Laetitia Milot n’a jamais gardé secret son combat contre l’endométriose. Comme une femme sur dix en France, l’actrice a été diagnostiquée, après sept années de souffrance. Dans un entretien, accordé en exclusivité à Medisite, Laetitia Milot parle de son expérience, de l’avancée de sa maladie et de ses conséquences sur sa vie de femme. Heureuse maman de Lyana, âgée de 20 mois, la comédienne a déjà remporté une belle victoire contre cette maladie gynécologique, souvent liée à l’infertilité. Mais celle qui a été dévoilée au public dans la série Plus Belle la Vie ne compte pas abandonner les autres victimes pour autant.
"La maladie se soigne, mais ne se guérit pas, tient à nous rappeler Laetitia Milot. Il faut vivre avec".
Marraine d’EndoFrance (association de lutte contre l’endométriose), Laetitia Milot s’engage pour sensibiliser la population à cette maladie encore peu connue et diagnostiquée souvent trop tardivement [7 ans en moyenne, selon EndoFrance]. En restant dans l’ombre, l’endométriose continue d’évoluer et entrave de plus en plus la vie quotidienne des patientes.
Principalement connue pour son rôle de Mélanie Rinato dans le feuilleton populaire Plus belle la vie, Laëtitia Milot enchaîne les rôles dans des téléfilms (On se retrouvera, Meurtres à Avignon, La femme aux cheveux rouges), et devient l’héroïne de la série La vengeance aux yeux clairs (2016), diffusée sur TF1.
Interview exclusive.
Medisite : Le diagnostic de l’endométriose est souvent tardif. Comment cela s’est-il passé pour vous ?
Laetitia Milot : "Malheureusement, mon expérience rejoint celle de nombreuses victimes : au début, on se plaint de douleurs, surtout pendant les menstruations. J’ai consulté plusieurs médecins, mais aucun ne trouvait ça anormal. Pour eux, j’étais juste "chochotte". Puis c’est devenu de plus en plus douloureux, même hors menstruations. J’ai changé 4 ou 5 fois de gynécologue, car ils me disaient tous la même chose. Au bout de sept ans, je suis tombée sur une praticienne qui soupçonnait l’endométriose. J’avais 25 ans. J’ai enfin pu mettre un mot sur mes maux. Mais c’était trop tard".
"En sept ans, la maladie a le temps d’évoluer et de se développer. Et c’est ce qu’on veut faire bouger avec EndoFrance : le temps du diagnostic. Plus on détecte la maladie tôt, plus on a de chance de pouvoir la gérer et de ne pas souffrir inutilement".
Medisite : Comment la maladie entrave-t-elle le quotidien ?
Laetitia Milot : "Chaque patiente aura son endométriose. Chacune doit faire son possible en fonction de ses douleurs et de ses capacités à les gérer. Il y a effectivement des femmes qui ne peuvent plus travailler. La maladie peut être vraiment invalidante allant jusqu’à empêcher de faire du sport ou de marcher. Les anti-douleurs et les traitements peuvent aider. Mais, nous n’avons pas le choix : il faut vivre avec l’endométriose. Elle se soigne, mais ne se guérit pas."
Medisite : Comment avez-vous vécu votre grossesse ?
Laetitia Milot : "Les gynécologues ont tendance à dire aux patientes "tombez enceinte et ça ira mieux". Ce n’est pas vrai. La grossesse ne guérit pas l’endométriose. Il faut être clair et transparent avec les femmes. Pour ma part, les symptômes ont stagné pendant les 9 mois.
J’ai vécu une grossesse magnifique et je me suis sentie épanouie.
Mais la maladie n’a pas disparue. Après l’accouchement, l’endométriose a mis 3 à 4 mois avant de réapparaître. J’ai retrouvé mes symptômes".
Medisite : Devenir maman a été un vrai combat. Avez-vous l’impression d’avoir "vaincu" l’endométriose en donnant naissance à votre fille ?
Laetitia Milot : "Oui totalement. Ma fille est arrivée alors que je suivais un traitement qui ne me permettait pas de tomber enceinte. C’était comme un miracle ! On ne peut pas exprimer ça autrement. Je n’espérais plus tomber enceinte, et encore moins naturellement. Je n’ai pas l’impression d’avoir gagné contre l’endométriose, car c’est un combat permanent, mais d’avoir remporté une bataille."
Medisite : Vous avez déclaré sur le plateau de France 3* que vous ne pourrez pas être maman une nouvelle fois. Un second miracle ne peut-il arriver ?
