- 1 - Le tube digestif peut recouvrir un terrain de tennis
- 2 - Le ventre concentre 200 millions de neurones
- 3 - Les intestins rassemblent 100 milliards de bactéries
- 4 - Il y a plus de gènes dans la flore intestinale que dans l’ADN
- 5 - Le ventre peut modifier notre humeur
- 6 - Le ventre ressent nos émotions
- 7 - Les intestins bloquent les aliments toxiques
Le tube digestif peut recouvrir un terrain de tennis
Le système digestif est composé d’un long tuyau, qui part de la bouche et va jusqu’à l’anus. Dedans sont compris l’œsophage, l’estomac…et surtout l’intestin grêle et le gros intestin. Si on s’amusait à les déplier intégralement, ceux-ci pourraient recouvrir pas moins de 200 m2, soit la surface d’un terrain de tennis. "La surface d’absorption des intestins est composée de multiples replis, explique le Pr Philippe Ducrotté, gastro-entérologue. Cela permet notamment de pouvoir continuer à digérer et absorber nos aliments même en cas d'intervention chirurgicale". Les intestins sont une sorte de réserve fonctionnelle du corps humain.
A savoir : les interventions chirurgicales au niveau de l’estomac sont plus lourdes de conséquences. "Lorsqu’on opère cet organe, pour une tumeur par exemple, le système digestif est altéré", note notre interlocuteur. L’estomac n’assure plus son rôle de "broyeur" et surtout de régulateur de la progression des aliments vers l'intestin. Il n’est pas rare pour ces patients de perdre jusqu’à huit kilos après l’intervention.
Le ventre concentre 200 millions de neurones
Les missions digestives et protectrices du tube digestif nécessitent une très grande puissance nerveuse. Comme la nature est plutôt bien faite, près de 200 millions de neurones tapissent la paroi de l’intestin. "La structure du système nerveux entérique (du ventre) est très proche de celle de la moelle épinière et du cerveau", explique le Pr Ducrotté. C’est ce qui lui vaut d’ailleurs son surnom de "deuxième cerveau".
A quoi servent les neurones : les cellules nerveuses permettent à l’intestin grêle de se contracter, c’est-à-dire de faire progresser les nutriments le long du tube digestif. Ils passent ensuite à travers la muqueuse intestinale et dans la circulation sanguine pour apporter l'énergie nécessaire à l’organisme. Ce système permet au cerveau de se consacrer à d’autres tâches que la digestion.
Le saviez-vous ? L’indépendance des systèmes nerveux entériques et centrales est connue depuis le 19e siècle. Deux chercheurs britanniques, William Bayliss et Ernest Starling, ont réalisé une expérience sur un chien. En coupant les nerfs qui reliaient son cerveau à son intestin, ils ont constaté que l’activité digestive du chien se poursuivait quasi normalement.
Les intestins rassemblent 100 milliards de bactéries
Les intestins logent entre 800 et 1000 espèces de bactéries différentes. En tout, il y en aurait aux alentours de 100 milliards ! "C’est dix fois plus que le nombre de cellules de notre organisme", compare le Pr Ducrotté. Ces bactéries constituent la flore intestinale et pèsent environ deux kilos.
A quoi servent les bactéries : elles contribuent à digérer les aliments mais aussi à les rendre assimilables. "Par exemple, lorsqu’on mange des fibres et des légumes, les bactéries du gros intestin les transforment pour nous apporter de l'énergie et pour apporter à notre intestin les nutriments nécessaires à sa vitalité", explique notre interlocuteur. Les bactéries du microbiote aident aussi à contrer les virus et bactéries nocives.
Il y a plus de gènes dans la flore intestinale que dans l’ADN
Des microbiologistes dont le chercheur Dusko Ehrlich ont lancé un programme, MétaHit, pour s’intéresser aux bactéries qui composaient la flore intestinale. Ils ont pu identifier un catalogue de 3,3 millions de gènes bactériens. "Chacun de nous abrite quelques 500 000 gènes bactériens… de quoi relativiser les 22 000 gènes de notre ADN" écrivent les auteurs du livre Le ventre notre deuxième cerveau. Si nous héritons nos gênes ADN de nos parents, les gênes bactériens sont eux spécifiques à l’espèce humaine. Cette découverte montre que les bactéries du microbiote intestinal sont parties intégrantes du corps humain.
A noter : soixante espèces de bactéries seraient similaires entre les hommes mais bien d’autres divergent d’un individu à l’autre. Chaque personne possède ainsi son propre microbiote intestinal qui constitue une sorte de carte d’identité.
Le ventre peut modifier notre humeur
Plusieurs études menées sur les souris laissent penser que les bactéries intestinales pourraient influencer les émotions et l’humeur. L’équipe du Dr Stephen Collins, gastro-entérologue et chercheur à la McMaster University de Hamilton (Canada), a réalisé une expérience sur deux espèces de souris. L’une était de nature plutôt agressive et l’autre plus calme. Les chercheurs ont élevés les souris dans des conditions stériles puis ont transplanté les microbiotes des unes aux autres et inversement. Résultat : les comportements naturels des rongeurs se sont inversés.
Des recherches sont en cours pour savoir si ce type de résultat est transposable à l’Homme.
Le ventre ressent nos émotions
Avoir "la boule au ventre" ou "la peur au ventre" ne sont pas des expressions désuètes de sens. Lorsque le cerveau est perturbé par certaines émotions, il peut les transmettre par voies nerveuses et sanguines (via des hormones) au ventre. Cela peut perturber le système digestif. Par exemple, le stress accélère la motricité digestive et cause une diarrhée. Des pistes de recherches laissent penser qu’une anxiété chronique pourrait modifier à long terme les fonctions digestives. La faim ou la satiété sont aussi des informations transmises par le cerveau.
A l’inverse, lorsqu’on ressent des douleurs digestives, les neurones du tube digestif alertent le cerveau qui répondra de différentes manières.
A savoir : il arrive que la communication entre le cerveau et le ventre soit altérée et des maladies peuvent subvenir comme le syndrome de l’intestin irritable ou la maladie de Crohn.
Les intestins bloquent les aliments toxiques
Bien qu’ils ne soient pas en contact direct avec l’extérieur, les intestins, au centre du tube digestif, ont un rôle de "barrière" contre les agressions des germes et bactéries nocifs que l’on peut ingérer via la nourriture. En collaboration avec le système immunitaire et grâce au microbiote intestinal (appelé aussi "flore intestinale"), les intestins parviennent à distinguer les nutriments bénéfiques de ceux qui peuvent être toxiques pour l’organisme. "Lorsqu’un aliment est contaminé, l’estomac le stérilise, les intestins l’expulsent et le microbiote intestinal s'oppose à la contamination de notre intestin par ces bactéries", résume le Pr Ducrotté.
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