Cirrhose du foie : il est plus dangereux de boire en dehors des repasAdobe Stock

"L'alcool est une cause connue de cirrhose, mais on ne sait pas si le risque associé varie en fonction de la fréquence de consommation, du moment où il est bu et du type de liquide ingurgité", expliquent les chercheurs de l’étude The Million Women Study publiée dans la revue médicale britannique The Lancet le 21 novembre 2018. L’étude démontre que la manière dont on consomme cet alcool peut favoriser cette maladie.

D’après les scientifiques, "mieux vaut éviter de boire tous les jours, et quand c'est le cas, mieux vaut le faire pendant les repas plutôt qu’aux apéros et autres afterworks". Pour obtenir ces résultats, l’objectif était d’étudier les "associations entre la consommation d’alcool pendant les repas, la fréquence de consommation quotidienne et la cirrhose du foie", indiquent-ils.

"Chez les femmes, l'incidence de la cirrhose augmente avec la consommation totale d'alcool"

L’étude a analysé 401 806 femmes en bonne santé, toutes nées entre 1935 et 1950 et recrutées entre 1996 et 2001. Elles ont indiqué à la fin de la période de recrutement si elles buvaient de l’alcool pendant les repas et à quelle fréquence durant la semaine. Parmi elles, en 2016, près de 1560 ont été hospitalisées pour une cirrhose du foie ou sont décédées de cette maladie. Plus elles avaient une forte consommation d‘alcool, plus les risques de cirrhose étaient élevés. Environ 203 564 participantes, ont déclaré boire pendant les repas, mais en prenant compte de la quantité d’alcool ingérée, les femmes qui buvaient au diner avaient moins de risque de développer une cirrhose du foie que celles qui buvaient beaucoup en dehors.

"Chez les femmes, l'incidence de la cirrhose augmente avec la consommation totale d'alcool, même à des niveaux modérés de consommation. Pour une consommation hebdomadaire d'alcool donnée, cette incidence excessive de cirrhose est plus élevée si la consommation se fait habituellement en dehors des repas et est quotidienne", concluent les chercheurs. Il est important de garder tête que ça ne sert à rien de compenser, c’est-à-dire: boire en excès une fois par semaine est autant dangereux pour notre santé, que de boire de façon plus régulière.

Même après sevrage, l'alcool reste un danger

Lors du 77ème congrès de l’Association française pour l’étude du foie à Toulouse, les chercheurs avaient rappelé que le seul moyen de prévention efficace demeure de consommer de l’alcool de façon modérée, à raison de deux verres par jour maximum pour une femme, et de trois chez un homme. D’autant qu’une consommation excessive augmente également le risque de maladies cardiovasculaires.

Selon une étude franco-belge rapportée lors du congrès, chez les patients atteints d’une cirrhose alcoolique, le risque de cancer du foie demeure important même s’ils sont abstinents depuis leur diagnostic. Ainsi, chez ces patients totalement sevrés ou consommant de l’alcool très modérément, l’incidence du cancer du foie (carcinome hépatocellulaire) est de 3% par an. Mais pour le Dr Nathalie Ganne-Carrié, co-auteure de l’étude citée par Le Figaro, ces travaux prouvent tout de même "que la surveillance échographique des patients atteints de cirrhose alcoolique est rentable, aussi bien médicalement parlant qu'en terme de coût". La chercheuse recommande donc un dépistage systématique du cancer du foie pour tous les patients atteints de cirrhose liée à l’alcool.

Sources

Alcohol drinking patterns and liver cirrhosis risk: analysis of the prospective UK Million Women Study, The Lancet, 21 novembre 2018

Vidéo : Cirrhose du foie : comment la reconnaître ?

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