LM : "La maladie a repris le dessus après l’accouchement, comme je vous ai dit. Et il se trouve qu’elle a beaucoup trop évolué désormais. Je ne pourrais donc plus donner la vie une seconde fois et avoir un autre enfant."
Medisite : Envisagez-vous une alternative pour agrandir votre famille ?
LM : "Pour l’instant, on veut y aller doucement (rire). On a déjà envisagé l’adoption avant d’avoir Lyana. Et on y pense encore. Mais c’est un autre combat. Nous vivons dans un pays dans lequel ce projet est très long à réaliser. Et je ne me vois pas adopter dans 4, 5, voire 10 ans.
Certes, on réfléchit à l’adoption, mais je ne peux pas penser qu’à moi. Je pense aussi à ma fille, qui est là, qui a 20 mois et qui mérite toute l’attention de ses parents. La priorité pour moi c’est Lyana. Je veux faire d’elle une enfant heureuse et épanouie."
Medisite : Avez-vous un message à adresser aux autres victimes de l’endométriose ?
LM : "Ne laissez pas la maladie gagner sur votre couple. Essayez d’être plus fort que l’endométriose. On parle beaucoup de grossesse et d’enfants, mais toutes les femmes n’en veulent pas. On n’a pas toutes envie de tomber enceinte, mais ce qu’on a toutes en commun, c’est qu’on ne veut plus souffrir. Sachez qu’avec EndoFrance, on se bat pour trouver un traitement qui lutte contre la douleur en aidant les chercheurs.
Ce n’est pas parce que j’ai réussi à avoir Lyana que je ne continue pas à me battre à vos côtés. J’ai fait une promesse un jour à EndoFrance. On trouvera des solutions et je vous accompagnerai jusqu’au bout."
*La boîte à secrets, présentée par Faustine Bollaert, France 3
Endométriose : ce qu'il faut savoir sur la maladie
"L’endométriose est une maladie inflammatoire chronique parfois invalidante touchant au moins une femme sur dix en âge de procréer, décrit l'association EndoFrance. Elle se caractérise la plupart du temps par des douleurs très intenses lors des périodes menstruelles et est souvent liée à l’infertilité. Malgré un très grand nombre de cas, cette maladie datant d’un siècle est encore trop peu connue et diagnostiquée tardivement, avec un retard de 7 ans en moyenne".
Endométriose : ce qu'il se passe dans le corps
L’endomètre est le tissu qui tapisse l’utérus. Sous l’effet des hormones (oestrogènes), au cours du cycle, l’endomètre s’épaissit en vue d’une potentielle grossesse, et s’il n’y a pas fécondation, il se désagrège et saigne. Ce sont les règles.
"Chez la femme qui a de l’endométriose des cellules vont remonter et migrer via les trompes. Le tissu semblable au tissu endométrial qui se développe hors de l’utérus provoque alors des lésions, des adhérences et des kystes ovariens, (endométriomes) dans les organes colonisés, explique EndoFrance. Cette colonisation, si elle a principalement lieu sur les organes génitaux et le péritoine peut fréquemment s’étendre aux appareils urinaires, digestif, et plus rarement pulmonaire".
Photo : l'endométriose vue lors d'une chirurgie laparoscopique
Crédit : richie graham, 8 mars 2005 - CC - Licence : https://creativecommons.org/licenses/by/2.0/deed.en
Endométriose : qui est touché ?
L'Endométriose les femmes en âge de procréer. Potentiellement, il s'agit de femmes réglées. "Il n’est pas rare aujourd’hui de voir de très jeunes femmes atteintes par cette maladie. Et lorsqu’on les interroge, la plupart des femmes atteintes sévèrement par cette maladie se plaignent d’avoir souffert depuis la puberté de douleurs gynécologiques violentes sans que le médecin ait évoqué une possible endométriose", relève EndoFrance.
Aujourd’hui, l’endométriose est diagnostiquée, souvent avec un retard moyen de cinq années, durant lesquelles la maladie a eu le temps de poursuivre son évolution et de causer des dommages irréversibles. Les médecins spécialistes de l’endométriose s’accordent à dire que la maladie toucherait 1 femme sur 10. Ce chiffre concerne les femmes pour qui le diagnostic a été posé. Il est donc probable que l’endométriose touche plus de femmes encore, estime l'association.
Merci à Laetitia Milot, interviewée le 12 février 2020
Qu’est-ce que l’Endométriose ?, EndoFrance
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