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Environ 500 cas sont diagnostiqués chaque année en France. Les hommes représentent 1 % des cas de cancers du sein. Peu de personnes en sont conscientes, mais ils présentent eux aussi des glandes mammaires. Ces dernières sont, certes, moins développées auprès de la population masculine, mais la rend toutefois à risque. Car c’est un fait : les hommes peuvent aussi contracter un cancer du sein.

"Qu’elle apparaisse chez les femmes ou chez les hommes, c’est la même maladie qu’il nous faut traiter, à quelques différences près, nous détaille le Pr Marcos Ballester, chef de service chirurgie gynécologique et mammaire au groupe hospitalier Diaconnesse Croix Saint Simon (Paris). Pour commencer, la fréquence n’est pas la même, puisque le cancer du sein représente moins de 1 % des cancers de l’homme. En outre, les caractéristiques des tumeurs constituent aussi une différence. Chez l’homme, il s’agira toujours du même type de tumeur, or chez la femme, il en existe plusieurs".

Quel type de tumeur chez l’homme ?

Presque tous les cancers du sein détectés chez les hommes sont des carcinomes canalaires, d’après la Société Canadienne du Cancer. Ces tumeurs peuvent être infiltrantes ou non infiltrantes. "Infiltrante signifie que les cellules cancéreuses ont commencé à traverser la paroi du canal jusque dans le tissu voisin. La plupart des carcinomes canalaires chez l’homme sont infiltrants. D’autres types de cancer du sein peuvent affecter l’homme, mais ils sont plus rares".

Parmi les facteurs de risque, la génétique entre aussi en ligne de compte dans la survenue du cancer du sein chez l’homme, selon le Pr Ballester. "C’est même l’un des facteurs de risques majeurs. Les patients qui ont des antécédents familiaux doivent être vigilants. La mutation génétique explique jusqu’à 40 % des cancers du sein chez l’homme".

Le diagnostic se fait, comme chez la femme, grâce à une mammographie, une échographie suivie d’une biopsie.

Facteurs de risques, signes d’alerte, mais aussi traitement et taux de survie… Le Pr Ballester nous livre tout ce qu’il est indispensable de savoir sur ce cancer lorsqu’il se manifeste chez les hommes.

Cancer du sein masculin : les principaux facteurs de risque

Le risque de développer un cancer du sein pour un homme augmente avec l’âge. Ce cancer est plus fréquemment diagnostiqué à partir de 60 ans. Mais d’autres facteurs sont à prendre en compte pour évaluer le risque.

Attention aux antécédents familiaux

Des antécédents familiaux de cancer du sein font augmenter le risque. C’est le cas chez les femme et chez l’homme. Plus le nombre de parents proches ayant souffert d’un cancer du sein est élevé, plus vous avez de risque d’en développer un. Et ce, que vous soyez une femme ou un homme. "Cela s’explique par la mutation d’un gène, explique le Pr Ballester. Il est à l’origine de 40 % des cancers du sein masculins".

"Les mutations des gènes BRCA sont des changements qui affectent les gènes du cancer du sein", ajoute de son côté la Société Canadienne du Cancer. Plus précisément, ce sont les mutations du gène BRCA2 qui sont pointées du doigt. Cette mutation existe chez certains hommes atteints du cancer du sein. Les hommes porteurs ont plus de risques de transmettre ces mutations à leurs enfants.

Ce gène participe à la réparation des lésions que l’ADN subit régulièrement. "La présence de mutations dans ce gène perturbe cette fonction et fait augmenter fortement le risque de cancer du sein. Néanmoins, toutes les personnes porteuses de cette mutation ne développent pas systématiquement un cancer du sein", renchérit l’Institut National du Cancer.

Les risques explosent en cas de taux de testostérone limité

"Un taux de testostérone (hormone masculine) réduit implique un risque de cancer du sein 50 fois plus élevé", alerte le Pr Ballester. On parle de syndrome de Klinefelter. Le syndrome se manifeste par une anomalie chromosomique : certains hommes peuvent avoir un chromosome en plus, ce qui contribue à réduire le taux de testostérone.

Ce trouble, en principe héréditaire, est rare, mais il existe. Chez l’homme atteint de ce syndrome, le taux d’androgène (hormones masculines) est plus bas que la normale, quant au taux d’œstrogène (hormones féminines), il est élevé. "Et le cancer du sein est une maladie oestrogéno dépendante : il survient chez l’homme lorsqu’il y a plus d’hormones féminines et moins d’hormones masculines".

