Qu'est-ce qu'une polyneuropathie distale chronique ?

La polyneuropathie distale chronique (anciennement appelée polynévrite) est une atteinte des nerfs périphériques, sensitifs et/ou moteurs, appartenant au système nerveux périphérique.

Le système nerveux périphérique est un vaste et complexe réseau de nerfs : les nerfs sensitifs transmettent les informations de la sensibilité des membres au cerveau et les nerfs moteurs permettent d’effectuer les mouvements commandés par le système nerveux central. Les causes sont multiples – le diabète, l’alcool et certains médicaments en premier lieu. Certains cancers, maladies infectieuses et auto-immunes peuvent également être à l’origine de la polyneuropathie distale chronique ou polynévrite.

Quelle est sa fréquence ?

La polyneuropathie distale chronique ou polynévrite touche 1% de la population environ, selon une vaste étude néerlandaise, publiée en 2016. Ce chiffre grimpe chez les personnes âgées. Ainsi, 7 % d'entre elles seraient atteintes.

Quels sont les symptômes de la polyneuropathie distale chronique ?

Les symptômes concernent des troubles de la sensibilité et touchent en premier lieu les membres inférieurs. Ils sont d’abord limités aux extrémités et peuvent ensuite progresser vers le haut des jambes et parfois toucher les mains : 

  • fourmillements parfois douloureux ;
  • crampes ;
  • baisse de la sensibilité ;
  • engourdissements.

Lorsque les troubles sont plus sévères, on peut retrouver : 

  • Un déficit moteur prédominant en distalité. C'est ce qu'on appelle le steppage à la marche, soit la difficulté pour le patient de relever les pieds et les orteils. Ce symptôme accroît le risque de chutes.
  • Une fonte musculaire peut être associée.
  • Des troubles de l'équilibre.

Quelles sont les causes de la polynévrite ?

  • Le diabète : environ 30% des patients souffrent au moins d’une neuropathies des nerfs périphériques.
  • La consommation excessive et chronique d’alcool.
  • Une insuffisance rénale chronique sévère.
  • Certaines carences en vitamines prolongées.
  • Certains médicaments (notamment certaines chimiothérapies) peuvent également être toxiques pour les nerfs.
  • Les causes plus rares sont les maladies auto-immunes, infectieuses, les hémopathies et des neuropathies héréditaires (maladie de Charcot-Marie-Tooth, neuropathie amyloïde familiale).

Dans 25% des cas, aucune maladie n’est responsable de la neuropathie. On parle de neuropathie idiopathique

Quels sont les facteurs de risques ?

  • L'alcool ;
  • la dénutrition (carences en vitamines) dans un contexte d’amaigrissement important et rapide notamment.

Quelles sont les personnes à risque ?

  • Les personnes diabétiques ;
  • les personnes âgées nécessitent une attention particulière. Des troubles sensoriels peuvent apparaître avec les années (vue, audition), ce qui augmente le risque de chutes.

Est-elle contagieuse ?

La polynévrite ou polyneuropathie distale chronique n'est pas contagieuse, même dans une forme sévère.

Peut-on prédire la durée d'une neuropathie ? 

La durée polyneuropathie distale chronique ou polynévrite peut être très variable. 

Qui, quand consulter ?

"Ce qui compte, c'est la rapidité d’installation de la neuropathie", explique Pauline Reach. Ainsi, si les symptômes s’installent et progressent en quelques jours seulement, il faut vite consulter son médecin et ne pas attendre un rendez-vous chez le neurologue.

Dans le cas des polyneuropathies distales chroniques (anciennement appelées polynévrites), les symptômes s’installent progressivement sur plusieurs mois, le patient pourra être orienté par son médecin traitant vers un neurologue. Le docteur a aussi la possibilité de prescrire un électromyogramme si l’examen clinique oriente vers une neuropathie périphérique.

Photo : le système nerveux et le système nerveux périphérique

Qui, quand consulter ?© Creative Commons

Auteur : Dailly Anthony - Licence : CC BY-SA 3.0 https://creativecommons.org/licenses/by/3.0

Que faire en cas de signes de neuropathie périphérique ? 

Réponse de la neurologue Dr Pauline Reach : "en cas de signes pouvant évoquer une neuropathie périphérique, il faut un examen clinique approprié pour orienter et savoir quand réaliser des explorations. Toute polyneuropathie n’est pas forcément quelque chose de grave, mais il faut tout de même faire un bilan et avoir un suivi approprié pour dépister les neuropathies périphériques secondaires à des maladies générales et qui pourraient éventuellement devenir plus invalidantes". 

