Calprotectine : cette protéine suspectée de causer les formes graves de Covid-19Istock

Une étude menée par des chercheurs et médecins français de Gustave Roussy, de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris AP-HP, de l’Inserm, de l’Université Paris-Saclay et d’Université de Paris, en collaboration avec plusieurs équipes étrangères (Singapour, Chine, Israël), révèle que les patients atteints d’une forme grave de Covid-19 présentent un déficit des fonctions de l’immunité innée des cellules myéloïdes (fraction des globules blancs), associé à un taux très élevé de calprotectine.

Il s'agit d'une protéine générée par l'organisme en cas d'inflammation. "Publiés dans la revue scientifique Cell, ces résultats permettent de proposer un test diagnostique susceptible d’identifier rapidement les patients risquant de développer une forme sévère de la maladie et ouvrent la voie à une approche thérapeutique inédite : le blocage du récepteur de la calprotectine", annonce l'AP-HP (Assistance publique des Hôpitaux de Paris) dans un communiqué.

La calprotectine responsable de l'aggravation du Covid-19 ?

Selon les travaux, on relève "un taux très élevé" - 100 à 1000 fois plus que la normale - de calprotectine, chez les patients atteints d'une forme sévère de Covid-19. "Nos résultats suggèrent que la calprotectine pourrait être responsable de l'aggravation de la Covid-19", a estimé dans un communiqué l'auteur principal de l'étude, le chercheur en immunologie Aymeric Silvin.

Pour arriver à ce constat, l’étude s’est appuyée sur l’analyse d’échantillons sanguins provenant de 158 patients admis aux urgences pour suspicion de Covid-19. "Parmi eux, 72 patients ont été testés négatifs par PCR et 86 se sont révélés positifs, en présentant trois degrés de sévérité de la maladie (léger, modéré, sévère)", rapporte l'AP-HP.

L’analyse de multiples protéines du plasma sanguin a révélé un taux très élevé de calprotectine (taux normal multiplié par 100 à 1 000) chez les patients atteints de forme sévère de Covid-19.

Covid-19 : la calprotectine pourrait intervenir avant l'orage cytokinique

"La calprotectine est une protéine générée dans un contexte inflammatoire", souligne l'AP-HP.

Cette découverte n'est pas sans rappeler de précédents travaux scientifiques qui avaient identifié un syndrome de choc cytokinique, chez des patients gravement touchés par le Covid-19. Il s'agit d'une production excessive de cytokines déclenchée par un agent pathogène et qui se manifeste par une violente réponse inflammatoire du système immunitaire. En d'autres termes, c'est une réaction de votre organisme, lorsque celui-ci est menacé.

À titre d'informations, les cytokines se caractérisent par des substances naturellement produites par les cellules de votre système immunitaire afin de réguler l’action immunitaire. C'est une réponse naturelle de défense de l'organisme lorsqu'il est agressé. On parle aussi d’orage cytokinique !

Schéma : le choc cytokinique

Schéma : le choc cytokinique© Service de presse

APHP

"La forte augmentation de calprotectine dans le sang pourrait intervenir avant l'orage cytokinique associé à l'emballement inflammatoire des patients développant une forme sévère", a décrit Aymeric Silvin.

C'est pour cette raison que les chercheurs suggèrent de repérer les patients à risque et susceptibles de développer une forme sévère du coronavirus, en testant le taux de calprotectine dans leur sang.

Sources

Identification d’une nouvelle cible thérapeutique potentielle contre la Covid-19, AP-HP, 6 août 2020

Une calprotectine élevée et des sous-ensembles de cellules myéloïdes anormaux distinguent le COVID-19 sévère du COVID-19 léger, Cell, août 2020

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