- 1 - Pourquoi les médicaments avec de la pseudoéphédrine sont-ils dangereux ?
- 2 - L'ANSM prend des mesures pour sécuriser leur utilisation
- 3 - Sirops contre la toux : quels sont leurs dangers ?
- 4 - Pastilles contre la gorge : quels sont leurs risques ?
- 5 - Antibiotiques : comment éviter la résistance ?
- 6 - Les bons réflexes : paracétamol et lavage de nez
Les médicaments anti-rhume ont la cote en pharmacie, surtout en hiver. Écoulement nasal ou nez congestionné, mal de tête, toux, fièvre, chacun cherche le "meilleur remède" capable de soulager des symptômes parfois très désagréables. "Le rhume est une inflammation des muqueuses des voies respiratoires presque exclusivement due à un virus, rappelle le Dr Claire Brothier, médecin généraliste. Il guérit donc spontanément en dix jours environ."
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Comment soigner un rhume le plus vite possible ?Un traitement médicamenteux peut tout de même aider à soulager les symptômes. Gare aux idées reçues, ce n’est pas parce qu’il est vendu sans ordonnance qu’il ne représente aucun danger pour la santé. Sur les 62 médicaments les plus vendus en automédication, le magazine 60 millions de consommateurs (version payante) estimait déjà, dans une enquête publiée en 2017, que près d’un médicament sur deux étaient à proscrire à cause de son rapport bénéfice/risque défavorable.
Pourquoi les médicaments avec de la pseudoéphédrine sont-ils dangereux ?
Quels sont leurs effets indésirables ?
Actifed Rhume®, Humex Rhume®, Dolirhume®, Nurofen rhume® ou Rhinadvil®, tous ces médicaments vendus sans ordonnance ont un point commun : ils contiennent de la pseudoéphédrine.
Cette substance est un vasoconstricteur qui contracte les vaisseaux sanguins et augmente le diamètre des cavités nasales afin de décongestionner les nez bouchés. Problème : ce médicament contre le rhume se prend par voie orale et participe à la contraction de tous les vaisseaux de l’organisme.
"Il peut provoquer des effets indésirables graves, mais rares, comme une poussée d’hypertension artérielle, des troubles du rythme cardiaque, des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ou des troubles graves au niveau du système digestif comme les colites ischémiques", souligne le Dr Brothier.
Quels sont les risques de surdosage ?
L’autre danger avec ces médicaments pris en automédication est qu’ils contiennent d’autres composés actifs comme du paracétamol, de l’ibuprofène ou un antihistaminique. Un cocktail qui accroît le risque de surdosage et d’effets indésirables si l’indication ou la posologie ne sont pas respectées au pied de la... notice.
Photo : structure de la pseudoéphédrine
Crédit : NEUROtiker — Travail personnel © CC/Domaine public - Licence : https://commons.wikimedia.org
L'ANSM prend des mesures pour sécuriser leur utilisation
Dans un point d'information du 17 décembre 2019, l'Agence nationale de sécurité du médicament a déclaré qu'elle souhaitait améliorer le bon usage des médicaments vasoconstricteurs pour garantir la sécurité des patients. Dans ce but, elle compte "renforcer l'information au travers de la diffusion de documents en pharmacie".
En effet, une enquête de pharmacovigilance de mars 2019 a confirmé les dangers de ces produits, avec "la persistance de cas d’effets indésirables cardiovasculaires et neurologiques rares, mais graves, notamment infarctus du myocarde et accident vasculaire cérébral ischémique".
Des fiches d'information seront distribuées aux patients
Bien souvent, c'est un mésusage de ces médicaments qui entraîne ces effets secondaires. À savoir, une utilisation trop longue (plus de 5 jours), l'association de deux vasoconstricteurs (par voie orale et par voie nasale) ou le non-respect des contre-indications.
D'où la volonté de l'ANSM de renforcer la communication, pour apprendre aux patients à mieux utiliser ces médicaments. Une fiche d'aide à leur dispensation va être diffusée auprès des pharmaciens, et une fiche d'information sera remise aux patients qui achètent des vasoconstricteurs.
Sirops contre la toux : quels sont leurs dangers ?