Un important volume mammaire chez l’homme favorise les tumeurs

"Le volume mammaire d’un homme peut aussi constituer un facteur de risque. Plus le volume sera important, plus la tumeur aura la possibilité de se développer", explique le gynécologue.

Le volume mammaire d’un homme peut être lié à un surpoids, mais peut aussi apparaître sans raison apparente.

En outre, on sait pertinemment que l’obésité accroît le risque de cancer du sein chez la femme. Il en va de même pour l’homme. Les cellules graisseuses se transforment en œstrogènes, ce qui contribue aux risques de cancer du sein. Ainsi, plus les hommes ont de cellules graisseuses, plus son taux d’œstrogène sera élevé et plus les risques de cancer de sein vont augmenter.

La consommation d’alcool impacte le taux hormonal

L’alcool affecte le foie, ce qui a une incidence sur le taux d’œstrogène. L’alcool accroît le risque de cancer du sein chez la femme. A titre d’exemple, l’Institut National du Cancer cite la cirrhose du foie. "Un foie endommagé par la cirrhose fait augmenter le taux d’œstrogènes et baisser le taux d’androgènes, qui sont tous les deux liés à un risque accru de cancer du sein", estiment leurs experts.

Cancer du sein chez l’homme : les signes qui doivent amener à consulter

Il est essentiel que les hommes prennent connaissance des symptômes, même si le cancer du sein est plus rare pour la population masculine. Malheureusement, il n’existe pas de dépistage organisé en France concernant le cancer du sein chez l’homme. Or, passer à côté des signes retarde le diagnostic et compromet les chances de guérison.

L’apparition d’un nodule

Le signe le plus fréquent du cancer du sein chez l’homme est une masse indolore, habituellement située près du mamelon ou en-dessous. L’autopalpation permet de la déceler. "Une boule (nodule) au niveau de la poitrine peut prédire un cancer du sein, développe le Pr Ballester. Chez l’homme, le diagnostic est plus facile à la palpation, puisqu’il il y a moins de tissus mammaires. C’est logique. Néanmoins, les hommes ont moins tendance à se palper à cette partie du corps. Ils passent donc plus facilement à côté de la tumeur".

Un écoulement sanglant au niveau du mamelon

L’aspect du mamelon doit également amener à consulter un spécialiste. Un écoulement sanglant à ce niveau peut présager la survenue d’un cancer du sein. En outre, une évolution de couleur du mamelon, une rougeur, un œdème ou encore un changement au niveau de la forme des seins peut également aller dans ce sens.

Perte de poids, nausées et maux de tête : des signes tardifs

Malheureusement, ce type de cancer peut être asymptomatique, ajoute le chirurgien gynécologue. Le cancer aura alors le champ libre pour se développer et se propager vers d’autres parties du corps. "Si le cancer n’est pas diagnostiqué, la tumeur peut grossir, entraînant ainsi d’autres symptômes dits tardifs", confirme la Société Canadienne du Cancer.

On note les douleurs osseuses, les nausées, la perte d’appétit et la perte de poids. En parallèle, un essoufflement, une toux, des maux de tête, une vision double et une faiblesse musculaire peuvent aussi se manifester lorsque le cancer s’est installé.

Cancer mammaire masculin : le traitement est-il le même que chez la femme ?

"La prise en charge diffère peu par rapport à celle de la femme, partage le praticien. Le protocole est même calqué sur celui destiné à la femme". Le traitement sera toujours planifié de façon individuelle et adapté à chaque patient. Il va dépendre de plusieurs facteurs comme la taille de la tumeur, ses caractéristiques et de la présence (ou non) de métastases.

La mastectomie : envisagée plus vite chez l'homme

L’ablation du sein est envisagée plus rapidement chez l’homme en cas de cancer, dit le Pr Ballester. "Le volume mammaire est plus restreint chez l’homme que chez les femmes, décrit-il. Inévitablement, le ratio entre la taille de la lésion et la taille du sein sera moins important. Il est donc plus difficile d’envisager un traitement conservateur (garder le sein et retirer juste la zone touchée par la tumeur, ndlr)".

La mastectomie laisse moins de séquelles esthétiques chez l’homme. "Je n’ai jamais eu à faire de reconstruction dans ce cas de figure", témoigne le Professeur.

"Mais avant la mastectomie, on va évaluer les ganglions situés dans le creux de l’aisselle, poursuit-il. C’est la procédure du ganglion sentinelle. On va prélever certains ganglions pour déterminer s’ils sont cancéreux ou non. En fonction de ce diagnostic, on va définir les prochains traitements, incluant ou non la mastectomie".

