Les protections pour incontinence sont des dispositifs médicaux qui consistent à absorber et retenir les urines. Elles sont destinées aux personnes sujettes à l’incontinence urinaire. Les causes de ce phénomène sont multiples. Les changements hormonaux liés à la ménopause et la prise de poids favorisent les fuites urinaires dues à l’affaiblissement des muscles du plancher pelvien. Mais c’est aussi le cas pour la grossesse et l’accouchement.
En somme, 3 millions de Français souffrent d’incontinence urinaire et les deux tiers ont plus de 60 ans. La prévalence des troubles urinaire augmente en effet avec l'âge : environ 20 % des aînés de 80 ans et plus souffrent d'incontinence, contre 9 % au sein de la population générale. Et contrairement aux idées reçues, ce désagrément peut aussi concerner les hommes.
L'incontinence urinaire peut aussi résulter d'un dysfonctionnement musculaire : lésion du sphincter et/ou des autres muscles du périnée ou d'une anomalie neurologique affectant le sphincter et/ou la vessie.
Dernièrement, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a publié un rapport mettant en garde contre les risques liés aux substances chimiques présentes dans les protections pour incontinence.
Protections pour incontinence : les experts ont identifié les dioxines, furanes et PCB-DL ainsi que le formaldéhyde
"Dans son expertise, l’Agence identifie des dépassements de seuils sanitaires pour plusieurs substances chimiques pour les personnes présentant des lésions de la peau et devant porter, sur le long terme, de telles protections", indique le rapport.
L’Anses a été saisi en 2018 par la DGCCRF (Direction générale de la santé et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) afin d’évaluer les dangers potentiels des protections urinaires : risques d’allergie, d’infection ou d’intolérance et risques chimiques par contact cutané ou avec les muqueuses.
"Des essais menés sur quatre références commercialisées en 2017-2018 de protections pour incontinence lourde ont mis en évidence la présence de différentes substances chimiques dangereuses", relaye l’Anses.
Leurs experts ont identifié les dioxines, furanes et PCB-DL ainsi que le formaldéhyde. "Ces substances peuvent notamment migrer dans l’urine et entrer en contact prolongé avec la peau", déplore l’Agence.
"Au vu du dépassement des seuils sanitaires pour certaines des substances, l’expertise montre que le port de ces protections sur le long terme - durée de port continue supérieure à 1 an - peut entraîner un risque sanitaire pour les populations, âgées ou jeunes, souffrant de lésions de la peau au niveau du siège. Or, lorsque le port est prolongé ou quasiment continu, le risque d’apparition de telles lésions est accru".
Protection pour incontinence : elle peut favoriser les dermatites
Les conclusions de l’expertise de l’Anses ont permis d’identifier des risques sur le court terme, qui concernent les pathologies cutanées, mais aussi des risques sur le long terme, liés aux dangers des substances chimiques décelées dans les protections pour incontinence.
La dermatite génère des démangeaisons, brûlures et douleurs
L’incontinence peut principalement entrainer des dermatites, classiquement appelées D.A.I. (Dermatite Associée à l’Incontinence), majorées par le port de protection pour incontinence, résume l’Anses.
Une dermite associée à l'incontinence est une altération de la peau causée par un contact prolongé avec les selles et les urines. Elle génère une inflammation des couches supérieures de la peau et occasionne des démangeaisons, des brûlures et des douleurs.
Elle concernerait 7% des patients incontinents en EHPAD, 42% des patients adultes âgés incontinents hospitalisés et 50% des patients à domicile incontinents fécaux. "Elle serait plus fréquente dans l’incontinence fécale que dans l’incontinence urinaire et serait majorée lors d’une prise en charge inappropriée (changes peu fréquents ou protections insuffisamment absorbantes, nettoyage limité ou au contraire agressif pour la peau, séchage insuffisant de la peau, changes occlusifs)", ajoutent les experts.
Un cas de dermatite allergique de contact sévère après utilisation d’une protection pour incontinence a également été identifié.
Elles peuvent évoluer en plaies très profondes
Une D.A.I qui n’est pas correctement prise en charge peut dégénérer et provoquer des escarres. Il s’agit de lésions importantes de la peau que l’on rencontre fréquemment chez les patients incontinents à mobilité réduite. Elles peuvent évoluer en plaies très profondes.
Protection pour incontinence : formaldéhyde, cancérogène pour l’Homme
Dans son rapport, l’Anses partage aussi les éventuels risques chimiques induits par les protections pour incontinence, liés à la nature des matériaux et aux substances chimiques présentes. L’Anses a dévoilé la présence de dioxines, furanes et PCB-DL ainsi que le formaldéhyde, substance considérée comme cancérogène avérée pour l’Homme.
"L’extraction des substances a été réalisée par solvant afin d’extraire le maximum de substances chimiques possibles sur 4 références. Les familles de substances cherchées étaient les pesticides, phtalates, organo-étains, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), dioxines, furanes et PCB-DL (polychlorobiphényles dioxine-like), composés organiques volatiles (COV), substances parfumantes et conservateurs", détaille l’Anses.
Les protections pour incontinence, sont-elles cancérogènes ?
Dans leur démarche d’identification des dangers, les experts ont recherché si les substances présentes dans les changes complets faisaient l’objet d’une classification harmonisée selon le règlement (CE) n°1272/2008 relatif à la classification, à l’étiquetage et à l’emballage des substances et des mélanges, dit règlement CLP, et selon la classification cancérogène du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
Au vu de la proximité de ces produits avec les organes reproducteurs, le CES a également consulté les classifications ou les bases de données dans le but d’identifier un potentiel effet perturbateur endocrinien (PE).
"En juin 2004, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a modifié la classification du formaldéhyde le faisant passer de la catégorie 'substance probablement cancérogène pour l’homme' (groupe 2A) à 'substance cancérogène avérée pour l’homme' (groupe 1) pour les cancers du nasopharynx par inhalation, sur la base d’études épidémiologiques en milieu du travail", expliquait l’Anses.
Protection pour incontinence : d’où viennent les substances chimiques ?
"Selon les informations transmises par les fabricants, les substances détectées ou quantifiées dans les protections pour incontinence ne sont pas ajoutées intentionnellement. Elles pourraient être issues, soit d'une contamination des matières premières ou des produits finis, soit formées lors des procédés de fabrication", souligne l’Anses.
"Néanmoins, des substances ont pu être ajoutées intentionnellement dans des protections pour incontinence telle que le benzoate de benzyle (UFC Que Choisir, 2019). Une contamination environnementale peut être aussi à l’origine de la présence dans des protections pour incontinence, de certaines substances comme les dioxines, furanes et PCB-DL".
Protections pour incontinence : l’Anses publie les résultats de son évaluation des risques sanitaires, Anses, 23 juin 2020
Évaluation des risques sanitaires liés à la présence de formaldéhyde, Anses, 2018
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