La lumière des LED est-elle toxique pour nos yeux ? On sait que sans protection adéquate, l’exposition à la lumière naturelle du soleil affecte la santé de l’œil de façon irréversible.
Mais l’exposition à la lumière artificielle des lampes, des smartphones, et des nombreux écrans du quotidien, n’est pas non plus sans risque sur les tissus oculaires.
Les effets néfastes de la lumière bleue issue des LED ont déjà été documentés : ces ampoules à diodes électroluminescentes peuvent endommager les cellules de la rétine, déclencher des troubles du sommeil et déréguler le rythme circadien (horloge interne qui régule les cycles veille-sommeil), rappelle Alicia Torriglia, chercheuse Inserm au Centre de recherche des Cordeliers à Paris. L'exposition excessive à la lumière bleue est aussi suspectée d'accélérer le vieillissement des cellules, quand elle n'est pas associée à la prise de poids.
La scientifique de l'Inserm publie de nouveaux travaux qui mettent en lumière de la phototoxicité des éclairages domestiques, qu’elle juge "sous-estimée".
Selon la chercheuse, les valeurs limites d’exposition de la rétine humaine fixées dans les années 80 sont obsolètes et trop permissives. Alicia Torriglia appelle à réévaluer la dose à partir de laquelle les éclairages artificiels sont dangereux pour les yeux.
En cherchant à évaluer l’impact du spectre lumineux dans sa totalité, chez le rat, la chercheuse a constaté que de très faibles doses de lumière LED peuvent induire une mort cellulaire au niveau de la rétine, décrit l’Inserm, dans un communiqué. "Nous avons dû interrompre nos expériences au tiers du temps prévu, pour ne pas faire souffrir les animaux exposés à une lumière qui respectait pourtant les seuils établis", explique l’auteure de l’étude, parue en février dans la revue Environmental International.
"La limite de 11 J/cm² pour la lumière bleue est nettement surévaluée pour le rat, ce qui laisse supposer que c’est surement le cas aussi pour le primate et l’humain."
Réévaluer les seuils de toxicité
Autre problème relevé par la chercheuse : les normes européennes actuelles sont trop réductrices car elles ne se basent que sur la quantité de lumière bleue contenue dans une source de lumière blanche.
Or l’ensemble de la composition de la lumière blanche mériterait d’être prise en compte pour évaluer de façon exhaustive sa toxicité.
Dans le viseur de la chercheuse : la lumière verte et la lumière rouge. La première serait nocive pour la santé oculaire : "la teneur en vert de la lumière blanche induit une invasion de la rétine par des cellules pro-inflammatoires (des macrophages) huit fois plus importante que la lumière bleue", alerte Alicia Torriglia.
A l’inverse, la lumière rouge, émise les ampoules à incandescence mais pas dans les LED, serait bénéfique en réduisant la perte de photorécepteurs, les cellules sensitives de la rétine, précise l’experte.
Réduire l’exposition aux écrans le soir
Au vu de toutes ces raisons, la chercheuse invite à revoir les seuils réglementaires d’exposition à la lumière artificielle, sûrement trop élevés.
Elle rappelle l’importance de limiter l’exposition à la lumière bleue le soir et la nuit, source de stress toxique pour la rétine, encore plus chez les enfants, aux seuils de sensibilité plus faibles. "L’effet de la lumière sur la rétine est complexe, elle ne dépend pas seulement de la quantité, mais aussi du moment des expositions. La rétine a un rythme circadien et sa sensibilité pendant la journée n’est pas la même que la nuit. Des changements physiologiques qui interviennent la nuit la rendent plus sensible à la lumière et plus assujettie au stress phototoxique."
https://www.inserm.fr/actualite/la-phototoxicite-des-eclairages-domestiques-sous-estimee/
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412024000576?via%3Dihub
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.
Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.