La chimiothérapie du cancer du sein masculin

Si le cancer se trouve à un stade avancé, en ayant déjà colonisé plusieurs parties du corps, une chimiothérapie sera proposée à la suite de la mastectomie. "Le plus souvent, on préconise quatre mois de chimiothérapie après l’opération, précise le Pr Ballester. Les agents chimiothérapeutiques auxquels on a recours sont les mêmes que ceux que l’on administre aux femmes".

La Société Canadienne du Cancer estime qu’il nécessite encore des recherches pour connaître l’efficacité de certaines associations médicamenteuses avec la chimiothérapie chez l’homme atteint de cancer du sein.

"Néanmoins, le recours à la chimio n’est pas systématique après la mastectomie, prévient le Pr Ballester. Encore une fois cela va dépendre de chaque patient et de l’avancée de la tumeur".

L’hormonothérapie chez le gent masculine

"Comme abordé dans la partie précédente, on sait que le cancer du sein est souvent une maladie oestrogénodépendante, poursuit le spécialiste. Certains traitements, dits antihormonal sont capables de bloquer la fabrication d’hormones dans l’organisme. C’est le cas de l’hormonothérapie".

On a recours à l’hormonothérapie pour réduire le risque de réapparition de cancer ou pour traiter un cancer du sein avancé ou en récidive. Les médicaments anti-oestrogéniques empêchent les cellules du cancer du sein d’obtenir de l’oestrogène. "Le tamoxifène® est le médicament qu’on administre le plus souvent aux hommes atteints de cancer du sein, ajoute la Société Canadienne du Cancer. On peut le proposer après la chirurgie pour réduire le risque de réapparition du cancer".

La radiothérapie est aussi employée

La radiothérapie est aussi un traitement administré aux hommes atteints de cancer du sein. "On peut y avoir recours comme traitement adjuvant après une chirurgie pour traiter le cancer du sein, mais on peut aussi l’administrer après une mastectomie si le cancer s’est propagé aux muscles du thorax ou à un certains nombreux de ganglions lymphatique s [ganglions situés au niveau du coup, abdomen, thorax…ndlr]»", ajoutent les experts.

Cancer du sein chez l’homme : quelles chances de survie ?

Le taux de survie du cancer du sein chez l’homme est définie comme "relatif après 5 ans". Il sert à déterminer quelle est la probabilité qu’une personne atteinte de cancer soit encore en vie après son diagnostic comparativement à des personnes qui font partie de la population générale et qui n’ont pas ce cancer.

Un taux de survie estimé à 80 % environ

"Dans la littérature médicale, nous manquons encore de données, le cancer du sein chez l’homme étant peu fréquent, précise le Pr Ballester. Initialement, nous avions l’impression que le pronostic vital était moins bon, car dans la plupart des cas, ce cancer est découvert plus tardivement chez le patient masculin. Or finalement, le pronostic est semblable à celui de la femme. On parle d’un taux de survie à 70 % dans les cinq premières années. Et si le cancer est décelé à un stade précoce, il peut atteindre les 80 %".

Cela signifie qu’environ 80 % des hommes ayant reçu un diagnostic de cancer du sein survivront au moins 5 ans après le diagnostic.

"Avant tout, il faut retenir que les hommes ont aussi un risque de développer le cancer du sein, et particulièrement s’ils ont des antécédents familiaux, concluent le Pr Ballester. Ces derniers doivent être attentifs si cette maladie touche plusieurs de leurs parents proches. Enfin, si c’est votre cas, soyez attentif et pensez à vous faire dépister aussi pour le cancer de la prostate. Il fait partie du même spectre de cancer et dépend lui aussi des antécédents familiaux".

Quel suivi après le traitement

À l’issu du traitement, le patient bénéficie d’un suivi, une composante essentielle des soins apportés. Il doit avoir régulièrement des visites de suivi, en particulier au cours des 5 premières années qui suivent le traitement. Ces visites permettent à l’équipe de soins de surveiller ses progrès et de savoir comment il se remet du traitement.

Sources

Merci au Pr Marcos Ballester, chef de service chirurgie gynécologique et mammaire au groupe hospitalier Diaconnesse Croix Saint Simon (Paris)

Cancer du sein chez l'homme, Institut National du Cancer

Cancer du sein chez l’homme, Société Canadienne du Cancer

Le cancer du sein chez l’homme, Ligue contre le cancer

mots-clés : octobre rose
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