cas d’arthrose très avancée, la chirurgie peut être la meilleure solution pour supprimer les douleurs articulaires et permettre de soulager le quotidien. De sévères lésions articulaires et l’absence de soulagement des douleurs avec les médicaments sont les indications pour la pose de prothèse de la hanche ou du genou.

Autre solution moins traumatisante pour les tissus : l’arthroscopie opératoire du genou ou de la hanche. L’utilisation d’instruments miniaturisés et d’une micro caméra permettent de résoudre certains troubles articulaires : ablation partielle du ménisque, régularisation du cartilage ou encore suppression de corps étrangers (ex bris d’os) près des articulations.

L’avis du Pr Bernard Amor, rhumatologue : "La chirurgie se pratique dans le cas d’arthrose évoluée de la hanche ou du genou. On en pratique de plus en plus chaque année. En effet, inutile de faire des traitements médicamenteux si l’articulation ne fonctionne plus ! Par contre on opère de moins en moins la sciatique. On la laisse évoluer et on gère la douleur avec des médicaments car on sait qu’elle se guérit seule au bout de trois mois."

En pratique : pour l’arthroscopie, l’hospitalisation dure un ou deux jours et la convalescence une quinzaine de jours. Pour la pose d’une prothèse de hanche ou de genou, l’hospitalisation dure entre 3 et 10 jours et la convalescence de 1 à 3 mois.

Précautions d’emploi : "L’âge élevé n’est plus une contre indication par contre on évite les prothèses chez les gens très jeunes pour éviter la multiplication des opérations. En effet, on doit surveiller l’évolution de la prothèse et la changer au bout de 15-20 ans car elle s’use avec les années", précise le Pr Amor, rhumatologue.

L’arthroscopie peut occasionner, dans de très rares cas, des phlébites, de l’arthrite ou un épanchement dans l’articulation.

Mettre au repos ses articulations soulage et guérit !

Reposer l’articulation douloureuse aide à une guérison plus rapide avec moins de douleur. En cas de luxation ou de tendinite, l'immobilisation pendant plusieurs semaines de l’articulation touchée lui permet de mieux se remettre et avec moins de souffrance.

Pour les maladies comme l’arthrose, l’usage d’une canne aide aussi à une meilleure guérison en évitant l’appui sur les zones fragilisées.

L’avis du Pr Bernard Amor, rhumatologue : "Pour les tendinites du coude, je propose un bracelet en tissu très serré qui maintient le coude en place. L’objectif : chercher la technique la plus efficace pour que le muscle ne pousse pas sur le tendon, tire le moins possible. Par contre c’est plus difficilement applicable pour l’épaule. En cas d’arthrose de la hanche ou du genou, j’incite mes patients à utiliser une canne pendant une dizaine de jours. Avec une canne on réalise déjà 80 % du traitement !"

En pratique : "En général il faut 20 minutes à un patient pour bien apprendre à se servir d’une canne. Avec les bracelets en tissu, en 3 semaines la tendinite est guérie", complète le Pr Amor.

Précautions d’emploi : aucune

Vidéo : L'arthrose

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