Attention aux sirops antitussifs
"La toux est un phénomène réflexe qui vise à protéger les voies aériennes supérieures de particules étrangères ou à éliminer les sécrétions produites. Elle est donc importante pour se débarrasser des sécrétions lorsque celles-ci coulent au fond de la gorge, prévient le Dr Brothier. Or, si on enlève ce réflexe avec un sirop antitussif, les sécrétions vont s’accumuler au niveau des poumons et l’infection pourrait s’aggraver."
Gare aussi aux sirops expectorants
Les sirops expectorants et fluidifiants bronchiques qui aident à dégager les crachats ne sont pas mieux. "Quand on prend mal le médicament, après 17h ou 18h par exemple, il y a un risque d’inondation bronchique grave et donc de s’étouffer dans son sommeil", ajoute le médecin généraliste. Si les quintes de toux empirent, consultez un médecin qui pourra vous prescrire un vasoconstricteur à prendre par voie nasale (disponible uniquement sur ordonnance).
De plus, certains sirops contre la toux peuvent engendrer des somnolences et altérer les capacités de conduite. Il faut aussi se méfier des antihistaminiques qui peuvent avoir un effet sédatif. Soyez attentif aux pictogrammes présents sur les emballages.
Pastilles contre la gorge : quels sont leurs risques ?
"Avant de commencer le traitement, lisez toujours la notice", recommande l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Et pour cause, certains médicaments qui paraissent banals comme les pastilles pour la gorge avec un anti-inflammatoire non stéroïdien (ex : Strefen® sans sucre) peuvent avoir de graves conséquences chez la femme enceinte. Le fœtus risque une atteinte rénale et cardio-pulmonaire qui peut être irréversible, voire parfois mortelle.
Antibiotiques : comment éviter la résistance ?
Les antibiotiques, bien souvent inutiles lors d’un rhume qui a le plus souvent une origine virale et non bactérienne, sont disponibles uniquement sur ordonnance. "Ce qui n’empêche pas certains patients de réutiliser des médicaments d’une prescription précédente parce qu’ils pensent avoir identifié les mêmes symptômes, regrette le Dr Brothier.
Or parfois, ce n’est pas le bon antibiotique, ni la bonne posologie." Et ils favorisent la résistance lorsqu’ils sont mal pris...
Les bons réflexes : paracétamol et lavage de nez
Comment bien dégager les voies respiratoires ?
En cas de rhume, le premier réflexe à avoir est de "se laver les fosses nasales avec de l’eau saline ou du sérum physiologique deux fois par jour", conseille le médecin. Les inhalations d’huiles essentielles de girofle, d’eucalyptus radié ou de thym qui ont une action antiseptique peuvent également aider à la décongestion des muqueuses. L’enquête de 60 Millions de consommateurs montrait que seulement 13 des médicaments analysés vendus sans ordonnance étaient plus utiles que risqués pour soigner un rhume. Parmi eux, Vicks Vaporub®.
En cas de rhume : le premier réflexe, c'est le lavage de nez
Quand prendre du paracétamol contre la fièvre ?
"En dehors des contre-indications, mieux vaut privilégier le doliprane® (paracétamol) à l’ibuprofène (anti-inflammatoire) qui peut diminuer la réponse immunitaire et accroître le risque de surinfection", recommande le Dr Brothier. De plus, pensez à aérer régulièrement les pièces de chez vous, à bien vous hydrater et à vous laver les mains régulièrement pour limiter le risque de propagation du virus.
Si les symptômes persistent plus de quinze jours, que la température monte au-delà de 39°C pendant plus de 48 heures ou que de nouvelles douleurs pouvant faire suspecter une angine, une otite ou une sinusite surviennent, consultez un médecin.
Se soigner sans ordonnance, 60 Millions de consommateurs https://www.60millions-mag.com/2017/11/14/medicaments-dangereux-comment-les-reperer-11451
Fiche sur la pseudoéphédrine, Vidal https://eurekasante.vidal.fr/medicaments/s-active/recherche/substance-2960-Pseudoephedrine-chlorhydrate.htm
ANSM https://ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/fd6f9db222b33b8800cfce899bd690fb.pdf
L’ANSM souhaite sécuriser l’utilisation des vasoconstricteurs, ANSM, 17 décembre 2019.