- 1 - Toilettes publiques, piqûres de moustiques... ce ne sont que des mythes !
- 2 - Spa : les règles d'hygiène strictes sont censées vous protéger
- 3 - Salons de tatouage : plus de risques de contracter l’hépatite que le VIH
- 4 - Scandale du sang contaminé : les hôpitaux sont-ils sans danger ?
- 5 - Comment se transmet véritablement le VIH et comment l’éviter ?
Pour la première fois, le nombre de nouveaux cas de séropositivité enregistrés dans la capitale est à la baisse, selon le dernier rapport de Santé Publique France. Celui-ci a, en effet, diminué de 16 % entre 2015 et 2018, tandis que le dépistage a augmenté d’autant de points. Des résultats très encourageants.
Néanmoins, les idées reçues sur le sida persistent. Notamment, beaucoup de gens pensent encore que VIH et sida renvoient à la même chose. Or, il ne faut pas confondre ces deux termes. Le VIH correspond au virus, qui attaque les cellules de notre système immunitaire.
Le sida, quant à lui, est un stade de l’infection, qui survient plusieurs années après avoir contracté le virus. A ce stade, et en l’absence de traitement, le système immunitaire est tellement affaibli qu’il ne peut plus lutter contre des maladies opportunistes (cancer, tuberculose, toxoplasmose…). Celles-ci se développent alors, et peuvent être fatales. Avec un traitement, une personne séropositive ne fera pas de sida.
Toilettes publiques, piqûres de moustiques... ce ne sont que des mythes !
Le mode de transmission du VIH fait, lui aussi, l’objet d’un grand nombre de croyances erronées. Selon un sondage Ifop / Bilendi de 2017, 16 % de Français pensent que le virus peut être transmis en s’asseyant sur un siège de toilettes publiques. 15 % pensent qu’il peut se transmettre par un simple baiser et 15 %, par contact avec la transpiration d’une personne séropositive.
Franck Barbier, responsable santé de l’association AIDES, est formel : toutes ces idées sont fausses. “Boire dans le verre de quelqu’un, utiliser des toilettes publiques ou se faire piquer par un moustique ne présente aucun risque de contamination par le VIH”. Pourtant, l’expert rappelle que 30 % des personnes de plus de 25 ans pensent encore qu’une piqûre de moustique peut transmettre le virus.
“Hormis les rapports sexuels, le VIH ne se transmet que par transfert de sang, ou par transmission de la mère à l’enfant pendant la grossesse, l’accouchement ou l’allaitement”, ajoute-t-il. “Mais il faut qu’il y ait une certaine quantité de virus pour que le risque soit présent. En outre, le virus ne survit que quelques dizaines de minutes à l’air libre”.
Spa : les règles d'hygiène strictes sont censées vous protéger
Récemment, un fait divers a pourtant attiré l’attention, car deux femmes ont été infectées au VIH de manière peu ordinaire. Ces deux clientes d’un spa d’Albuquerque, aux Etats-Unis, avaient opté pour le soin “Vampire Lift”, popularisé par Kim Kardashian. Cette technique de rajeunissement du visage consiste à injecter du plasma riche en plaquettes dans la peau pour la régénérer.
Concrètement, le médecin esthétique procède d’abord à une prise de sang sur le client, puis place les tubes dans une centrifugeuse afin de séparer le plasma des autres substances sanguines. Il récupère ce dernier dans une seringue et le réinjecte dans certaines parties du visage, dans le but d’atténuer les rides ou de corriger certaines imperfections de la peau. Pour des raisons de sécurité, le matériel utilisé doit être à usage unique.
Dans le cas des deux clientes américaines, des tests ont révélé “une infection au même type de VIH, ce qui augmente la probabilité que les deux infections résultent d’une procédure particulière du spa”, a indiqué un communiqué du Département de la santé du Nouveau-Mexique. Inspecté par les autorités sanitaires, l’établissement a été contraint de fermer ses portes.
Franck Barbier se montre néanmoins rassurant : dans la grande majorité des cas, les soins de cosmétologie ne peuvent pas être à l’origine d’une contamination au VIH, en raison des règles d'asepsie requises. “Ce cas isolé témoigne d’un vrai dysfonctionnement d’usage ; le spa ne respectait probablement pas les règles d’hygiène. Mais à moins de pratiquer des injections à la chaîne, il est peu probable de transmettre le virus dans un spa. Il faut vérifier que le matériel coupant ou piquant est bien à usage unique”.
Salons de tatouage : plus de risques de contracter l’hépatite que le VIH
Selon Franck Barbier, les professions non-médicales qui utilisent des engins intrusifs comme les tatoueurs-perceurs peuvent éventuellement présenter un risque de transmission du VIH, bien que celui-ci soit extrêmement réduit. En effet, ces professionnels sont tenus d’utiliser du matériel à usage unique, afin d’éviter tout danger.
Le risque de transmission de l’hépatite C est déjà un peu plus important, dans la mesure où ce virus - le VHC - peut survivre beaucoup plus longtemps que le VIH à l’air libre. Mais là encore, les règles d’hygiène et le matériel à usage unique sont censés éviter ce problème.
En revanche, dans certains pays, comme l’Egypte, où l’hépatite C est très présente, “les contaminations peuvent se faire par des objets du quotidien, comme les brosses à dents, si elles sont utilisées par plusieurs personnes”, explique l’expert.
