Covid-19 : les hommes dont l'annulaire est plus long sont moins susceptibles de mourir Istock
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C'est une information des plus étonnante. D'après les travaux du professeur John Manning, de l'Université de Swansea, la longueur de votre annulaire pourrait définir votre taux de mortalité face au Covid-19. Selon le spécialiste, les hommes aux annulaires plus longs auraient moins de chance d'en mourir.

Covid-19 : les hommes aux annulaires courts ont un taux de mortalité plus élevé

Pour arriver à cette observation, le professeur John Manning, travaillant au sein de l'Université de Swansea, a mené une étude sur plus de 200 000 personnes dans près de 41 pays différents.

Après avoir observé leurs mains, il a assuré que les taux de mortalité masculine étaient plus élevés là où les hommes ont traditionnellement des annulaires plus courts qu'ailleurs.

Un constat plutôt étonnant, qui n'a pas manqué pas de faire réagir, voire rire, de nombreux scientifiques.

Pourtant, d'après le Professeur, la taille de votre doigt est à prendre très au sérieux, puisqu'elle n'est pas due "au hasard" mais au taux de testostérone prénatale. Concrètement, " les mâles exposés à plus de testostérone in utero ont tendance à avoir des annulaires allongés", assure le spécialiste. Et cette hormone produirait un composé appelé ACE2, qui aiderait le corps à combattre le coronavirus.

Pour le Professeur, aucun doute, "ces grandes concentrations d'ACE2 peuvent "s'opposer au virus".

Ce lien étroit entre la taille du doigt - le taux de testostérone - et l'ACE2, est partagé par d'autres experts. Le Dr Carl Pintzka, notamment, de l'Université norvégienne des sciences et de la technologie, a expliqué : "La relation entre l'index et l'annulaire en particulier indique la quantité de testostérone à laquelle vous avez été exposé in utero."

Quoi qu'il en soit, ces données pourraient être un formidable indicateur pour les chercheurs du monde entier.

Le professeur John Manning va même plus loin en déclarant que cela pourrait donner à l'Australie, à la Nouvelle-Zélande, à l'Autriche et aux pays d'Asie de l'Est - où les annuaires mâles sont plus longs - "un avantage biologique".

Une hypothèse qu'il estime bien fondée, puisque, d'après ses données, les hommes en Angleterre et au Pays de Galles, qui ont tendance à avoir les annulaires plus courts, représentent 56% de tous les décès.

In fine, le Pr John Manning souhaite démontrer que "les hommes avec de longs annulaires présentent des symptômes légers et peuvent donc même retourner au travail."

Coronavirus : l'impact de la testostérone

L'impact de la testostérone sur le coronavirus est un sujet d'intérêt depuis le début de la pandémie.

Plus tôt ce mois-ci, l'Institut londonien de recherche sur le cancer a révélé que ses chercheurs étudiaient des pistes sur le lien entre la testostérone et le Covid-19. Selon eux, cette hormone pourrait aider la maladie à infecter davantage de cellules dans le corps.

Le professeur Nick James, de l'ICR, a déclaré qu'il était "biologiquement plausible" que la testostérone ait rendu les hommes plus sensibles au coronavirus.

Pour arriver à cette hypothèse, il examine actuellement les données de 8 000 patients atteints du cancer de la prostate du NHS dans l'essai qu'il mène. Le but ? Voir si la thérapie de réduction hormonale atténue l'impact du virus.

Covid-19 et testostérone : un lien étroit

Covid-19 et testostérone : un lien étroit© Istock

Comme souligné précédemment, la testostérone intrigue les chercheurs à bien des égards. Avec le Covid-19 notamment, cette hormone semble jouer un rôle important.

D'après une étude italienne parue dans le mensuel la Société européenne d'oncologie médicale (ESMO), Annals of Oncology, les hommes atteints par le cancer de la prostate et traités par des anti-androgènes abaissant le niveau de testostérone, seraient, à ce titre, moins susceptibles de contracter le Covid-19 et de développer une forme sévère de la maladie.

Pour information, les anti-androgènes sont des molécules ayant pour but le blocage du récepteur des androgènes. L'indication principale de cette classe pharmacologique est le traitement de l'adénocarcinome prostatique (cancer). En effet, sans testostérone, les cellules cancéreuses de la prostate ne peuvent pas se développer.

Les patients suivant des traitements anti-androgènes seraient "protégés"

Dans cette étude, les chercheurs italiens suggèrent que les patients suivant des traitements anti-androgènes contre le cancer de la prostate pourraient être partiellement protégés.

En effet, parmi tous les cas de cancer de la prostate de la région de Vénétie, en Italie, seulement quatre des 5273 hommes sous traitements anti-androgènes ont développé l'infection et aucun n'est décédé.

Selon le Pr Alimonti, le risque de développer l'infection était quatre fois moins élevé chez ces patients, que chez ceux ne suivant pas une thérapie anti-androgène.

Par ailleurs, le risque d'une forme grave du Covid-19 est cinq fois moindre pour les cas de cancer de la prostate sous anti-androgènes par comparaison à tout autre type de cancer.

Mais, même si ces résultats apparaissent prometteurs, les spécialistes déconseillent fortement de recourir à ce traitement avant que des essais cliniques ne confirment son efficacité contre le virus.

Un traitement anti-cancer en prévention du coronavirus ?

Un traitement anti-cancer en prévention du coronavirus ? © Istock

Suite aux travaux menés par les chercheurs italiens, plusieurs scientifiques évoquent la possibilité d'un usage "limité" (un mois par exemple) d'anti-androgènes, dont les effets sont réversibles, pour prévenir l'infection au coronavirus chez les hommes.

Mais attention : ce traitement n'est pas que bénéfique. Un effet de l'hormonothérapie du cancer de la prostate s'avère être l'impuissance, souligne le professeur Fabrice André, directeur de la recherche à l'Institut Gustave Roussy.

Covid-19 et anti-androgènes : la prudence est de mise

En outre, il est bien trop tôt pour conclure quoi que ce soit. Cette étude fournit un argument pour creuser les effets de ce traitement mais elle "ne permet pas de conclure qu'il joue un rôle chez les patients infectés par le coronavirus", prévient le cancérologue et rédacteur en chef des Annals of Oncology.

En attendant d'en savoir plus, plusieurs études dans le monde (France, Royaume-Uni, États-Unis) sur des patients atteints de cancer hospitalisés sont en cours et diront si elles confirment cette observation italienne.

"Si l'ensemble des données (dont des tests en laboratoire à l'IGR) sont convergentes, des essais cliniques pourraient commencer", précise l'expert.

Quoi qu'il en soit, ces premiers résultats pourraient expliquer pourquoi les hommes infectés par le nouveau coronavirus développent bien souvent une forme de maladie plus agressive que les femmes. Le niveau de testostérone pourrait en être la clé.

Sources

Men with longer ring fingers are at lower risk of dying from coronavirus, research finds, The Sun, 25 may 2020.

Androgen-deprivation therapies for prostate cancer and risk of infection by SARSCoV-2: a population-based study, Annals of Oncology, 29 april 2020.

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