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Qu’est-ce que la dépression ?
La dépression correspond à une baisse de l’humeur d’une durée de minimum deux semaines qui se traduit par des symptômes quasi quotidiens perturbant la vie professionnelle et sociale. Selon l’Inserm, cette pathologie touche entre 15 et 20 % de la population. Elle concerne aussi bien les enfants que les adolescents ou les adultes de tout âge.
Les conséquences sont nombreuses : arrêt de travail prolongé, isolement social et, dans le pire des cas, le suicide, qui touche entre 5 et 20 % des patients concernés.
Il existe différentes formes cliniques :
- L’épisode dépressif est la forme la plus courante. Environ un tiers des individus affectés ne subissent qu’un seul épisode dans leur vie. Cependant, il s’agit d’un trouble susceptible de récidiver.
- D’autres formes existent, comme la dépression saisonnière, qui survient pendant un changement de saison, le plus souvent à l’automne.
- Il existe des formes plus sévères avec des caractéristiques mélancoliques ou parfois délirantes, qui nécessitent des traitements spécifiques. Les patients sont extrêmement ralentis. Les symptômes somatiques sont très marqués. Ce sont des formes très spécifiques.
Origine de la maladie
L’humeur est sensible à la fois à des facteurs environnementaux tels que les événements de vie, stress, et difficultés relationnelles, psychologiques comme la manière de penser, les croyances de base ou bien l'estime de soi, et biologiques comme la neurotransmission et les déséquilibres hormonaux.
Selon des données de l’Inserm, un individu dont les parents présentent des troubles dépressifs a deux à quatre fois plus de risque de présenter un trouble similaire.
Cependant, certaines personnes font une dépression sans facteur déclenchant. Cette disparité suggère une susceptibilité individuelle à cette maladie mentale.
Quels sont les symptômes ?
Dans la dépression, l’humeur est pathologiquement figée dans la tristesse et la douleur, sans amélioration malgré des circonstances extérieures positives.
Les symptômes sont présents pendant une même période d’une durée de deux semaines et représentent un changement par rapport au fonctionnement antérieur.
D’autre part, on doit retrouver un faisceau de symptômes (au moins cinq), parmi lesquels au moins un est soit une tristesse inhabituelle, soit une perte d’intérêt ou de plaisir (anhédonie). Les autres symptômes sont :
- Un sentiment de dévalorisation ou de culpabilité
- Des idées suicidaires
- Un ralentissement (ou une agitation) psychomoteur
- Des difficultés à se concentrer ou de l’indécision
- Une fatigue ou perte d’énergie
- Une insomnie (ou hypersomnie)
- Une diminution (ou augmentation) de l’appétit
La personne dépressive s’isole progressivement de son entourage personnel et professionnel, jusqu’à négliger son apparence et son hygiène.
Mais le risque le plus redouté par les professionnels de santé est celui lié aux idées et au passage à l’acte suicidaire. La personne malade peut envisager la mort comme la seule issue possible à ses douleurs.
Le diagnostic
Quel que soit l’âge, le diagnostic repose sur des critères cliniques rappelés précédemment et identifiés lors d’une consultation médicale. Des questionnaires ou des échelles d'évaluation peuvent aider à faire le diagnostic et à évaluer l’intensité de la symptomatologie.
Des examens complémentaires comme l’IRM ou l’EEG (électroencéphalogramme) sont parfois utilisés pour analyser l’activité cérébrale ou les modifications du sommeil. Cependant ces examens restent du domaine de la recherche dans le cadre de la dépression.
Quels traitements ?
Des traitements médicamenteux et psychothérapeutiques efficaces existent pour traiter cette pathologie. Une prise en charge adaptée dès le premier épisode dépressif est essentielle. L’épisode dépressif impose souvent un arrêt de travail pour prendre soin de soi au mieux.
Le traitement repose sur :
- La psychothérapie avec des consultations régulières chez un psychiatre, un psychologue ou un médecin généraliste formé à la psychothérapie.
- Les antidépresseurs : Il existe plusieurs classes de traitement. Les plus utilisés sont les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et apparentés. D’autres molécules plus anciennes comme les antidépresseurs tricycliques peuvent être utilisées en cas d'échec de traitement de première ligne.
Le choix entre les différentes molécules dépend du profil du patient, de son âge, de ses symptômes, de ses pathologies associées, de sa tolérance.
La mise en place d’un traitement antidépresseur est décidée par le médecin traitant ou par un psychiatre. Son bénéfice s’installe sur minimum de deux semaines après l’introduction. L’amélioration des symptômes s’observe le plus souvent après trois à quatre semaines de traitement.
La durée du traitement dépend de son efficacité mais les médecins recommandent le plus souvent une période longue d’environ un an.
- L’hospitalisation peut être nécessaire surtout dans les formes sévères, parfois sans consentement. L’objectif de cette admission est de trouver la molécule et le dosage d’un traitement médicamenteux le plus adapté, et de protéger la personne du risque suicidaire. Les soignants évaluent aussi l’alimentation du patient, son hydratation et son sommeil.
- La sismothérapie : Bien qu’elle ait une mauvaise réputation, la sismothérapie reste une solution efficace pour les formes sévères et résistantes aux traitements médicamenteux. Sous anesthésie générale en service de réanimation, un courant électrique provoque une crise d’épilepsie généralisée durant environ 30 secondes à travers deux électrodes posées sur les tempes. Ce traitement comporte entre 9 et 12 séances réparties sur 4 à 6 semaines.
Quelle évolution ?
L’évolution des épisodes dépressifs varie selon la cause, la forme et les traitements. Le patient peut guérir sans séquelles, rechuter ou se révéler souffrant d’un trouble bipolaire.
Les enjeux de la recherche
Plusieurs recherches cliniques sont menées autour de nouveaux traitements. C’est notamment le cas de molécules expérimentales ciblant la voie du GABA, un acide aminé et principal neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central.
D'autres molécules comme la kétamine, le LSD et les champignons hallucinogènes intéressent également les scientifiques dans les formes sévères et réfractaires aux autres thérapeutiques.
Les premiers résultats sont pour le moment encourageants et pourraient aboutir à une nouvelle offre de médicaments antidépresseurs dans les prochaines années.
Parallèlement, les chercheurs tentent toujours de mieux comprendre cette pathologie. Ils pourraient mettre en évidence de nouveaux mécanismes et aboutir à l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques avec, à terme, la possibilité de mieux cibler les traitements en fonction des profils des patients.