Heureusement, l’hépatite C se soigne dans la grande majorité des cas. “Le traitement dure deux mois, et est très efficace”. Contrairement au VIH, le VHC peut être complètement éradiqué de l’organisme. “Quant à l’hépatite B, il est existe un vaccin très protecteur et sûr pour l’éviter”.
Scandale du sang contaminé : les hôpitaux sont-ils sans danger ?
Dans les années 1980 et 1990, un drame sanitaire a touché plusieurs pays : de nombreux patients ont été contaminés par le VIH ou par l’hépatite C, à la suite d’une transfusion sanguine. C’est la journaliste Anne-Marie Casteret qui avait mis en lumière cette affaire en 1991, en publiant la preuve que le Centre national de transfusion sanguine (CNTS) avait sciemment distribué du sang contaminé par le virus du sida à des hémophiles.
Depuis ce scandale, les établissements de santé ont largement serré la vis, et le sang utilisé pour les transfusions est soumis à de nombreux tests, notamment pour déterminer s’il est contaminé ou non par le VIH.
Quant aux patients qui ont peur de l’attraper chez le dentiste ou au bloc opératoire, ils n’ont aucune raison de s’inquiéter, selon le spécialiste. “Ce sont des soignants, ils ont des protocoles très surveillés en ce qui concerne leurs outils médicaux”.
Comment se transmet véritablement le VIH et comment l’éviter ?
Selon le sondage Ifop / Bilendi, 22 % des Français pensent que le virus peut être transmis en ayant des rapports protégés avec une personne séropositive. Or, à moins que le préservatif ne craque et que la personne contaminée ignore qu’elle porte le virus, les rapports protégés ne présentent pas de risque.
Pour rappel, le VIH se transmet par le biais de rapports sexuels non protégés, par transfert de sang, ou par la relation mère-enfant - pendant la grossesse notamment. “Mais il faut néanmoins savoir qu’une personne séropositive traitée par des antirétroviraux, au bout de quelques mois, ne transmet pas le virus, même sans utilisation de préservatif”, précise le responsable santé d’AIDES.
“Les personnes qui transmettent le VIH aujourd’hui sont souvent celles qui ignorent qu’elles portent le virus, et qui ne sont donc pas traitées”, ajoute l’expert. “Elles risquent alors de développer le sida, et d’autres maladies opportunistes”. C’est d’ailleurs en leur diagnostiquant une autre pathologie, comme la tuberculose, que les médecins peuvent découvrir que ces patients ont le VIH, à l’origine de leur immunodépression.
Le spécialiste souligne néanmoins qu’actuellement, “grâce au dépistage précoce et au traitement la majorité des gens qui ont le VIH dans les pays où ils sont accessibles n’ont pas et ne développeront pas le sida”.
L’utilisation de préservatifs évite généralement la transmission du virus
Bien sûr, rien ne vaut la prévention. L’utilisation systématique de préservatifs permet de limiter largement le risque pour la majeure partie de la population. L’expert s’étonne d’ailleurs que de nombreuses personnes ont peur de contracter le virus en s’asseyant sur les toilettes, mais ne se protègent pas pendant leurs rapports parce que leur partenaire “a une bonne tête”, et “n’a pas l’air malade”.
Or les personnes qui viennent d’être infectées ne présentent pas de signe particulier d’affaiblissement, et c’est pourtant à cette période que le risque de transmission est le plus important. Lorsque le système immunitaire ne s’est pas encore mis en route pour tenter de combattre le virus, la charge virale est particulièrement importante.
La PrEP et le dépistage régulier, conseillés pour les populations à risque
Néanmoins, personne n’est à l’abri d’une rupture ou d’un glissement malencontreux du préservatif. Certaines populations sont beaucoup plus exposées au risque de rencontrer le virus. Pour les homosexuels, ou encore certaines femmes dont le partenaire refuse catégoriquement de se protéger, une alternative existe : la PrEP.
“Les médicaments proposés aux personnes séropositives sont une trithérapie”, explique Franck Barbier. “On s’est rendu compte qu’en donnant deux de ces molécules aux personnes séronégatives en continu, ou à proximité des rapports sexuels, ces dernières ne contractaient pas le VIH”. Il s’agit donc d’un traitement préventif, qui empêche le virus de se développer dans l’organisme.
Le spécialiste rappelle qu’aucun médicament n’est anodin, et la PrEP ne fait pas exception. Celle-ci présente rarement et chez certaines personnes un léger risque au niveau des reins, réversible, et de baisse de la densité osseuse. Elle n’est donc administrée qu’aux personnes qui présentent un risque réel de contamination, et avec une surveillance régulière de la fonction rénale. “Ce qui compte, c’est la balance bénéfice-risque”.
Un dépistage régulier est également indispensable, afin de traiter au plus vite en cas de transmission. “Le test doit être effectué deux à trois mois après un rapport sexuel à risque pour être fiable”, souligne l’expert. “L’année dernière, 70 000 autotests ont été vendus en pharmacie, et l’association AIDES en distribue aussi gratuitement parmi les populations plus vulnérables”.
Enfin, un traitement d’urgence existe également, qui n’est administré qu’en cas de risque avéré d’exposition au virus - viol, relation sexuelle non protégée, soignant qui se blesse en traitant un patient… Ce traitement post-exposition (TPE) doit débuter au plus vite - au mieux dans les 4h, au plus tard dans les 48h - et dure 28 jours.
Dépistage du VIH et découvertes de séropositivité VIH à Paris, données 2018, Santé Publique France, 9 septembre 2019.
Plus d'excuse aux idées reçues sur le SIDA et le VIH, Fil Rouge, 29 mars 2017.
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