Quelles sont les complications de la polyneuropathie distale chronique ?

  • Plaies au niveau des pieds avec retard à la cicatrisation.
  • Chutes en cas de neuropathie sévère secondaire au déficit moteur et/ou aux troubles de la sensibilité, surtout chez les patients âgés.

Dans le cas des polyneuropathies chroniques, les patients peuvent parfois ressentir une aggravation brutale de leur maladie. Il faut alors rechercher un facteur pouvant l'expliquer. "Dans ce cas, les patients vont avoir l’impression d’une aggravation de leur neuropathie, mais cela peut tout à fait se stabiliser par la suite", assure le Dr Pauline Reach.

Quels sont les examens et analyses à faire ?

Examen clinique

Les symptômes décrits plus hauts ne sont pas spécifiques d’une polyneuropathie. Il faut procéder à un examen clinique approprié à la recherche de signes cliniques qui orienteraient vers une atteinte du système nerveux périphérique. Le médecin peut mettre en évidence des troubles de la marche, de la sensibilité et/ou de la motricité. Il recherche une diminution ou une perte des réflexes aux membres inférieurs, ce qui oriente vers une polyneuropathie. 

Électromyogramme

Si les signes de polyneuropathie chronique ont été mis en évidence lors de l’examen clinique, le diagnostic pourra être confirmé par la réalisation d’un électromyogramme - une exploration qui permet d’évaluer le fonctionnement des nerfs moteurs et sensitifs du système nerveux périphérique.

La réactivité des nerfs est enregistrée à l’aide d’un stimulateur délivrant de petites impulsions électriques afin de recueillir les réponses des nerfs moteurs et sensitifs. L’électromyogramme confirmera l’existence de polyneuropathie distale et permettra d’en mesurer le degré de sévérité. En fonction du résultat, un bilan complémentaire pourra être réalisé à la recherche d’une cause sous-jacente.

La mise en évidence d’une cause associée pourra le cas échéant orienter la prise en charge du patient. 

Quels sont les traitements de la polyneuropathie distale chronique ?

Si la cause de la polyneuropathie distale chronique est identifiée, le traitement de celle-ci permettra d’arrêter l’évolution et parfois d’améliorer les symptômes. Selon les cas, les médecins prescriront :

  • L'équilibration prudente et adaptée du diabète.
  • L'arrêt de l’alcool.
  • La supplémentation en vitamine en cas de carence.
  • L'arrêt des médicaments toxiques pour les nerfs et remplacement par des molécules plus adaptées si possible.

Par ailleurs, en cas de neuropathie secondaire à une maladie plus générale (cancer, hémopathie…), le traitement de celle-ci peut parfois améliorer les symptômes de la polyneuropathie.

Dans un quart des cas, au terme du bilan, aucune maladie n’est responsable de la neuropathie. Les symptômes restent le plus souvent stables au cours du temps. Elle est alors soignée par le biais de traitements symptomatiques pour soulager les patients en cas de douleurs.

Dans tous les cas, en cas de douleurs neuropathiques, des soins médicamenteux pourront être éventuellement prescrits, de même qu'une prise en charge non médicamenteuse comme la kinésithérapie ou le port de semelles orthopédiques

Peut-on prévenir cette atteinte des nerfs ?

25% des neuropathies ne présentent aucune cause. Dans ces cas, la polyneuropathie périphérique reste globalement stable. En l’absence de maladie sous-jacente identifiée ou dans le cadre de neuropathie héréditaire, le traitement repose surtout sur la prévention de l’aggravation par de la kinésithérapie adaptée pour éviter des douleurs liées à des rétractions tendineuses par exemple.

Les médecins doivent être avertis de l’existence de cette neuropathie pour éviter les situations pouvant l’empirer : positionnement adapté en cas de chirurgie longue, éviter les médicaments toxiques pour les nerfs, dépister les carences par exemple. 

"Il s’agit de prévenir toutes les causes qui pourraient aggraver une neuropathie déjà préexistante", résume notre experte.

Site d'informations et association

La neuropathie diabétique sur le site de la Fédération française des diabétiques

Sources

Prise en charge diagnostique des neuropathies périphériques sur le site de la HAS (Haute autorité de santé)