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La descente d’organes est une problématique associée au grand âge dans l’imaginaire collectif. En réalité, le prolapsus génito-urinaire peut apparaître à tout âge, même si le risque s’accroît après la ménopause. "Dans les trente prochaines années, le nombre de femmes qui auront besoin d’un traitement pour le prolapsus est amené à doubler", prédit Aurélie Blaugy, kinésithérapeute, spécialiste en rééducation périnéale, contactée par Medisite.

Le vieillissement global de la population ne suffit pas à expliquer ce phénomène redouté par nombre de femmes. Parmi les coupables désignés : le développement des pratiques sportives fragilisantes pour le plancher pelvien (périnée) chez les femmes plus jeunes comme le trail, du Crossfit, la progression rampante de la sédentarité (temps prolongé passé assis) et de l’inactivité physique, ou encore une augmentation de l’Indice de masse corporelle ou encore de mauvaises habitudes de vie comme pousser aux toilettes

Ce large spectre de facteurs chahute le périnée, cet ensemble de muscles qui ferment le bassin et soutiennent les organes. A force, il finit par s’user. "Un périnée trop tonique ou à l’inverse trop faible et qui ne bouge pas, devient dysfonctionnel", explique notre experte.

Quand cette toile de trampoline que forme le périnée peine à amortir les chocs, se fragilise et se fissure, les risque d’incontinence et de prolapsus se font jour. Ces fuites urinaires et cette descente d’organes se répercutent lourdement sur le quotidien, érodant la confiance en soi et alimentant la peur de désagréments dans les activités de la vie courante.

Prolapsus : le pessaire, un traitement de première intention

Pour mieux vivre et alléger la charge mentale des femmes concernées, les médecins gynécologues, sages-femmes et kinésithérapeutes spécialisés en rééducation périnéale proposent un outil qui a fait ses preuves : le pessaire.

C’est quoi au juste ? "Ce dispositif médical s’introduit dans le vagin pour aider et soutenir les organes quand on a un prolapsus", explique Aurélie Blaugy. Le pessaire est le traitement de première intention recommandé par la Haute Autorité de Santé pour le prolapsus, note notre spécialiste. Mais il sert aussi à la rééducation du plancher pelvien.

Pessaire : efficace en prévention aussi

Le pessaire ne date pas d’hier. Cette technique ancestrale était utilisée dans la Rome antique et même dans l’Egypte antique, raconte Aurélie Blaugy. "On a retrouvé des gravures égyptiennes expliquant comment faire des pessaires avec des grenades ou encore avec du lin".

De nos jours, le dispositif a heureusement bien évolué et montre son efficacité dans plusieurs problématiques féminines, associées à la grossesse (en post-partum), à la ménopause, au vieillissement et à la pratique sportive. "En prévention primaire, un pessaire peut être utile en cas d’incontinence à l’effort, en soutenant l’urètre chez les sportifs" qui peuvent le porter pendant la pratique, par exemple pendant la course à pied.

En prévention secondaire, il peut être proposé après la grossesse ou à la ménopause, pour pallier les faiblesses du périnée et œuvrer à sa rééducation.

De facto, son usage en préventif se heurte à nombre d’idées reçues qui empêchent de sauter le pas. "Tant que l’on n’éprouve pas de symptômes on ne fait rien, pourtant le pessaire peut être un outil de prévention du premier degré à l’image du soutien-gorge qui soutient la poitrine et évite que la peau ne se distende", observe la kinésithérapeute.

A noter que le pessaire peut aussi être une solution en en pré chirurgie lorsque l’on présente des symptômes de polyakurie (envie fréquente de faire pipi) car ces signes peuvent être liés à une dysfonction de la vessie ou un début de descente d’organes. "Dans ce cas, le pessaire peut permettre d’évaluer en quelque sorte l’intérêt de la chirurgie", précise Aurélie Blaugy.

Pessaire : comment le choisir ?

Les variétés de pessaire sont légion. Les modèles disponibles se répartissent en deux types : les modèles de soutainement et les modèles de comblement.

Les premiers, de soutainement "soutiennent le fond vaginal. Ils se présentent souvent sous forme d’anneaux, avec un support pour l’urètre pour celles présentent une incontinence à l’effort", décrit Aurélie Blaugy. Ils se plient et s’insèrent au fond du vagin. Leur atout ? "Ces modèles sont peu contraignants et peuvent être gardés plusieurs jours sans problème. Ils peuvent être posés à demeure par le médecin gynécologue, la sage-femme ou le kinésithérapeute et peuvent être facilement gérés par la patiente".

Les seconds, de comblement, comblent la béance vaginale afin d’éviter que les viscères ne descendent. Parmi eux, on retrouve les cubes, les pyramides, les donuts, les guelhorn… Le bémol ? "Ces modèles s’avèrent plus compliqués à installer car ils se plient moins bien".

Notre experte invite à faire attention au choix du matériau et à se méfier des produits qui fleurissent sur Internet. On opte pour les dispositifs en silicone médical, et on bannit le latex et le caoutchouc, pour éviter tout risque d’infection et de porosité avec les muqueuses vaginales, recommande Aurélie Blaugy.

Pour faire le bon choix, pas de surprise : il vaut mieux se faire accompagner par médecin gynécologue, sage-femme ou kinésithérapeute spécialisé en rééducation périnéale. Le praticien proposera le meilleur modèle adapté en fonction de son profil.

Pessaire : en a-t-on besoin à vie ?

Loin d’être une fatalité, cet accessoire peut être vu comme un accessoire qui facilite le quotidien, à certains moments de la vie. "Le prolapsus n’est pas irréversible. Il fluctue en fonction du temps, de son âge, de certains moments de la vie", précise la spécialiste du prolapsus. "Par exemple, un prolapsus de stade 2 peut redevenir de stade 1 intravaginal et donc asymptomatique".

Au quotidien non plus, le pessaire ne se porte pas forcément en permanence. Un pessaire adapté sait sait se faire discret et ne gêne pas dans les gestes de la vie courante. "On peut voir le pessaire comme une attelle de cheville, un soutien que l’on porte en continu ou juste lorsque l’on sent que la cheville est fatiguée ou moins stable". Certaines le portent toute la journée (même aux toilettes) et le garderont deux à trois ans.

D’autres encore le portent ponctuellement quand elles en ont besoin, par exemple pendant la pratique sportive, en portant leurs courses, en portant leurs enfants (pour les jeunes mamans en post partum), … "C’est au cas par cas", résume Aurélie Blaugy.

Sources

Merci à Aurélie Blaugy, kinésithérapeute, spécialiste en rééducation périnéale

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